La Presse Bisontine 227 - Avril 2021

14 Besançon

La Presse Bisontine n°227 - Avril 2021

MÉDECINE

Laurent Thinès récompensé

“Ce texte

m’a permis de cicatriser”

Professeur en neurochirurgie, Laurent Thinès manie les mots comme il manie les pinces crâniennes lors des opérations : avec précision.

Professeur de neurochirurgie au C.H.U. de Besançon, Laurence Thinès raconte dans un recueil de poésie la descente aux enfers d’un médecin hospitalier écrasé entre charge de travail et charge mentale. Son ouvrage, quasi autobiographique, a reçu un prix.

L aurent Thinès s’est fait un nom. D’abord dans son domaine : la neurochirurgie. Ensuite chez les gilets jaunes comme défen- seur des personnes défigurées par les tirs de flash ball. Et maintenant dans le monde de l’édition. Chef de service de neurochirurgie à Minjoz, le professeur a reçu en début d’année le prix Suzanne Raffle de Che- vaniel du récit épique 2020 pour son recueil de poésie intitulé “La Gardede nuit” (Réparer les soignants), où il retrace la descente aux enfers d’un médecin hospitalier écrasé par la charge de travail puis écartelé entre vœu d’hos- pitalité et course à la rentabilité. Au- delà de ce prix remis par des médecins à un médecin, ce travail soulève la question de la vie des soignants. Un texte engagé articulé autour de laméta- phore médiévale. Une façon pour le

chirurgien de montrer qu’il est un serf, inféodé à un système. La Presse Bisontine : Ce n’est pas votre premier ouvrage. En revanche, c’est votre premier prix. Est-ce le style ou le message engagé qui a payé ?

dans unmonde parallèle qui peut nous emmener sur une pente glissante à cause de la surcharge de travail, des liens familiaux que l’on peut perdre. Il m’arrive parfois d’entrer au bloc de nuit et de ressortir le soir sans avoir vu la lumière du jour. L.P.B. : La pente glissante dont vous parlez, est-ce le suicide ? L.T. : Deux de mes collègues chirurgiens, âgés à peine de 50 ans, se sont donné lamort. L’un était en chirurgie digestive à Lille, un autre était un neurochirur- gien comme moi. Il s’est suicidé sur son lieu de travail. Ce texte que j’ai commencé d’écrire en 2016 m’a permis de verbaliser ce que je vis, de cicatriser, de passer le cap. L.P.B. Savez-vous si la direction de l’hôpital l’a lu ?

L.T. : Non, je l’ignore. Je n’ai pas eu de retour si ce n’est ceux de collègues. L.P.B. : Lors de la première vague, vous vous êtes porté volontaire pour aider aux urgences. Qu’avez-vous pensé des messages de “héros” ? L.T. : L’héroïsation vous enjoint à faire des choses.Aujourd’hui, ce qu’il manque, c’est une reconnaissance en moyens et en salaires pour toutes les professions car des soignants continuent de quitter le monde hospitalier. n Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. : Vos mots sont durs. L.T. : C’est notre quotidien. Le syndrome de l’épuisement professionnel touche beaucoup de médecins hospitaliers. 50 % d’entre eux sont en burn-out et 80 % ont connu un épisode de burn-out dans leur carrière. Ce texte montre la réalité de la vie des soignants où nous luttons contre des moulins à vent avec de moins en moins de personnel, de moins en moins de moyens. C’est un monde violent où nous sommes confron- tés à la mort, où l’on ne peut parfois pas prendre la main d’un patient en fin de vie par manque de temps. Ce sont des situations difficiles, sans recon- naissance. L.P.B. : Fait-on ce métier pour obtenir de la reconnaissance ? L.T. : Non, évidemment,mais on a besoin de se sentir soutenu car nous vivons

Laurent Thinès : Cette reconnaissance de la communauté médicale me fait chaud au cœur. Ce sont surtout des textes qui parlent aux médecins hospitaliers car certains se recon- naissent. J’ai choisi l’universmédiéval dans ces poèmes car il repré- sente dans son organi- sation, sa hiérarchie, sa violence, le monde hospitalier.

