Journal C'est à Dire 181 - Octobre 2012
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É C O N O M I E
Orchamps-Vennes Créations Perrin a renoué avec la croissance L’entreprise qui avait subi de plein fouet la crise hor- logère de 2009 a été reprise par Ange Alez-Martin. À nouveau en pleine croissance, elle souhaite renforcer la partie maroquinerie, mais bute pour l’instant sur un souci récurrent : la pénurie de main-d’œuvre.
Ange Alez-Martin, le P.D.G. de Créations Perrin, dans les locaux blindés où sont stockées les peaux les plus précieuses.
U ne douce odeur de cuir, un fes- tival de couleurs et de tons différents et un vrai parfum d’exotisme baignent les locaux où sont stockées les peaux. Tannées et teintes, elle serviront à façonner les bra- celets de montres haut de gamme qui sortent tous les jours des ateliers Créa- tions Perrin à Orchamps-Vennes. De l’alligator, du lézard, du python, de l’autruche, de la perche duNil, du requin ou de la raie manta. Cet étonnant bes- tiaire, c’est la base de travail des 40 sala- riés de cette entreprise entièrement axée sur l’horlogerie et la maroquinerie haut de gamme, qui exporte ses productions à 98 %, essentiellement vers la Suisse et ses prestigieux clients horlogers. Créations Perrin a renoué avec la crois- sance. L’entreprise de créations de bra- celets de montres avait suivi le boom de l’horlogerie haut de gamme amorcé au milieu des années quatre-vingt-dix, lui permettant un essor considérable. “En 2000, nous réalisions 3 millions
d’euros de chiffre d’affaires. En 2008, nous sommes montés à 11 millions” résume Ange Alez-Martin, le P.D.G. Puis vient la crise et notamment la per- te d’un très gros client suisse. “En 2009, l’activité a chuté de moitié. Nous avons hélas dû licencier la moitié de notre per- sonnel. Dès 2010, l’activité est repartie, nous sommes aujourd’hui sur des bases de 12 millions d’euros de chiffre et nous continuons à réembaucher.” Le vrai souci de Créations Perrin actuel- lement, c’est justement l’emploi. L’effectif de 40 personnes est tout juste suffi- sant pour répondre à la demande tou- jours croissante si bien “qu’on est arri- vé à la limite de ce qu’on peut faire en termes de volumes” note le respon- sable. La Suisse, indispensable parte- naire, se révèle être ici aussi un véri- table “aspirateur” à main-d’œuvre. De quoi sérieusement entraver le déve- loppement futur de Créations Perrin qui a choisi après 2009 de “ne pas par- tir dans une logique de volumes, mais
de cibler plutôt le très haut de gam- me et de soigner l’accompagnement de nos clients. Nous avons aussi de vrais projets de développement pour la maro- quinerie haut de gamme qui représen- te à peine 1 % de notre chiffre actuel- lement. Mais il y a un vrai potentiel” ajoute M. Alez-Martin. L’idée est donc de s’émanciper de l’horlogerie qui connaît une crise tous les cinq ans environ, et de renforcer le pôle maroquinerie. Le souci principal demeurera de trouver du personnel. “J’imagine bien d’ici 5 ans un atelier de maroquinerie avec une centaine de salariés. Mais on sera peut-être obli- gés de le faire sur notre site de Tergnier dans l’Aisne, ou alors dans le Pays de Montbéliard qui nous fait des propo- sitions actuellement” regrette le diri- geant. Le paradoxe pour Créations Per-
Pas moins de 60 opérations sont nécessaires pour fabriquer un bracelet.
Pour un seul bracelet, c’est entre 30 et 50 minutes de travail.
Un bracelet sur deux est cousu à la main.
La saga Créations Perrin Lʼ entreprise qui porte toujours le nom de Jean-Claude Perrin, le “pape” du bracelet de montres, a été créée en 1984, au départ à Paris et à Tergnier, dans lʼAisne. Jean-Claude Perrin a vendu son entreprise en 1993 à un groupe franc-comtois, Brasport, qui a relocalisé lʼentreprise à Avoudrey et à Orchamps-Vennes. Le groupe (qui renaîtra plus tard sous le nom de S.I.S.) a déposé son bilan en 1998 et cʼest dans ce contexte que lʼentreprise J.C. Perrin a été rachetée par lʼentreprise suisse Schweizer et Schoepf, égale- ment spécialisée dans les bracelets de montres. Ange Alez-Martin est issu du monde de lʼautomobile. Métallurgiste à la base, il sʼest spécialisé dans le trai- tement thermique, puis dans la qualité. Après avoir également occupé des fonc- tions commerciales dans lʼentreprise du Pays de Montbéliard qui lʼemployait, il a été recruté en tant que directeur général de Créations Perrin en 2000. Douze ans plus tard, en février dernier, il a racheté à ses anciens patrons lʼentreprise Créations Perrin ainsi que le pôle bracelets de Schweizer et Schoepf. Il est aujourdʼhui à la tête dʼune entreprise qui emploie 180 personnes : 40 à Orchamps-Vennes, 60 chez Schweizer et Schoepf et 80 à Tergnier. Les deux sites français réalisent 12 millions dʼeuros de chiffre dʼaffaires.
rin, c’est d’être situé dans une zone de quasi plein emploi. “Ce serait tellement plus simple de développer ici à Orchamps-Vennes car le savoir-faire, il est vraiment là. Mais nous sommes confrontés à cette réalité.” Le nouveau P.D.G. déploie pourtant tous les efforts en matière d’organisation et de méthodes de travail, et tente d’apporter les conditions optimales pour que le personnel se sente bien dans cette entre- prise définitivement ancrée dans le haut de gamme et le souci de la per- fection. J.-F.H. L’entreprise a aménagé dans ses nouveaux locaux en 2007. Elle aimerait bien s’agrandir, mais…
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