Journal C'est à Dire 175 - Mars 2012

21

D O S S I E R

Les militants innovent Le MoDem café est ouvert Le 15 mars, une trentaine de personnes se sont invitées au café-débat orga- nisé par le MoDem dans un bar bisontin. Pendant une heure, elles ont tenté d’expliquer notamment la situation paradoxale et inconfortable dans laquel- le se trouve le candidat centriste. Personnalité politique préférée des Français, François Bayrou ne décolle pas dans les sondages.

A vec60%d’avisfavorables, François Bayrou est en têtedespersonnalitéspoli- tiques préférées des Français. Sespropositionssont aus- si jugées comme plus crédibles que cellesdesesdeuxprincipaux adver- saires FrançoisHollandeetNicolas Sarkozy.Touslesindicateurssontau vertetpourtantlecandidatMoDem estcréditédeseulement13%à15% des intentions de vote. Désormais, il est même talonné par Jean-Luc MélenchonduFrontdeGauchequi a atteintmi-mars les 11%dans les sondages.Mais qu’est-ce qui cloche danslacampagnedeFrançoisBay- rou ? Pourquoi les électeurs qui lui reconnaissent une crédibilité bien supérieureàcelledesesadversaires hésitent à s’engager derrière lui? Réunies dans un bar du quar- tier Battant, une trentaine de personnes discutent de ces ques- tions préoccupantes à quelques semaines du premier tour du scrutin. Elles se sont invitées au quatrième Café-débat orga- nisé par le MoDem dans le Doubs. Autour de la table, on trouve des adhérents du mou- vement démocrate, auxquels se

sont joints des curieux intéres- sés par ce dialogue autour de la campagne présidentielle. Chacun y va de son analyse pour tenter d’expliquer le paradoxe qui caractérise la situation dans laquelle se trouve le candidat centriste. Sa stabilité dans les sondages inquiète ses partisans. Tour à tour, les avis s’expriment librement. “Nous sommes dans une sorte de tunnel stable. Je lippe Gonon, président du MoDem du Doubs. En répon- se immédiate, une sympathi- sante accuse les médias qui selon elle, ont leur part de respon- sabilité dans cette affaire. C’est elle, la presse, qui œuvre avec ses œillères pour une campagne bipolaire entre François Hol- lande et Nicolas Sarkozy. “Si je suis adhérent au MoDem, c’est parce que j’en ai assez de cette bipolarisation complète Jean- Claude. Beaucoup de Français n’arrive pas à expliquer pourquoi d’un côté il est jugé crédible et de l’autre, pourquoi il ne parvient pas à crever l’écran” interroge Phi-

sont en attente de quelqu’un qui s’engage pour bâtir une société autre que la société marketing dans laquelle nous vivons.” Il est de ceux qui croient en un changement de rythme dans la campagne de François Bayrou. “Il n’a pas sorti son argument massue qui est de prophétiser que, ni le bloc de la droite, ni le bloc de la gauche ne peuvent nous sortir de la situation dans reproches que les électeurs font à François Bayrou est qu’ils se demandent avec qui il gou- vernera si d’aventure il prend le pouvoir. “Il paraît bien seul” observe une militante. Ce serait là le point faible du candidat qui l’empêcherait de faire le plein de voix. Il manque au lea- der centriste des porte-parole qui jouent parfois les porte- flingue, comme peuvent l’être Manuel Valls pour François Hol- lande et Jean-François Copé laquelle se trouve notre pays” insiste Jean-Claude. L’heure tourne, les remarques fusent. Il semble qu’un des

Une trentaine de personnes ont participé le 15 mars au café-débat organisé par le MoDem à Besançon. Une nouvelle façon de faire campagne.

“Jouer sur son image de marque.”

pour Nicolas Sarkozy. François Bayrou défend seul son projet qu’il incarne. Un hom- me, face aux Français, dans l’esprit de la cinquième répu- blique, l’approche est honorable mais elle atteint ses limites selon Philippe Gonon. “Il est impor- tant maintenant que François Bayrou s’entoure d’une équipe qui va défendre son program- me. Il a dans son entourage des personnalités de grande quali-

té, notamment en ce qui concer- ne les questions économiques, comme JeanArthuis et Jean Pey- relevade.” C’est grâce à l’addition de personnalités compétentes, qui occuperaient tour à tour la scène médiatique, et le ter- rain, que le MoDem parvien- drait à prendre le virage à la corde pour se positionner dans le sprint du premier tour. Et Jean-Paul de conclure : “Moi je crois que l’élection présidentielle

n’est pas une élection de pro- jet, mais une élection d’homme. François Bayrou inspire le res- pect. Mais il ne joue pas assez sur son image de marque.” Rien ne sert d’avoir le meilleur pro- jet, ou d’être le plus crédible, pour gagner il faut aussi la meilleure com’. Le 27 mars à 18 h 30, François Bayrou est en meeting à Micropolis.

T.C.

Made with FlippingBook - Online catalogs