la Presse Pontissalienne 216 - Octobre 2017

SPECIAL HABITAT

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La Presse Pontissalienne n°216 - Octobre 2017

Fin du Pinel le 31 décembre pour Pontarlier, Morteau, Valdahon.

fin du pineL : Pontarlier, Morteau et Valdahon ne seront plus éligibles au dispositif fiscal en 2018. L’arrêt du prêt à taux zéro inquiète encore plus : il va creuser les inégalités dans ce Haut-Doubs à deux vitesses.

“Attention à la fracture territoriale”

chif fres

300

C’est le nombre de logements qui ont pu être créés dans le Haut- Doubs grâce au dispositif Pinel.

Les conseiLs

pression foncière sur les terres agri- coles dans les villages en périphérie” indique l’élue. La députée précise qu’elle a sollicité le ministre de l’Action et des Comptes publics. Elle déposera des amende- ments lors de l’étude prochaine du projet de loi sur le logement et du pro- jet de loi de finances à l’Assemblée nationale le 17 octobre pour mainte- nir des dispositifs justes “afin de ne pas accentuer la fracture territoriale dans nos zones rurales et de mon- tagne.” Valdahon qui a obtenu le premier sésa- me en août dernier en profite de maniè- re éphémère. “Pour boucler un dos- sier Pinel, il va en effet falloir faire vite car le temps de monter un dossier prend plusieurs semaines” explique un courtier qui valide en ce moment des contrats pour le compte de clients du Haut-Doubs. Même s’il peut y avoir des dérogations “Pinel” au cas par cas, les villes du Haut-Doubs ne devraient pas en bénéficier au vu du contexte. n

L’ annonce a été faite par le gou- vernement le 20 septembre der- nier. Pontarlier, Morteau et Val- dahon seront exclus du dispositif issu de la loi dite “Pinel” des zones B2 à partir du 31 décembre (voir l’article en page 24 pour plus de détails sur cette mesure). Seules les “grandes” villes en bénéficient encore. Ce dis- positif permet de la défiscalisation sur de l’investissement locatif. C’est un moyen de doper la construction et la mise en location de biens comme ce fut le cas à Pontarlier, Morteau et Val- dahon (depuis août pour cette der- nière), communes jusque-là concer- nées parce qu’il existait une “tension locative”. “Le Pinel a été peu utilisé dans le Haut- Doubs, remarque Fabrice Jeannot, président des promoteurs immobi- liers. Il y aura sans doute une inci- dence sur la production de logements mais elle ne sera pas si forte car beau-

du pro Fabrice Jeannot, président des promoteurs immobiliers de Franche-Comté.

“Faire confiance au marché”

(Les Républicains) qui s’inquiète : “Le Haut-Doubs est attractif pour de nom- breux travailleurs en raison de la proxi- mité de la Suisse, ce qui engendre une forte demande de biens immobi- liers sur le marché locatif. La loi Pinel a permis de résoudre cette difficulté avec, depuis son entrée en vigueur, une moyenne de 300 logements annuels mis en chantier. La construc- tion de nouveaux logements dans ces deux villes situées en zone rurale a attiré une population qui diminue la

coup de personnes investissent dans cette zone sans faire appel au dispo- sitif fiscal. Là où je suis plus inquiet, c’est pour l’arrêt du prêt à taux zéro. Ceux qui ne seront pas frontaliers ne pourront pas construire où le terrain est cher. Le fossé va se creuser et les personnes obligées d’aller construire plus loin, là où le foncier est moins cher. C’est une double peine” dit le professionnel. La décision du gouvernement fait réagir la députée du Doubs Annie Genevard

Même s’il avoue que le marché a besoin de cadres et de règles, Fabrice Jeannot regrette que l’État ne fasse pas confiance au marché. Il prend exemple de Montbéliard, ville qui bénéficie du Pinel (zone B2) mais qui a seulement construit une vingtaine de logements cette année. En clair, le marché s’autorégule et répond là où la demande en logements est forte.

un marché équiLibré et des prix stabLes Transactions : C’est une lapalissade que d’affirmer l’influence des revenus frontaliers sur le marché immobilier du Haut-Doubs.

