Journal C'est à Dire 255 - Juin 2019
D O S S I E R
l Un parc d’attractions à la jurassienne Réclère Le site touristique associant les grottes et le préhisto-parc de Réclère en Suisse voisine reçoit chaque année entre 60 000 et 70 000 visiteurs. Pour expliquer cette belle fréquentation : le dynamisme de la famille Gigandet qui exploite l’endroit depuis bientôt 50 ans.
S ituées à proximité immé- diate de la frontière franco- suisse qui court le long de la ligne de crête de la vallée du Doubs, les grottes de Réclère étaient connues depuis fort long- temps par les paysans du coin qui l’avaient baptisé le “Trou de Fahy”. “Ils l’utilisaient comme un charnier pour y déposer les carcasses d’animaux. Personne ne s’était aventuré à l’explorer, explique Éric Gigandet, sans doute parce qu’on assimilait assez facilement les grottes aux enfers en terre catholique. L’intérieur du site a finalement été découvert en 1887 par des
1890 même s’il a fallu au préa- lable creuser un tunnel d’accès plus accessible que le trou de Fahy. L’ouverture touristique n’a malheureusement pas mis un terme au pillage. “On estime
chiffonniers tziganes qui venaient y ramasser les os et les peaux pour en faire de l’en- grais. Ils en extrayaient aussi des stalactites et stalagmites dont ils faisaient le commerce
Il faut compter une heure pour la visite des grottes.
en toute discrétion. Le pot aux roses a été révélé suite à un banal accident de chariot dont l’essieu s’est brisé,
que deux tiers des concrétions ont été van- dalisés d’une manière ou d’une autre. On en retrouve parfois dans
Une plongée à 100 mètres sous terre.
pèces de chauve-souris en Suisse. “On fait tout pour respecter leur quiétude” , enchérit Éric Gigandet en décrivant l’histoire et le contenu des lieux. Les plus belles concrétions sont éclairées. Elles sont souvent baptisées en fonc- tion de leur forme. Arrivé à la salle des grandes orgues, le guide explique que la présence de quelques fentes témoigne du tremblement de terre survenu dans le secteur en 1586 et qui vre en 1990 quelques reconsti- tutions de dinosaures lors d’une visite à Crystal Palace à Londres. L’idée lui plaît et aboutit à l’amé- nagement du Préhisto-parc de Réclère. Le succès sera boosté grâce au film Jurassic Park qui sortira en 1993. Ici, le choix a été fait d’un voyage à travers le temps. Le circuit en visite libre permet de suivre les grandes étapes de
avait détruit une partie de la ville de Bâle.À voir aussi le grand Dôme : énorme stalagmite elle aussi championne de Suisse par ses mensurations géantes. Un petit lac occupe le fond de la grotte. On peut y voir quelques crevettesminuscules et aveugles. “Quand il pleut à l’extérieur, l’eau met entre un jour et un jour et demi pour arriver à ce plan d’eau.” n F.C. Préhisto-parc de Réclère Tél. : 00 41 32 476 61 55 Site web : http://www.prehisto.ch l’évolution animale : les premiers poissons, les amphibiens qui partirent à la conquête des terres, l’impressionnant règne des dino- saures, les mammifères aujourd’hui disparus. À chaque étape, de nombreux panneaux informatifs apportent un com- plément didactique aux repro- ductions réalisées dans le res- pect des dernières aurait servi de cachette à un contrebandier bisontin qui fai- sait du trafic de marchandises avec la Suisse. D’où son nom. n Quitter la R.D. 437 après la Cité du Maroc pour grimper à droite jusqu’à Liebvillers où quelques panneaux indi- quent l’accès vers la grotte. connaissances paléontologiques. Grand frisson en franchissant la passerelle suspendue au-dessus de l’étang où se déroule un com- bat titanesque. La tour à escalier hélicoïdal laisse à voir un superbe panorama sur les environs. Vue imprenable sur la vallée du Doubs et ses méandres. n Accès : À Saint-Hippolyte, direction Pont-de-Roide.
descend au plus bas de la cavité à 100 mètres sous terre. “En 1990, on a creusé un second tun- nel, ce qui permet de faire un tour complet et d’accueillir plu- sieurs groupes en même temps sans qu’ils se croisent.” Petite laine conseillée à l’intérieur où la température avoisine les 7 °C. Hormis le sentier de visite, aucun aménagement ne vient dénatu- rer l’ambiance d’une cavité qui abrite le plus grand nombre d’es- Consciente de la nécessité de se renouveler, la famille Gigandet qui exploite aussi un restaurant sur place va étudier plusieurs pistes, s’engager sur différents projets comme l’ouverture d’un parc animalier sur les terres lui appartenant au-dessus de la grotte ou la reconstitution d’une micro-Suisse. Sans grand suc- cès. “On a tout laissé tomber” , rappelle Éric Gigandet qui décou-
les jardins” , explique le guide. Le site connaîtra des fortunes diverses avant son rachat en 1972 par la famille Gigandet. À l’époque, la rentabilité ne repose pas forcément sur les splendeurs souterraines qui attirent à peine 4 000 curieux par an mais davantage sur la station-essence qui propose aux automobilistes français du carburant à des prix défiant toute concurrence. Le village voisin de Damvant comp- tait alors sept stations. Une vraie mine d’or. Résultat de l’effondrement d’une cavité primitive creusée lors du plissement du Jura il y a entre cinq et six millions d’années, les grottes de Réclère s’étalent sur près d’1,5 km. La visite dure environ 1 heure et le parcours
contraignant les chiffonniers à abandonner leurs précieuses concrétions sur place. Des spé- cialistes sont venus sur place, la nouvelle s’est vite répandue dans la presse locale. Les pre- mières visites ont débuté vers
l Frissons préhistoriques
Les grottes abritent des dizaines de stalagmites et stalactites.
“J’ai eu l’occa- sion de visiter une exposition sur les dinosaures à Crystal Palace”,
/ LES FINS PONTARLIER
explique Éric Gigandet qui importera le concept à Réclère.
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l La grotte du Bisontin Liebvillers
C ette cavité monumen- tale est creusée dans la paroi rocheuse qui surplombe la vallée à l’est du village. Au bout d’une courte mais vigoureuse montée, on découvre une superbe arche rocheuse. Cette curiosité calcaire est le vestige d’un grand abri- sous-roche qui avait une largeur de 80 m pour une profondeur de plus de 30 m. Avec le temps géologique, l’éro- sion a peu à peu grignoté la voûte de cet abri qui a fini par s’effondrer en dégageant l’arche actuelle.Au pied de cette arche se trouve un petit abri-sous- roche baptisé grotte des “Beaumes-Berceau”. Quelques outils et quelques os de rennes et de bouquetins ont été trouvés lors des fouilles effectuées dans
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cet abri. Ces vestiges témoignent d’une présence humaine pendant l’au- rignacien (vers 25 000 av. J.-C.) et durant le magdalénien (vers 12 000 av. J.-C.) Cette grotte
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L’arche monumentale a vu le jour suite à l’effondrement de la voûte qui recouvrait jadis cet ample abri-sous-roche.
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