Journal C'est à Dire 175 - Mars 2012

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É C O N O M I E

Santé

Le chômage touche aussi les pharmaciens Ce métier que l’on pensait en “or” est confronté à une baisse d’activité depuis 2010. En janvier dans la zone d’emploi de Besançon, 22 pharmaciens et 17 préparateurs pointaient à Pôle emploi. Dans le Haut-Doubs, la situation est meilleure

L es pharmaciens ne vont pas bien et aucun profession- nel n’a déniché le remède pour guérir d’un nouveau mal : la baisse du chiffre d’affaires de la majorité des officines du départe- ment, à Besançon plus particu- lièrement. Selon une étude réalisée par le centre de gestion agréé de Franche-Comté, les résultats des

pharmacies en décembre 2011 par rapport à décembre 2010 ont diminué d’1 % à Besançon et de 2,1 % en Franche-Comté. La bais- se d’activité est plus pronon- cée en centre-ville (- 3,7 %). Dans l’arrondissement, la baisse est de 0,5 % alors qu’une quasi-stag- nation est observée à Besan- çon hors centre-ville (+ 0,1 %). Dernier exemple en date, la fer- meture rue des Granges il y a un an d’une pharmacie rempla- cée par… une boutique de vête- ments. La clientèle a bien été rachetée mais la boutique fer- mée. “Sur le plan national, en 2010, l’industrie pharmaceutique a connu pour la première fois des baisses d’effectifs liés à la crise économique et du fait des évolu- tions structurelles du secteur (fusion, externalisation de la pro- duction…) voire du manque de visibilité sur les pertes de bre- vets. Concernant les préparateurs en pharmacie, l’industrie recru- te de moins en moins ces profils. Pour les officines en secteur urbain, l’emploi est un peu satu- ré” concède Pôle emploi. Si le métier n’est pas déprimé,

les professionnels s’inquiètent pour leur avenir : “Il existe un réel problème économique dû en partie au déremboursement des médicaments, confie Madelei- ne Heme de Lacotte, présidente de l’ordre des pharmaciens. Aujourd’hui, peu de pharmacies augmentent leur chiffre d’affaires ou embauchent dans notre région. Si les patients doivent payer un médicament, ils ne l’achètent plus” dit-elle. Ville universitai- re, Besançon est touchée par une offre plus importante que la demande si bien que les jobs de pharmaciens (Bac + 6) ou pré- parateurs en pharmacie (Bac + 2) sont recherchés et les annonces vite pourvues. “Il y a dix ans, j’ai vraiment peiné à recherchant un emploi dans la pharmacie ou prépara- tion depuis janvier 2010 dans le bassin de Besançon. (Source : Pôle emploi). Évolution du nombre de demandeurs d’emploi

trouver un adjoint, témoigne Jacques Simonin, propriétaire d’une officine située rue Pasteur à Besançon et ancien président de l’ordre. Aujourd’hui, les offres sont plus nombreuses et si mes stagiaires ont tous trouvé un emploi dans les 3 à 4 mois sui- vant leur diplôme, je ne peux mal- heureusement embaucher per- sonne pour le moment” explique- t-il. À l’inverse, les zones rurales recherchent des professionnels et l’activité semble se mainte- nir, notamment sur les bandes frontières (Haut-Doubs et Haut- Jura). À Morteau par exemple, la baisse enregistrée en un an est de 0,8 %. Le numerus clau- sus (1) qui était de 70 pharma- ciens à la faculté de Besançon en 2011 ne semble pas en cau- se selon les spécialistes. Comme

l’atteste une élève en sixième année de faculté qui terminera ses études en juin prochain après la présentation de sa thèse sur le régime sans sel, l’inquiétude est davantage d’obtenir son diplô- me que d’être au chômage. En moyenne, les deux-tiers des diplômés travailleront dans une officine, un tiers dans l’industrie pharmaceutique et 5 % dans les analyses médicales. Si la concurrence des paraphar- macies installées en zones com- merciales est une des causes de la baisse du chiffre d’affaires, c’est bien le déremboursement qui est à l’origine du mal. Les clients préfèrent abandonner leur achat si un médicament n’est pas remboursé. Autre phénomène : la baisse des prix des médicaments diminue

