Journal C'est à Dire 255 - Juin 2019

D O S S I E R

ESCAPADE AU PAYS DE SAINT-HIPPOLYTE Autour de la petite cité de caractère, il y a tant de richesses à découvrir, moins courues que certains sites incontournables du Haut-Doubs, mais tout aussi attachantes. l Saint-Hipp’, un rendez-vous stratégique chargé d’histoire et de patrimoine Nichée à la confluence du Doubs et du Dessoubre, cette petite cité de caractère trait d’union entre le bas et le haut pays, ne manque pas de charme. Découverte.

L’office de tourisme organise des visites gratuites

tous les mardis de l’été.

Office de tourisme de Saint-Hippolyte Accueil-fondue le mardi 9 juillet à la chapelle Notre-Dame-du-Mont Marché nocturne le samedi 10 août Tél. : 03 81 96 58 00

l Le château de la Roche

C e porche monumental donne accès à une gale- rie qui s’enfonce sur une centaine de mètres. Des fouilles ont montré que cette cavité a servi d’abri aux hommes à partir du Néolithique. Les comtes de la Roche seigneurs de Saint- Hippolyte, ont fortifié l’entrée de la grotte au XIème siècle. Ce château-grotte unique en Franche-Comté comprenait deux bâtiments séparés par une cour et un fossé. Une niche dans le rocher servait de poste de guet aux soldats qui surveillaient les alentours. Ce château a été détruit en 1678 après la conquête française. Il est aussi à l’origine de la légende du ser- pent blanc. Ce mystérieux reptile qui aurait été aperçu dans la rivière souterraine de la grotte était tenu pour responsable de

P our apprécier le cadre pay- sager dans lequel s’inscrit ce bourg au riche passé historique et religieux, il faut grimper jusqu’au point de vue aménagé près de la chapelle de Notre-Dame du Mont. L’édifice est accessible depuis la ruemon- tant face au parking du cime- tière.Son culte est lié à la légende de François de la Palud. Après une mystérieuse libération, ce croisé offrit une statue de la Vierge à Saint-Hippolyte. Cette Vierge fut d’abord vénérée dans une niche rocheuse puis on l’abrita dans un oratoire avant de construire une nef et deux autels collatéraux. En 1595, des mercenaires dévastant la Franche-Comté furent noyés dans un épais brouillard en essayant d’attaquer la ville. Entendant beaucoup de bruit en contrebas, ils la crurent bien défendue et firent demi-tour. Les habitants attribuèrent leur sau- vegarde àNotre-Dame-du-Mont,

ce qui accrut leur reconnais- sance. Depuis l’esplanade, le regard embrasse toute la cité construite à la jonction des deux vallées encaissées. Escale des motards et des touristes, la place de l’hôtel de ville avec ses pavés, ses jolies maisons d’époque et ses terrasses ombragées invite à la pause far- niente. Saint-Hippolyte doit sa naissance à la présence du sel et de son exploitation dès le XII ème siècle. Les puits à muire étaient situés sous la forteresse de la Roche, édifiée à l’entrée d’une cavité rocheuse qui mérite elle aussi le coup d’œil.En 1298,Jean II de la Roche affranchit les habi- tants pour qu’ils se constituent en commune. Il fonde en 1303 un chapitre de huit chanoines et fait construire l’église. Le clocher-porche deNotre-Dame est un des éléments les plus importants de la cité. “L’édifice abrite notamment une remar- quable série de pierres tombales

du XVI ème et XVII ème siècle sur lesquelles on retrouve mention des notables de la ville :bourgeois, chanoines, maître tanneur…” , indique Élise Pourny de l’office de tourisme en charge des visites du bourg en été. De 1418 à 1552,c’est ici que repo- sait le Saint-Suaire deTurin que les croisés avaient volé à Jéru- salem. Si les fortifications qui protégeaient la cité ont disparu, ils restent encore des maisons très anciennes datant de la Renaissance, voire d’époques antérieures, tout autour de l’église.Autre monument incon- tournable : le couvent des Ursu- lines.Construit auXVIII ème siècle, ce bâtiment imposant constitue un pilier majeur de la structure du bourg. Installées à partir de 1618, les religieuses en instrui- sant les filles et en formant les institutrices ont perpétué une tradition de l’enseignement fort réputé en matière et langue et de poésie latine. Saint-Hippolyte

fut aussi une active cité indus- trielle utilisant la force hydrau- lique des rivières où s’égrenaient moulins, établissements métal- lurgiques, scieries. Sans oublier de nombreuses tanneries où l’on produisit jusqu’en 1922 des cuirs très réputés utilisés par exemple dans la fabrication des godillots des Poilus lors de la Première GuerreMondiale. On pratiquait aussi le flottage du bois sur le Doubs jusqu’à Besançon. Les visites commentées du bourg ont lieu tous lesmardis de l’été. Ren- dez-vous à 10 heures devant l’of- fice de tourisme situé place de l’hôtel de ville. Une découverte gratuite qui se termine par la très attendue dégustation de produits locaux offerte par les commerçants. n F.C.

la maladie du prince. Le garde du château affirma avoir tué le serpent blanc alors qu’il n’avait capturé qu’une couleuvre déco- lorée. Mal lui en prit. Il mourut étouffé par un mystérieux ser- pent venimeux venu des entrailles de la grotte. n L’entrée de la grotte en impose par ses dimensions monumentales.

