Journal C'est à Dire 167 - Juin 2011

15

É C O N O M I E

Agriculture

L’I.G.P. Porc de Franche-Comté nouvellement décroché doit per- mettre aux éleveurs de bénéficier de prix plus rémunérateurs dans un contexte porcin toujours tendu. Enjeux. Du porc certifié Made in Franche-Comté

“On regrette que tous les porcs de France puis- sent rentrer dans la filiè- re saucisse de Morteau”, commente Joël Pour- chet, le prési- dent de l‘association porteuse de l’I.G.P. Porc de Franche- Comté.

D e l’herbe à la côtelet- te, la boucle est bou- clée, ou presque. Le petit-lait issu de la fabrication des fromages A.O.C. sert à nourrir les porcs trans- formés en salaisons I.G.P. et en viande fraîche qui bénéficie désormais d’une protection géo- graphique. “On regrette que tous les porcs de France puissent ren- trer dans la filière saucisse de Morteau” , commente Joël Pour- chet qui préside l’association de Défense et de pormotion de la Viande de Porc de Franche-Com- té. La seule contrainte à res- pecter étant d’apporter du petit- lait au menu des gorets. Mais pas question de faire la fine bouche. Cette I.G.P. Porc de Franche-Comté obtenue en octobre 2010 marque l’aboutissement d’un long com- bat. Elle élargit et désaisonna- lise en quelque sorte la pro- duction porcine régionale sous signe de qualité. Les salaisons

I.G.P. avec la Morteau et bien- tôt la saucisse de Montbéliard relèvent plutôt d’une consom- mation hivernale. Les côtelettes et les petits saucisses se décli- nent maintenant sous label I.G.P. Les éleveurs engagés dans la démarche comptent bien en tirer profit et s’affranchir davan- tage du cours du cadran breton. Des prix plus rémunérateurs favoriseront le renouvellement des élevages et des générations d’éleveurs. Avec 300 sites d’élevages, la filiè- re comtoise reste encore très confidentielle. Elle pèse 0,8% de la production nationale annuelle. Heureusement, quan- tité ne rime pas avec qualité. “Sur les 275 000 porcs élevés par an, 190 000 sont nourris avec du lactoserum” , explique Roma- ric Cussenot d’Interporc Franche-Comté. Le petit-lait répond aux enjeux du dévelop- pement durable. Cette ressource de proximité participe à la pro-

duction de lisier épandu sur les prairies à montbéliardes. “Au niveau des engrais, le sérum représente une économie de 100 à 120 euros par hectare à l’année” , justifie Joël Pourchet. La viande I.G.P. Porc de Franche-Comté a fait un entrée remarquée pour ne pas dire remarquable sur les étals régio- naux. “On a un écho plutôt favo- rable. Tout est mis en œuvre pour inciter la Grande Distr- bution et les boucheries à com- mercialiser du porc de Franche- Comté. On a des arguments posi- tifs à faire valoir, notamment avec cette carte proximité qui rassure de plus en plus les consommateurs. L’I.G.P. est actuellement distribuée sur 80 points de vente en Franche-Com- té. Avec deux enseignes, on couvre 18 départements” , conclut le res- ponsable de la commercialisa- tion des produits à la Che- villotte. F.C.

Zoom Le coût du bien-être animal

qui vient tout juste de reprendre le flambeau pater- nel au G.A.E.C. de la Ricor- ne situé sur les hauteurs de Lièvremont. Associé avec son oncle Jean- Michel Pourchet, il travaille sur une exploitation mixte inté- grant production de lait à com- té et viande porcine. “On vend 2 000 porcs gras chaque année par le biais de la coopérative des éleveurs de la Chevillotte.” Le cheptel porcin est nourri avec des céréales et du petit- lait récupéré à la coopérati- ve de la Seignette. Yannick Pourchet est convain- cu du bien-fondé de l’I.G.P. Porc de Franche-Comté. “C’est une plus-value régionale. Comme les gens cherchent de plus en plus à consommer localement, il faut qu’ils puissent trouver chez eux du porc de Franche- Comté.” Le marché actuel de la viande de porc est assez équilibré. “Le cours est de 1,45 euro par kg pour un prix de revient à 1,40 euro le kg. On est toujours tributaire du coût des céréales. Dans le porc, 70% du prix de revient, c’est l’aliment” , précise l’éleveur.

“O n va devoir doubler la surface mise à disposition des truies gestantes. Cela repré-

sente 200 000 euros d’investissement”, explique Yannick Pourchet. Pas facile à digérer pour ce jeune éleveur

Installé depuis le 1 er mai 2011, Yannick Pourchet va devoir investir 200 000 euros dans le bien-être animal.

50 sites d’élevage sont engagés sont l’I.G.P. Porc de Franche-Comté.

Made with FlippingBook Learn more on our blog