historiquement bas…

Ce ne sont pas des prix qu’il s’agit mais bien des taux qui en moins de 10 ans sont passés de près de 4 % à moins de 2 % pour un emprunt en euros. Plus le dossier est bon, entendez par là, plus les revenus sont élevés, plus la négociation est avantageuse et donc les intérêts faibles. Cette

conjoncture a nettement favorisé le marché des

transactions immobilières ces dernières années et ne semble pas devoir s’inverser. Cette

situation a aussi réduit l’attrait des dossiers en

Le pouvoir d’achat est là et largement supérieur au reste du département. Les prix sont donc hauts et les biens assez faciles à vendre… Encore faut-il qu’ils ne soient pas en trop mauvais état et que le prix soit juste !

devises (environ 1,3 %) alors qu’en euros le taux est certes de quelque dixième supérieur mais a l’avantage d’être fixe et non variable.

“L e marché dans le Haut- Doubs est aujourd’hui équilibré” explique Pier- re Gelin qui dirige plu- sieurs agences Century 21 à Pon- tarlier, Morteau, Maîche et Valdahon. “On a en effet un nombre d’offres et de demandes comparables, ce qui fait que les prix ont tendance à stagner.” Le professionnel tient tout de même à préciser qu’il convient de distinguer trois types de biens, maisons ou appartements, qui connaissent des évolutions diffé- rentes : “Des logements datant d’avant les années quatre-vingt et sans extérieur voient leur prix de vente baisser. Il est stable pour des biens intermédiaires construits

entre 1980 et 2010 et en hausse pour des logements plus récents ou rénovés avec de beaux exté- rieurs.” Pour Bruno Belliard de l’agence Laforêt à Morteau, sur son secteur en particulier, “les maisons se vendent assez facilement et dans des délais raisonnables, si l’on excepte celles nécessitant de lourds travaux d’isolation. On a la même hésitation des acheteurs pour des appartements dans des copropriétés très anciennes.” L’analyse unanime des profession- nels de la transaction immobilière se poursuit quand il s’agit d’évo- quer l’impact bénéfique de la bais- se des taux d’emprunt connue ces dernières années. “Les primo-accé-

Le Haut-Doubs forme un micromarché immobilier particulier dû à la présence des travailleurs frontaliers avec de hauts revenus.

souligner les éléments de compa- raison qu’ont aujourd’hui vendeurs et acquéreurs pour apprécier les réalités du marché, d’où la néces- sité de réaliser des estimations justes. “Une surestimation même de 5 % pénalisera un bien qui ne se vendra donc pas dans des délais raisonnables.” Cette précision indis- pensable est, avec la sécurité juri- dique apportée à la transaction, l’un des arguments des agences immo- bilières pour convaincre les ven- deurs de faire appel à elles. Com- me le dit un célèbre agent et présentateur télé, “si le prix est trop haut, pas de visite, donc pas d’offre d’achat et pas de vente.” n

ticulier sur les secteurs de Morteau et Pontarlier, l’arrivée de ressortis- sants suisses, “des frontaliers à l’en- vers” , qui, compte tenu d’une acces- sion à la propriété plus facile ici et d’un niveau de vie plus élevé en France avec leur salaire franchis- sent le pas. “C’est pour nous un marché de niche que l’on constate mais qui n’entraîne pas de spécu- lation sur les prix” note Pierre Gelin. Les prix justement, ces profes- sionnels se refusent à donner des chiffres au mètre carré tant les cri- tères sont nombreux pour le déter- miner. Ils sont tous d’accord pour

dants qui sont embauchés en Suis- se n’hésitent plus à se lancer dans un achat même pour les plus jeunes en profitant de ces taux bas, et désormais en euros plutôt qu’en devises pour ne pas risquer de varia- tions avec le taux variable appliqué aux emprunts en francs suisses. La différence est aujourd’hui minime” explique Cédric Valion de Morteau- Immobilier. Des jeunes gens qui pour beaucoup d’ailleurs ne pas- sent plus aujourd’hui pas l’étape location avant de devenir proprié- taires. Élément à noter également en par-

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