Journal C'est à Dire 138 - Décembre 2008

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650 infectés V.I.H. en Franche-Comté Sida : savoir pour agir “Le Sida ne passera pas par moi” disait une campagne de prévention en 1999. En 2008, la maladie apparue dans les années quatre-vingt ne provoque plus d’hécatombe mais poursuit sa route chez les hommes comme chez les femmes.

“N ous recensons 650 infectésV.I.H.iden- tifiés et suivis en Franche-Comté. 500 sont des patients du C.H.U. de Besançon, les autres se répartissent entrelescentreshospitaliersde Bel- fort-Montbéliard et Vesoul” explique le Professeur Bruno Hoen, chef du service de mala- dies infectieuses et tropicales au C.H.U. et président du C.O.R.E.V.I.H.* de Franche-Com- té. Comparée à d’autres régions comme l’Ile-de-France, P.A.C.A. ou la Guyane, la région a un nombre de cas relativement faible. Cependant, en 2007 (et ça devrait être identique pour 2008), une trentaine de nouveaux patients a été enregistrée “à éga- lité de sexe” précise le Professeur Hoen. “C’est une évolution que l’on constate depuis plusieurs

années.” En France, on recense de 4 000 à 5 000 nouveaux cas pas an. Parmi ces nouveaux patients, certains arrivent avec des symp- tômes, “ce qu’on ne devrait plus voir aujourd’hui car il faut une

Bruno Hoen. “Si la prise en char- ge médicale est correcte, la mort n’est plus au bout. Chez un patient identifié et suivi préco- cement, on ne laisse pas le défi- cit immunitaire s’installer.” En Franche-Comté, on a cepen-

dant recensé 10 décès du Sida en 2007, “dont 7 liés à des cancers. Mais en grande majorité, les patients infectés au V.I.H. vieillissent comme le res- te de la population.” “On a tout à gagner à se

dizaine d’années entre la contamination et les pre- miers symptômes.” Outre le danger de contaminer d’autres personnes, se savoir infecté est essen- tiel pour être bien soi- gné. “Les traitements sont

Une trentaine de nouveaux patients en 2007.

Le C.H.U. de Besançon suit 500 personnes touchées par le virus. Le 1 er décembre, c’est la journée contre la mala

à leurs patients. Si des tabous sont tombés et des vérités rétablies, il reste enco- re du chemin à parcourir pour que le Sida ne soit plus étique- té maladie honteuse. La recherche, elle, “avance encore et toujours” souligne le Pr Hoen. “Amélioration des traitements, plus puissants et mieux tolérés, identification de nouvelles cibles

d’action sur le virus, on a des pro- grès significatifs tous les ans.” Quant au vaccin, “il n’y a pas de perspective à 5 ou 10 ans.” En revanche, on progresse en matiè- re de prévention, et pas seule- ment avec le préservatif. “La cir- concision masculine diminue de 60 % le risque de contamination et pour les femmes, des recherches

importantes concernent un gel contenant des anti-rétroviraux, barrière efficace contre la trans- mission.” Le Sida se transmet par voies sexuelles dans plus de 95 % des cas. “Sortons couverts” nous conseillait une autre cam- pagne. Toujours d’actualité. A.B.

plus efficaces, plus simples et avec moins de comprimés. Dans la plupart des cas, une prise quo- tidienne suffit. Une personne sans immunodépression ne va pas développer le Sida et a la même espérance de vie qu’une person- ne non infectée aujourd’hui à condition d’être suivie” insiste

savoir infecté. Faire un test, c’est gratuit et la sérologie est rem- boursée.” Inutile donc d’aller spé- cialement dans un centre de dépistage. Le C.O.R.E.V.I.H. depuis deux ans, mène d’ailleurs campagne auprès des généra- listes pour qu’ils proposent plus souvent la sérologie du V.I.H.

*C.O.R.E.V.I.H. : comité de coordination régionale de la prise en charge et de la lutte contre l’infection du V.I.H. 03 81 21 80 98 www.fc-sante.fr/corevih-fc

D éjà utilisés par les neurologues pour soulager certaines douleurs, les champs magnétiques sont depuis une quin- zaine années utilisées dans les thérapeutiques psychia- triques. Le principe, mis au point par le Professeur Alvaro Pas- cual Leone de Harvard (U.S.A.) consiste à stimuler certaines zones du cerveau électriquement. “La stimulation magnétique trans- crânienne est une technique à part entière de la dépression. Elle est reconnue aux U.S.A., au Canada et en Australie. En Fran- ce, nous la développons dans une dizaine de C.H.U.” note le Doc- teur André Galinowski (Paris-Sainte-Anne). Dans le Doubs, c’est le Docteur Emmanuel Haffen qui a intro- duit “ce procédé innovant utilisé dans les cas les plus diffi- ciles” dans le service de psychiatrie adulte. Les deux hommes sont membres d’une société savante baptisée le Club rT.M.S. (stimulation magnétique transcrânienne répétée) qui en Fran- ce, compte environ 80 membres. L’objectif est de mieux faire connaître et reconnaître cette technique souligne le Docteur Emmanuel Poulet (Lyon), président du Club rT.M.S. “La rT.M.S. appartient à l’arsenal thérapeutique mais n’est pas pour tout le monde” souligne Emmanuel Haffen. Les champs magnétiques sont réservés “aux dépressions dites résistantes qui ne répondent pas aux approches thérapeutiques classiques, antidépresseurs ou psychothérapies.” Actuellement à Besançon, 60 patients dépressifs depuis plus de cinq ans bénéficient de ce traitement et “il y a une amélioration significative pour 1/3 d’entre eux” estime le psychiatre. Si le traitement par champs magnétiques pourrait constituer “à l’avenir une alternative intéressante aux médicaments car bien toléré” , il n’est cependant pas magique. “On maintient le traitement pharmacologique dans le suivi pour éviter les rechutes. La rT.M.S. est utilisée en première phase, pour supprimer les symptômes dépressifs, ce qui permet ensuite au traitement médi- camenteux d’être efficaces” explique Emmanuel Poulet. Quant à la crainte voire la peur suscitée par les champs magnétiques, “dire qu’ils permettent d’influencer le comportement des gens est un pur fantasme” insiste André Ganinowski. Dans la grande famille des psychiatres, l’arrivée de cette psy- chiatrie biologique ne fait pas l’unanimité. Certains n’adhèrent pas du tout, d’autres demandent à voir. “Il y a plus de doute que de contestation mais on a un gros travail de communication à faire” reconnaît Emmanuel Poulet. Le club lance une vaste étude sur 360 patients en France. La piste n’est peut-être pas à négliger à l’heure où 8 à 10 % de la population développent au moins un épisode dépressif au cours de sa vie. A.B. Santé Quand le traitement de la dépression passe par les champs magnétiques Les champs magnétiques peuvent-ils venir en aide aux dépressifs les plus sévères ? Étude à l’appui, la technique bien rodée chez les Anglo-Saxons séduit certains psychiatres français.

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Patrick Metz S.A. ESPACE VALENTIN OUEST BESANCON - 03 81 47 97 97

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