Journal C'est à Dire 248 - Novembre 2018

D O S S I E R

“La situation est plus préoccupante qu’en 2003” Président des comices du Doubs, Philippe Schaller analyse les conséquences de la sécheresse sur les exploitations agricoles. Agriculture

C’ est à dire : Quel est l’impact de la sécheresse sur l’activité agricole dans le Haut-Doubs ? Philippe Schaller : Le prin- cipal problème, ce sont les récoltes. Celles de juin se sont bien passées, mais celle de juillet et août, voire celles de septembre ont été catastrophiques. Les stocks de foin sont bas car nous avons dû les entamer pour parer au manque d’herbe dans les pâtures. Les cours de l’aliment fluctuent et il est très difficile de trouver du fourrage. Le problème de l’eau est capital. En temps normal, nous avons des sources pour abreuver les bêtes dans les champs. Or, la plu- part des sources sont à sec. Nous prenons donc l’eau du réseau, mais cela ne peut pas durer indéfiniment. Càd : La situation est-elle plus difficile que 2003, année de sécheresse ? P.S. : Oui, la situation est plus préoccupante qu’au moment de la sécheresse de 2003. On le voit dans les réserves d’eau. Par

exemple, sur mon exploitation, j’ai des citernes dans les pâtures. En général, il n’y a pas de pro- blème, on passe l’année bon an mal an, à l’exception de 2003 où nous avons eu une alerte. Mais cette fois-ci, c’est bien pire. Car nous n’avons plus d’eau depuis un mois ! Dans certains coins, la verdure a disparu. Càd : Des voix se sont élevées pour protester contre l’usage de l’eau sur les comices pour laver les bêtes. Les agricul- teurs ont pourtant observé des mesures de restriction. Qu’en est-il au juste ?

Philippe Schaller : “La sécheresse n’a pas de conséquence sur la qualité des comtés.”

P.S. : Nous avons fait passer un message d’éco- nomie dans les comices afin de limiter l’utilisa- tion de l’eau pour le lava- ge des bêtes. Ce messa-

“Le pire, ce sera cet hiver.”

des chevaux comtois et des vaches montbéliardes. Quel était l’objectif de cette opé- ration ? P.S. : L’objectif était de faire découvrir et promouvoir notre savoir-faire et nos spécificités. Nous sommes ici dans le berceau de la race montbéliarde, du che- val comtois et du comté ! Notre but était surtout rendre hom- mage à Annie Genevard, dépu- tée, vice-présidente de l’Assem-

tidiennement 100 litres d’eau. Les besoins sont très importants. Je rappelle que le lait, c’est 90 % d’eau. Càd : La sécheresse a-t-elle des conséquences sur la qua- lité et la quantité des com- tés ? P.S. : La sécheresse n’a pas de conséquence sur la qualité des fromages, car lorsque les vaches produisent moins, le rendement

est souvent supérieur. Je n’ai pas de crainte par rapport à cela. En revanche, il y aura une baisse du nombre de comtés, consécu- tive à la diminution du litrage. Le pire, ce sera cet hiver si vrai- ment on manque de fourrage. Càd : Le 19 octobre dernier à Morteau, lors du Congrès de l’Association Nationale des Élus de la Montagne vous avez tenu à présenter aux élus

blée Nationale qui nous a tou- jours suivis. Je ne parle pas seu- lement des neuf comices de sa zone où elle est toujours présente. Tous les dossiers que nous avons eus à porter, elle les a portés haut. Pour moi, le dossier le plus impor- tant est d’avoir pu intégrer, grâ- ce à elle, les femmes d’exploi- tants dans les G.A.E.C., ce qui n’était pas autorisé avant. n

ge a été bien suivi. J’ai briefé moi-même l’ensemble des pré- sidents des comices du Doubs sur ce point. Pour laver les bêtes, c’est de l’eau non potable qui a été utilisée. Le problème est que la vache boit beaucoup d’eau chaque jour, beaucoup plus qu’il n’en faut pour la laver. En pério- de de chaud, elle consomme quo-

Propos recueillis par T.C.

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