La Presse Pontissalienne 302 - Mars 2025

L’interview du mois 7

Mars 2025

l’Espagne et l’Italie peuvent désormais nous donner des leçons sur la maîtrise de leur dette publique. Le deuxième défi est celui du taux de chômage. Celui-ci devrait progresser en 2025 et en 2026 avant de redescendre en 2027. Le troi sième enfin, c’est le contexte interna tional qui jouera fortement sur nos per formances françaises. On est donc clairement dans une phase d’incertitudes fortes, avec des éléments de bascule d’un côté ou de l’autre, difficiles à iden tifier. Il faudrait aussi que d’un point de vue politique les bonnes décisions

Quant aux défaillances d’entreprises, elles ont retrouvé leur niveau d’avant Covid (65 000 en France). À l’échelle du Doubs, on a enregistré 4 417 défaillances (liquidations ou redressements judi ciaires), c’est 20 % de plus qu’en 2023. C’est tout sauf neutre… Quels enseignements tirez-vous pour 2025 de l’enquête que vous effectuez auprès des entre prises du Doubs à laquelle plus de 1 250 entre prises ont répondu ? L.Q. : Sur le plan national déjà, la crois sance devrait rester légèrement positive en 2025, mais faiblement (+ 0,9 %), avant de regagner en vigueur en 2026 et en 2027 (+ 1,3 %). Aux États-Unis, les pré visions sont de 2,7 % et en Chine de 4,6 % pour cette année. En France, le P.I.B. devrait être soutenu par la consom mation des ménages, même si le taux d’épargne, avec 16 % des revenus, reste un des plus élevés du monde et pose donc problème pour la relance par la consommation. Au niveau régional, les entrepreneurs escomptent une hausse de leur chiffre d’affaires de + 3 % cette année dans l’industrie et la construction pourrait se relancer, mais pas avant le second semestre. En résumé, on sera un peu dans le ventre mou cette année. Quels sont alors les défis à relever pour notre économie ? L.Q. : Il y en a trois. La dette publique d’abord, qui va atteindre en France 117 % du P.I.B. d’ici la fin de l’année ! On est ainsi devenu le mauvais élève de la zone euro, si bien que la Grèce,

soient prises sur l’assai nissement des finances publiques et qu’une vraie impulsion soit don née en matière d’inno vation dans les nouvelles technologies. Qu’en disent les dirigeants d’entreprises de ce tableau plutôt sombre ?… L.Q. : Ils sont nombreux à dire que depuis main tenant cinq ans, depuis la pandémie de Covid, la route va de cahot en cahot et que le pilotage d’une entreprise est devenu de plus en plus aléatoire. Il faut sans cesse s’adapter et la plu part s’y emploient cou rageusement. n Propos recueillis par J.-F.H.

“20 % de défaillances de plus dans le Doubs par rapport à 2023.”

Laurent Quinet est à la tête de la Banque de France du Doubs depuis l’an dernier.

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