Journal C'est à Dire 138 - Décembre 2008

É C O N O M I E

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Solidarité Des clés pour un logement décent À l’heure où les mal-logés sont de plus en nombreux, Habitat et Humanisme bat la campagne. Objectif : proposer des logements à un coût 20 % inférieur aux loyers H.L.M. grâce à un système d’épargne solidaire. Exemple à Villers-le-Lac.

C réée il y a 20 ans à Lyon par Bernard Devert, agent immobilier deve- nu prêtre, Habitat et Humanisme a, depuis, fait des petits.47 associations sont aujour- d’hui recensées en France dont celle duDoubs,née en 2005.Toutes agissent pour offrir “du logement très social” explique Jean Fusé,

acceptent de donner une partie de leurs intérêts mais bénéficient sur ce don, d’une déduction d’impôts” explique le trésorier. Ce principe du gagnant-gagnant permet de recueillir les 25 % de fonds propres nécessaires à l’obtention des subventions et autre prêt bonifié. “On a ainsi un effet levier : 1 euro = 4 euros. Pour un euro placé dans l’épargne solidaire, l’association mobilise trois euros supplémen- taires auprès des banques, des collectivi- tés et de l’État. Au final, ce livret rapporte à l’épargnant quasiment la même chose qu’un livret A.” En trois ans tout juste d’existence, deux projets ont été réalisés et deux autres sont en cours. “À Villers-le-Lac, on a transformé l’ancienne maison

des douanes en trois logements occupés depuis un mois. À Besan- çon, deux maisons avec jardin sont louées depuis 18 mois à Saint-Ferjeux.” raconte Jean Fusé. Le tout est bien évidem- ment loué à des prix très bas. “Les habitations sont gérées par l’Agence immobilière à vocation sociale. Quant au choix des loca- taires, il est décidé par une com- mission composée de bénévoles d’Habitat et Humanisme et des représentants des structures qui suivent ces personnes, C.C.A.S., association ou entreprise d’insertion.” C’est dans le Haut- Doubs que les besoins sont les plus importants. “Les prix mon- tent à cause des frontaliers.” L’association est preneuse de toute information concernant des logements à acheter ou réno- ver mais ne se concentre pas seulement sur le logement de

trésorier de l’antenne du Doubs. Mais “arriver à faire du logement bon marché” ne s’improvise pas. D’abord, il faut acquérir, transformer et rénover. Pour ce faire, Habitat

Dans le Haut-Doubs que les besoins sont les plus importants.

et Humanisme a mis en place des produits d’épargne solidai- re, fond commun de placements, assurance-vie et le plus utilisé, le livret Agir (en lien avec le cré- dit coopératif). “Il est rémuné- ré à 5,16 %. Les épargnants

Jean Fusé devant la dernière réalisation d’Habitat et Humanisme.

particuliers. À Pouilley-les- Vignes, dans les environs de Besançon, une ferme est en cours de restauration. Elle abritera 14 petits logements destinés à

des personnes isolées à faible revenu et ne pouvant être auto- nomes. Des locaux communs sont destinés à la cuisine et aux activités. Une autre “maison relais” de 21 logements est éga- lement en travaux à Sainte- Suzanne, près de Montbéliard. Les 123 adhérents d’Habitat et Humanisme du Doubs

n’aspirent qu’à une chose : conti- nuer et donc renforcer les rangs de ces épargnants d’un nou- veau genre. Renseignements : 03 81 59 05 82 doubs@habitat-huma- nisme.org

Société Un Franc-Comtois sur dix vit sous le seuil de pauvreté 10 % de la population franc-comtoise vivent avec moins de 800 euros par mois, soit moins de 9 500 euros par an. Et un tiers du revenu de ces personnes pauvres est constitué de prestations sociales. Alarmant.

www.patrickmetz-sa.fr

L e constat dressé par l’I.N.S.E.E. Franche-Comté dans un tout récent rapport est édifiant : la moitié des habitants de notre région vit dans des ménages disposant d’un revenu inférieur à 15 500 euros par an,soitmoins de 1 300 euros parmois. D’un extrê- me à l’autre,10%deshabitants ont un revenuqui dépasse26000euros tandis que 10 % disposent de moins de 9 400 euros. Le constat le plus alarmant de cette étude révèle que 10,4 % des Franc-Comtois, soit 116 400 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 9 500 euros par an. Même si ces chiffres ne sont pas aussi dramatiques que la moyenne nationale, la moitié de cette population pauvre franc-comtoise vit avec moins de 7 900 euros par an. “Certains types de ménages sont plus exposés que d’autres à la pauvreté, expliquent les experts bisontins de l’I.N.S.E.E. Les familles monoparentales sont plus souvent confrontées à des situations de précarité. 20 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté.” Mais la pauvreté s’accroît aussi avec le nombre d’enfants. “Les familles nombreuses ont plus souvent de faibles niveaux de vie” confirme l’I.N.S.E.E. Et la pauvreté concerne également davantage les personnes seules : en Franche-Comté, 13,7 % des personnes seules disposent de moins de 9 500 euros annuels pour vivre. Aussi un grand nombre de ces personnes isolées perçoivent des minima sociaux com- me le R.M.I., le minimum vieillesse, l’allocation pour adultes handicapés…Près de 60 % des allocataires du R.M.I. sont d’ailleurs des personnes seules. De plus, le taux de pauvreté des femmes seules est supérieur à celui des hommes seuls. Les enfants, naturellement, pâtissent de cet environnement. Dans notre région, 14,5 % des enfants de moins de 18 ans vivent dans un ménage pauvre. J.-F.H. Les familles nombreuses sont très touchées par la pauvreté.

Patrick Metz S.A. ESPACE VALENTIN OUEST BESANCON - 03 81 47 97 97

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