Journal C'est à Dire 260 - Décembre 2019

D O S S I E R

Bonne source, bonne bière Épenoy C’est la qualité de l’eau d’Épenoy qui a convaincu Anaïs Mesnier d’installer sa brasserie dans l’ancien bar-restaurant du village. Cinq ans que cela dure.

A vant de se lancer dans l’aven- ture brassicole,AnaïsMesnier a acquis de solides bases en préparant unmaster en agro- alimentaire avec une spécialisation en procédés fermentaires. “J’ai terminé mon cursus à l’institut de la vigne et du vin à Dijon. Il s’agissait de suivre trois stages axés sur le vin bourguignon, les fromages italiens et la bière belge.” Diplôme en poche, la jeune spinoyenne, nom des habitants d’Épenoy, projette de créer sa propre brasserie. Plusieurs éléments vont déterminer son lieu d’implantation. D’abord l’eau. “On a la chance d’être dans un village alimenté par une source de très bonne qualité. Sans cela, je ne serais jamais venue ici.” Elle ne laisse donc pas passer l’opportunité de repren- dre le bar-restaurant du village et sa licence IV. Le temps de commander le matériel, de faire les travaux adéquats et d’ajuster les recettes et voilà la brasserie d’Épe- noy qui ouvre ses portes en fin d’année 2014. À chaque brasseur son savoir- faire. Les bières d’Épenoy sont de fer- mentation haute, non filtrées, non pas- teurisées et refermentées en bouteilles. Le temps de se faire la main avec deux

recettes, Anaïs Mesnier étoffe ensuite sa carte des bières qui comprend aujourd’hui 6 recettes dont trois sai- sonnières : bière de Noël, brune et pas- sagère. Elle adhère aussi à l’association Brassicomtoise qui rassemble une ving- taine de brasseries comtoises. “Cela nous permet de faire des commandes groupées notamment au niveau de l’orge brassicole bio produit dans la région par 7 ou 8 céréaliers. Cette filière d’ap- provisionnement a vu le jour grâce à une démarche collective. On est aussi dans une logique de circuit court et d’authenticité.”

À chaque brasseur son savoir- faire.

Comme beaucoup d’autres brasseurs, elle utilise du hou- blon alsacien produit aussi en coopérative. “Mon activité prin- cipale reste la production de bière. Dans le procédé de fabri-

cation, je suis plus attirée par les céréales que le houblon. Je préfère les bières plus maltées au détriment de l’amertume. Ce n’est qu’une question de goût per- sonnel.” Aujourd’hui,Anaïs Mesnier ne regrette rien. “C’est un privilège de travailler de sa passion. Les débuts ont été tendus, chronophages, mais aujourd’hui je me sens plus sereine et surtout mieux orga- nisée.” Lundi : embouteillage, mardi

“L’activité est plus soutenue en fin d’année”, observe Anaïs Mesmier, ravie de pouvoir vivre de sa passion.

credi au vendredi de 16 heures à 19 heures et le samedi de 10 heures à 12 heures et de 16 heures à 19 heures La brasserie d’Épenoy est très active en période de fêtes, multipliant les

production. Le reste de la semaine est consacré à la gestion technique, com- merciale et administrative de la bras- serie. Le bar proprement dit ouvre du mer-

déplacements sur les marchés de Noël par exemple. L’avenir rime avec conti- nuité et volonté de proposer aussi aux clients de nouvelles recettes. n F.C.

Chez nos voisins suisses aussi…

À nous, la p’tite anglaise ! Le Locle La fabrication de bières, c’est parfois un projet de couple comme le démontrent avec succès Coralie Biedermann et son compagnon Gilles Dupan, tous deux très attachés aux saveurs anglo-saxonnes.

Gilles Dupan et sa com- pagne Coralie Biedermann se sont lancés dans le brassage en 2017.

S i les voyages forment la jeunesse, certains s’en servent aussi pour nouer des amitiés et s’éduquer le palais en partageant une bonne pinte. “On a eu la chance de visiter pas mal de pays en Europe et dans lemonde. Chaque séjour à l’étranger, c’est l’occasion

par un ami Anglais qui lui a aussi fourni le matériel adéquat. Passé les premiers essais approximatifs, il finit par trouver la bonne recette que ne manque pas d’apprécier son entourage pourtant exigeant. De quoi l’en- courager à se mettre à son compte en ouvrant à l’automne 2017 la brasserie La p’tite anglaise. Tout un poème. Avec une formation dans le com- merce, Coralie assiste son com- pagnon en fabrication et gère la communication, l’administratif, l’étiquetage. La fabrication se déroule au sous-sol de l’immeu- ble là où un boulanger cuisait auparavant son pain. Histoire d’associer le terroir aux réfé- rences anglo-saxonnes, le pre- mier brassin officiel donne nais- sance à la Loclness. Succès immédiat. “C’est la bière emblé- matique de la brasserie, la plus identitaire et celle qui nous cor- respond le plus.” Très tendance aussi, l’Ipabord qui s’inscrit beaucoup plus dans la tradition des bières anglaises tout en dégageant d’agréables

de déguster quelques bières locales. Notre préférence va clai- rement aux bières anglo- saxonnes” , note Coralie Bieder- mann. Dans ce couple, le brasseur, c’est Gilles. En pur autodidacte assez bricoleur, il s’est lancé dans la fabrication en 2015 aidé en cela

alcoolisées mais riches en saveurs. Avec deux années de recul, le couple apprécie l’évo- lution des choses. “On a eu la chance d’avoir tout de suite du répondant sans oublier le fait de pouvoir compter sur un bon réseau d’amis. On a réussi à fidé- liser pas mal d’expatriés anglais résidant à La Chaux-de-Fonds. Nos bières sont plutôt consom- mées par des personnes entre 30 et 50 ans, sensibles aux circuits courts et aux produits locaux.” Le brasseur et sa compagne ne comptent pas en rester là. “On souhaite d’abord continuer à développer les ventes en 2020. À très long terme, je rêve de tenir un jour un gîte à la campagne adossé à une brasserie” , sourit Coralie Biedermann. n F.C.

notes de fleurs et d’agrumes. “Si l’on veut proposer une gamme anglo-saxonne, il en faut au moins trois différentes. La stout complète le trio de tête.” La gamme comprend aussi la For- tress et une bière brune Éla- toubu, la petite dernière pleine de saveurs caramélisées. Côté fabrication, les Suisses sont

Fidèle aussi aux habitudes de consommation anglaises, le cou- ple utilise uniquement des bou- teilles de 50 cl dans le plus pur esprit de la pinte anglaise. Des bouteilles à bouchons méca- niques consignées réutilisées après nettoyage. “À l’usage, on constate que cette activité implique beaucoup de manuten-

plutôt rationnels et uti- lisent du matériel assez simple au regard de ce que l’on peut voir dans lesmicro-brasseries fran-

tion et de logistique” , observe Coralie Bieder- mann. En dehors de quelques salons oumar- chés de Noël, la produc-

Ce sont des bières de soif.

çaises. “On fabrique en continu, même si on a toujours le senti- ment de liberté dans l’organisa- tion du travail. On produit envi- ron 1 000 litres par mois. Pour l’essentiel, il s’agit de la Loclness et de l’Ipabord qui doivent repré- senter 20 000 bouteilles.”

tion est distribuée sur un réseau local de 34 points de vente : magasins de produits régionaux, bars, restaurants implantés entre Le Locle et La Chaux-de- Fonds. À la brasserie La p’tite anglaise, on brasse des bières de soif peu

À gauche, la Loclness bière blonde emblématique de la brasserie et Élatoubu, petite dernière à découvrir.

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