les marges des laboratoires phar- maceutiques qui la répercutent directement sur la marge des pharmaciens. Conséquence, la marge sur un médicament pour un professionnel varie de 6 à 8 % (lire le zoom) d’autant que les pharmaciens sont dans l’impossibilité de se regrouper pour réaliser des commandes groupées. La loi les y interdit. Le déremboursement des médi- caments, pilule difficile à avaler pour la profession, est néanmoins nécessaire pour la Sécurité socia- le qui réduit son déficit. Ou com- ment guérir un aux dépens de la santé de l’autre. E.Ch. (1) : le numerus clausus qui défi- nit le nombre de pharmaciens pour 2012 n’est pas encore arrêté

Jacques Simonin, pharma- cien à Besançon et ancien président de l’ordre : “Les marges sur les médicaments ont baissé.”

Culture

Les Doubistes conviés à souscrire du Courbet Le Conseil général du Doubs est prêt à acquérir le tableau “Le Chêne de Flagey” sous réserve de réunir assez de dons. Pour ce faire, il lance une souscription publique et sollicite les mécènes.

S ûr qu’une telle acquisition conforterait la notoriété du nouveau musée Cour- bet à Ornans qui connaît déjà une belle attractivité. “Il faut consolider le succès en dotant ce lieu d’œuvres majeures de Cour- bet. Il se trouve que le Chêne de Flagey remplit cette condition” , considère Claude Jeannerot. Sitôt informé de la disponibili- té du tableau, le président du Conseil général a pris contact avec son propriétaire, le Japo- nais Michimasa Murauchi. Ce riche industriel souhaitait ini- tialement vendre d’un seul tenant sa collection de 160 œuvres notamment d’artistes français du XIX ème siècle. Heu- reusement, il est revenu sur ses intentions. Il a compris toute la dimension que Le Chêne de Fla- gey représente pour le territoi-

Claude Jeannerot s’est rendu récemment à Tokyo où il a rencon- tré Michimasa Murauchi, le propriétaire du Chêne de Flagey.

500 000 euros en provenance d’un fonds d’acquisition de l’État. Il lui restera à assurer le solde. “Il faut que d’ici juillet, à la date de l’inscription de l’œuvre au trésor du patrimoi- ne, j’aie réuni les promesses de dons à un niveau suffisant, qui corresponde au minimum à 80 % du prix” , espère Claude Jeannerot qui ne mettra pas plus de 500 000 euros dans la transaction. Les premiers contacts établis sur le volet mécénat déclenchent selon lui beaucoup d’enthousiasme. Si le scénario se réalise comme prévu, Le Chê- ne de Courbet devrait intégrer le musée d’Ornans à l’automne. Pour tout renseignement, prendre contact avec le service communication du Conseil géné- ral au 03 81 25 80 39.

renforcer l’attractivité de l’œuvre. Cette inscription permettra de proposer des avantages fiscaux aux mécènes potentiels, pour- suit Claude Jeannerot qui s’est rendu tout récemment à Tokyo négocier avec l’acheteur. Pour finir, il nous le propose à 5 mil- lions de dollars, soit environ 4 millions d’euros.”

re d’Ornans. Une bel- le opportunité à saisir donc. Mise à prix initiale du tableau : 5 millions d’euros. Restait donc

Le Conseil général compte utiliser diffé- rents leviers de finan- cement. Il va organiser le mécénat en direction

4 millions d’euros au final.

à imaginer une solution de financement “acceptable” pour le Conseil général. On compren- drait difficilement qu’il fasse supporter une telle dépense à ses contribuables. “Le minis- tère de la Culture a accepté d’inscrire Le chêne de Flagey au trésor du patrimoine. Cela va

des entreprises, lesquelles béné- ficieront de 90 % d’exonération. “On va lancer une souscription populaire dont les modalités ne sont pas encore totalement défi- nies. Cette action confortera les liens entre les gens d’ici et le musée d’Ornans.” Le Conseil général devrait aussi toucher

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