Accès : Depuis Saint-Hippolyte, prendre la R.D. 437 C jusqu’à Soulce-Cernay. Se garer sur le parking près du pont franchissant le Doubs. La randonnée débute ici en suivant la direction “Les Côtes”. Arrivé à la ferme, emprunter le sentier à gauche. Aux deux prochains croisements, suivre les sentiers à gauche, puis au troisième croisement, tourner à droite, direction la grotte.

l Artisanat d’excellence au musée de la pince Montécheroux Cet espace muséal témoigne d’un savoir-faire exceptionnel développé autour de la fabrication de pinces qui s’exportaient dans le monde entier.

S i la pince est devenue la spé- cialité des Échéroumontains, c’est qu’elle y a trouvé un creu- set particulièrement favorable qui trouve son origine en 1565 quand Montécheroux fut intégrée à la prin- cipauté des comtes de Montbéliard. Changement de maître mais aussi de religion car le village devient protestant et se retrouve entouré de villages catho- liques. le travail des métaux et plus particu- lièrement la clouterie et la coutellerie. Toutes les conditions étaient donc réu- nies quand, en 1776, un ressortissant suisse, Jonas Brandt, coutelier de for- mation à La Chaux-de-Fonds, incite les forgerons de Montécheroux à fabri- quer des outils et des pinces pour les horlogers suisses. C’est le début d’une histoire qui perdurera jusqu’à la fer- meture en 2017 de la dernière fabrique de pinces du village, la maison Hugo- niot-Tissot. “Au cours du XIX ème siècle, Montécheroux est devenu un véritable De cet isolement, les habi- tants vont devoir apprendre à fabriquer ce dont ils ont besoin. Fleurissent alors quantité d’artisanats dont

village-atelier. On y comptait jusqu’à 75 foyers et 109 fournaises” , explique Myriam Bourhis, présidente de l’as- sociation Musons et Créons qui gère le musée de la Pince. Les faiseurs d’outils d’horlogerie de Montécheroux vont très vite être en mesure de répondre aux besoins d’au- tres corps demétier : bijoutiers, vitriers, dentistes, opticiens, chirurgiens, répa- rateurs demachines à écrire,monteurs de radio… Les commandes affluent de toutes parts. particulière : le maillage. “Le dévelop- pement de l’activité va se traduire par l’ouverture d’usines dont la plus impor- tante, toujours Hugoniot-Tissot, embau- chait 140 salariés en 1926.” Plus de 300 personnes travaillaient alors à la fabrication de pinces dans ce village qui comptait près de 1 200 habitants contre 600 aujourd’hui. La visite du musée nous raconte ce destin assez insolite. On y découvre les différentes étapes de fabrication, les secrets du maillage, les différents métiers autour de la pince : forgeron, Les pinces deMontécheroux sont d’une qualité exception- nelle grâce à une technique

La visite commence à la forge où l’on découvre les secrets de la pince maillée, spécialité de Montécheroux.

Éclats d’histoire Le musée de la pince accueille une expo- sition temporaire proposant une visite insolite du village sous l’œil curieux du chercheur averti qui lève la tête et heureux découvre… Quatre thèmes sont déve- loppés : l’eau autour de laquelle s’est construit ce très vieux village, les maisons anciennes, les bâtiments administratifs, l’industrie et la religion. n Musée de la pince 12, rue de la Pommeraie Montécheroux Ouvert du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h Tél. : : 03 81 92 68 51 https://museedelapince.fr

Les commandes affluent de toutes parts.

trempeur, limeur, polisseur ou plutôt polisseuse sachant que ce travail de finition était souvent confié à la gent féminine. Au magasin des fers du musée, coup d’œil sur l’impressionnante forêt de barres de fer et d’aciers. Plus loin à l’étage, l’espace Michel-Bonnet où les archives et commandesmontrent le rayonnement d’une activité qui s’ex- porte alors dans le monde entier. La visite s’achève dans la grande salle d’exposition où sont présentées de magnifiques collections de pinces. Durée de la visite, une heure. n

Créé en 1980, le musée de la Pince est géré par l’association Musons et créons.

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