“J’ai été touché par le suicide de deux ex- collègues.”

LA GARDE DE NUIT Aux éditions Z4 À la librairie L’Intranquille et aux Sandales d’Empédocle à Besançon

Les Grandes Heures Nature se déconfinent Le festival outdoor de Besançon revient en 2021 sous une forme éclatée, organisé en trois temps pour mieux s’adapter aux contraintes sanitaires. La première date, fixée au 12 juin, est pour l’heure maintenue. SPORT Activités nature

notamment une randonnée kayak entre Chalèze et Besan- çon et quatre itinéraires cyclistes partant de Thoraise, Saône, Roche-lez-Beaupré et Devecey. “On se greffera aussi à l’opéra- tion Road to Rome sur la Via Francigena.” Des joutes de dra- gon-boat sur le Doubs et une highline, tirée entre le pont Canot et la tour bastionnée des Cordeliers, compléteront le spec- tacle. La rentrée verra, elle, les Raids X’Périence qui combinent course d’orientation, trail,V.T.T., canoë- kayak, escalade… et un spec- tacle de V.T.T. trial à Chamars. Les animations autour du sport santé, prévues en juin, devraient aussi être reportées à cette date. Bien sûr, tout cela reste subor- donné au contexte sanitaire. “Les jauges de participation ont été étudiées pour répondre aux exigences et revues à la baisse par rapport aux objectifs de départ” , concède l’élu. Ce format éclaté, qui amène plus de contraintes et de travail, limite aussi la programmation. n S.G.

ser deux années sans l’organiser. La première édition tenue en 2019 a été un gros succès, avec 14 000 visiteurs réunis sur 4 jours et près de 3 000 compéti- teurs” , souligne François Bousso, conseiller communautaire délé- gué à l’écotourisme, à ce pro- gramme et aux congrès. D’autant que l’événement a enclenché la stratégie de pro- motion des activités outdoor sur le territoire. Contrariée depuis par la Covid-19. Pour sauver la saison 2021, il a donc été décidé de repenser le festival, en l’or- ganisant non plus sur plusieurs jours consécutifs mais sur trois dates. “Ce qui permet de répartir les risques et de maintenir cer- taines choses en cas d’annula- tion, mais aussi de pouvoir en parler tout au long de l’année.” Car l’attente est bien là, à en croire les réactions nombreuses sur les réseaux sociaux en sep- tembre, à la première annonce du maintien de l’édition. Depuis, il a encore fallu s’adap- ter. Le premier temps, prévu le 12 juin, voyant déjà quelques ajustements. “On a déporté le

rendez-vous au parc de la Rho- diacéta et il n’y aura finalement pas de village partenaire, ni de public” , indique Le marathon relais de l’Ékiden est, lui, maintenu “et il y aura cette année un chal- lenge intercom- munal. On invite chacune des 68 com- munes àmonter une équipe.” Des François Bousso.

L es organisateurs d’événe- ments vous le diront : organiser quelque chose dans le contexte actuel

pole n’a pu se résigner à renon- cer à nouveau à son tout jeune festival des Grandes Heures Nature. “On ne pouvait pas pas-

relève du vrai casse-tête. Pour ne pas dire de l’impossible.Mais après l’annulation de l’édition de 2020, Grand BesançonMétro-

Une nouvelle highline entre Canot

et le petit Chamars.

Les inscriptions seront ouvertes prochainement sur le site www.grandes- heures-

randonnées pédestres mixtes pour tout public seront égale- ment programmées, avec le len- demain une épreuve de Coupe du monde de para-triathlon à Osselle. Les deux autres dates du 18 juil- let et du 25 septembre conser- vent pour le moment leur pro- grammation initiale. Activités nautiques et vélo seront plus mis à l’honneur cet été, avec

nature.fr (photo E. Chatelain).

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