Journal C'est à Dire 181 - Octobre 2012

D O S S I E R

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Argent Lente érosion du denier de l’Église Le denier représente 75 % des ressources du diocèse de Besançon. Même dans le Haut-Doubs, la générosité des fidèles est en baisse. Les derniers chiffres (en euros). Doyenné du Haut-Doubs forestier 2010 2011 Évolution Pays de Pontarlier 180 748 180 302 - 0,25 % Levier 27 616 26 561 - 3,82 % Frasne 21 558 20 639 - 4,26 % Val dʼUsiers-Arc-sous-Cicon 29 905 29 550 - 1,19 % Montbenoît-Gilley 25 393 24 114 - 5,04 % Mouthe-lacs-Mont dʼOr 72 105 75 190 + 4,28 % Total doyenné 357 325 356 356 - 0,27 % Doyenné du Haut-Doubs horloger 2010 2011 Évolution Plateau de Maîche 86 707 85 396 - 1,51 % Val de Morteau 105 405 105 308 - 0,13 % Plateau du Russey 44 958 42 712 - 5 % Total doyenné 237 115 233 416 - 1,56 %

Pourquoi le Haut-Doubs est-il si croyant ? “Un catholicisme de réaction” Historien spécialiste de l’histoire religieuse locale, le Maîchois Jean-Michel Blanchot rappelle que la dévotion est collée à la frontière. Le Haut-Doubs était en 1575 le bastion de la chrétienté, première barrière pour repousser la montée des réformateurs protestants.

P ourquoi le Haut-Doubs fut-elle la terre la plus pourvoyeuse de prêtres aux XIX ème et XX ème siècle ? Pour trouver réponse, plongeon dans l’histoire et la géographie de nos Franches- Montagnes.

En 1530, la réforme est aux portes de Morteau. Elle est aux Brenets, prête à passer la fron- tière et s’imposer comme elle a pu le faire en Suisse voisine ou à Montbéliard. À cette pério- de, “le diocèse va appliquer une contre-réforme militaire en

se battre et remporter la lutte face aux protestants qui sou- haitaient se rendre à Besançon pour prendre le diocèse. Le champ de bataille s’appelle

construisant par exemple des chapelles ou en érigeant des vierges particulières comme la vierge noire à Cornabey” explique l’historien Jean-Michel Blan- chot, auteur notam- ment du livre “Pages d’histoire de la Franche-Montagne” aux éditions Jardins de Mémoi- re (tome I). De Morteau jusqu’à Maîche, les fidèles du Haut-Doubs étaient donc l’avant-garde combattant la réforme. Ils ont d’ailleurs pris les armes. C’était le 21 juin 1575 à Sobey, entre Morteau et Vil- lers. Cette bataille que l’on appel- lera la surprise “Huguenote” ou “surprise de Besançon” verra les gens du Bizot, de Noël-Cerneux, Procession dans la rue principale de La Chaux-de-Gilley. La date n’est pas mention- née (Source : fonds d’archives de Jean-Michel Blanchot).

aujourd’hui le champ du Sang. Les années ont passé, pas la mémoire.

“Présence d’anticléricaux.”

Du 6 au 20 juin 1897, à l’occasion des nombreuses missions, des missionnaires observent à Gou- mois “une paroisse vraiment catholique, fidèle aux pratiques religieuses et docilement sou- mise au prêtre.” Même senti- ment à Trévillers du 11 au 15 décembre 1892. L’historien Jean-Michel Blanchot émet néanmoins un bémol à cette “oasis de chrétienté” que fut notre terre : “Il y a une présence anti- cléricale à Maîche par exemple où des personnes comme l’instituteur ne s’opposent pas à protéger l’église contre les inven- taires.” L’arrivée de douaniers… puis du Tacot brassera la popu- lation et apportera de nouvelles pratiques.

Lire : Page d’histoire de la Franche-Comté, regards sur sept siècles d’histoire, tome I, Jean-Michel Blanchot. Édition Jardins de mémoire.

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