Journal C'est à Dire 181 - Octobre 2012
É C O N O M I E
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Porc de Franche-Comté La saucisse de Morteau plus chère ? Le prix du porc atteint des sommets. Les producteurs négocient une augmenta- tion auprès de la grande distribution qui refuse de répercuter aux clients. Des maga- sins font le boycott de notre Morteau. Inquiétant ? La filière veut s’organiser.
D ans le cochon, tout est bon… mais à quel prix ? Depuis septembre, les cours du prix du porc s’envolent pour atteindre 1,73 euro le kilo (matière première), soit 46 cen- times de plus qu’un an plus tôt. La faute à la hausse des prix des céréales et une demande crois- sante venue de l’Europe de l’Est et de Chine. “Que le prix du porc augmente, c’est bien pour nos producteurs, résume Michel Delacroix de l’Association de la
Morteau et Montbéliarde, mais il est annulé par l’augmentation du prix des céréales” nuance le président qui représente la filiè- re saucisse. S’il imagine une aug- mentation du prix de la Mor- teau - en moyenne 12 euros le kg - d’ici la fin d’année, le pré- sident espère un “geste” de la part de la grande distribution pour ne pas répercuter la haus- se. Selon lui, ces derniers auraient assez de marge de manœuvre pour garantir un prix
identique à l’année dernière. Cela ne semble pas vraiment le cas. Une enseigne de la gran- de distribution (1) a même choi- si de retirer toutes les saucisses de Morteau de ses étalages fran- çais au motif qu’elle n’augmenterait pas le prix demandé par le transformateur comme celui-ci pouvait l’espérer après deux années sans aug- mentation, en l’occurrence la société Morteau Saucisse. Il sem- blerait plus simple pour une
Le prix du porc s’envole en raison du prix des céréales. Cela a des conséquences sur nos salaisons.
grande surface de justifier la disparition d’un produit de ses étalages qu’une augmentation. “Nous voulions répercuter une
hausse après deux années sans augmentation. Nous vendons toujours plus de saucisses mais nous ne gagnons pas plus d’argent” explique le président de la société Jean-Louis Amiot- te-Morteau Saucisse Richard Paget qui a perdu un marché de 350 tonnes alors que la deman-
formé en saucisse pour combler le manque de viande” annonce l’association A2M qui aimerait créer une filière à l’image du comté en développant le nombre de producteurs de porcs. “Nous avons perdu 30 000 places de porc que nous n’avons jamais retrouvées ici. Avec 350 000 porcs,
de est forte. Un para- doxe ! “La consommation de saucisses est effective- ment à la hausse, d’environ 20 % sur les six premiers mois de l’année”
la Franche-Comté repré- sente seulement 1 % du volume national” calcu- le M. Delacroix. C’est forcément trop peu pour influer à grande échel-
Le jambon devient saucisse.
confirme Michel Delacroix qui espère élaborer une stratégie pour sa filière en répondant notamment à ces questions : manque-t-il des porcs en Franche-Comté et/ou des abat- teurs ? Dans un secteur où les marges ne sont pas épaisses, pas autant que le gras de porc, les pièces s’envolent à l’instar de la poitri- ne de porc (2,96 euros) alors que le jambon comble son retard avec un prix de 2,57 euros, contre 2,06 euros il y a un an. “Aujour- d’hui, le jambon est même trans-
le et encore faut-il avoir la maî- trise des volumes. Pas si simple. En attendant, la filière s’est ren- due du 25 au 28 octobre à la Tour Montparnasse à Paris faire la promotion de notre salaison en montant un tuyé. Près de 140 000 visiteurs ont pu s’offrir les 20 cm de plaisir de notre Mor- teau… Morale de l’histoire : quand on aime, on ne compte pas. E.Ch. (1) : l’enseigne n’a pas souhai- té s’exprimer ni apparaître.
Évolution du cours du prix du porc entre 2011 et 2012.
Patrimoine La forêt, outil de défiscalisation La forêt, lieu de détente, de balades, de découverte… si présente en Fran- ce et en Franche-Comté en particulier. Mais la forêt a un autre avantage plus méconnu. Pas écologique, mais économique. L’investissement fores- tier est en effet un outil original de défiscalisation.
P uisqu’il s’agit de parler chiffres, il est d’abord utile de savoir ce que représente la forêt pour la France et son économie :
60 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 400 000 emplois répar- tis dans toute la filière, 38 mil- lions de mètres cubes de bois prélevés, tout cela sur les 16 mil-
lions d’hectares de forêt qui cou- vrent le territoire national et qui, grâce à la loi, peuvent per- mettre de jouer sur un autre chiffre, celui des impôts dû par le contribuable : à hauteur de 50 % pour qui est assujetti à l’impôt de solidarité sur la for- tune et de 18 % dans le cadre plus classique de l’impôt sur le revenu. Sans oublier l’abattement de 75 % accordé sur la donation ou la succession. Alors, le bois serait-il devenu un véritable or vert, une valeur refuge au même titre que la pier- re ? Pour Franck Laclef de la socié- té Domaines et Patrimoine basée dans le Grand Besançon, la réponse est claire : “Investir dans la forêt permet de diversifier un capital et d’acquérir du concret. En plus, c’est un actif non délo- calisable, une matière premiè- re qui plus est renouvelable” explique-t-il. Pourtant, déjà, la France est connue pour avoir un domaine forestier très mor- celé, détenu à 80 % par des par- ticuliers propriétaires en moyen- ne de 2,5 hectares. Alors, démo- cratiser cet investissement n’est- il pas synonyme d’amplification
De plus en plus de contribuables ont accès à la défiscalisation via un investissement forestier.
du problème ? “Pas du tout, au contraire. La loi Défi Forêt de 2001 et celles qui ont suivi ont eu pour objectif d’encourager la restructuration forestière et de favoriser la relance des inves-
sans risque” argumente Franck Laclef. Un actif concret qui ne dépend pas des marchés, qui permet une gestion durable et une valorisation de cette matiè- re première qu’est le bois. Pour autant, il ne conseille pas à ses clients de tout investir dans la forêt qui n’est qu’une sour- ce d’investissements parmi d’autres. Un outil de défiscali- sation qui bien sûr en Franche- Comté suscite un peu plus d’intérêt pour une population qui tout en habitant une des régions les plus boisées de Fran- ce prend peu à peu conscience de son intérêt fiscal. D.A.
qui effectuent un travail d’expertise et de gestion. Seules des surfaces importantes per- mettent en effet l’application de techniques forestières d’exploitations efficaces” pour- suit le spécialiste.
tissements” réagit-il. C’est précisément ce à quoi s’attache son entreprise, spécialiste en défiscali- sation via des acquisi-
Un investis- sement sécurisant.
Par le biais de cette méthode, tout le mon- de peut donc devenir propriétaire forestier
tions forestières. Grâce à des groupements de propriétaires, les domaines gérés représen- tent plusieurs dizaines d’hectares et deviennent écono- miquement viables. “Sur cha- cun de nos groupements, nous avons deux personnes salariées
avec tout de même un ticket d’entrée fixé à 5 000 euros et une rentabilité régulière grâce à la sylviculture. “Certes, la ren- tabilité de 2 à 2,5 % nets peut paraître faible mais les inves- tisseurs recherchent autre cho- se. Notamment un placement
Franck Laclef, de la société Domaines et Patrimoine : “Investir dans la forêt permet de diversifier un capital.”
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