La Presse Pontissalienne 302 - Mars 2025

4 Pontarlier

La Presse Pontissalienne - Mars 2025

SANTÉ

Des difficultés conjoncturelles et non structurelles

“Le C.H.U. a tout intérêt à ce que Pontarlier se développe” Thierry Gamond-Rius, le directeur du C.H.U. Minjoz qui pilote depuis

T.G.-R. : Dans cette phase de tran sition, il faut s’appuyer sur les éléments positifs et se fixer des objectifs pour gérer les difficultés extérieures et surtout ne pas rester englué dans nos pro blèmes. Le C.H.I.H.C. constitue une pierre angulaire au sein du Groupement Hospitalier Terri torial. Il dispose d’un plateau technique complet et s’inscrit dans un bassin de population avec un potentiel d’activité important. On observe aussi un attachement des professionnels à cet établissement, ce qui est un signe de stabilité. Autre point positif : l’absence de concurrence sur ce bassin. L’activité médicale est solide. On note une progres sion de 6 % sur l’activité gynéco obstétrique. L’activité extérieure augmente de 5 %, j’y vois là aussi une preuve de confiance de la médecine de ville dans son éta blissement. L’activité de la mai son médicale de garde est en pleine croissance, soulageant ainsi le service des urgences. Les équipes mobiles sont au cœur du réseau territorial. Idem pour la gériatrie, on sent que cela frémit et c’est la réponse du C.H.I.H.C. au vieillissement de la population.

plusieurs mois la gestion de l’hôpital de Pontarlier travaille au développement des coopérations entre les deux établissements tout en déplorant un déficit de 7 millions d’euros au bilan d’activité du centre hospitalier intercommunal de Haute Comté (C.H.I.H.C.) en 2024.

L a Presse Pontissalienne : L’année 2024 a été très particulière ? Thierry Gamond-Rius : Personne, et moi le premier, ne pensait que je serais là pour diriger le C.H.I.H.C. suite aux change ments majeurs survenus en 2024. J’ai pleinement conscience de l’impact psychologique de ces éléments sur l’ensemble des ser vices. La non-certification de l’établissement au premier semestre est en grande partie non méritée, mais quand même. On enregistre aussi en 2024 des départs en retraite de chirur giens avec un impact notable sur l’activité. T.G.-R. : Fin 2024, l’hôpital accu sait un déficit de 7 millions d’eu ros contre 2 millions en 2023. La situation restera tendue en 2025 avec un rebond possible mais pas avant l’automne. L.P.P. : Vous ne perdez pas espoir ? T.G.-R. : Je ne suis pas le liqui L.P.P. : Comment se traduit cette situa tion sur le budget ?

ce point-là, avantage aux gros établissements. On doit aussi s’adapter aux changements de mentalités avec des profession nels plus attentifs à la vie fami liale, à l’allégement des tours de garde et qui cherchent de ce fait à intégrer des équipes plus importantes. L.P.P. : L’interdépendance semble de mise entre les hôpitaux publics ? T.G.-R. : Comme le C.H.U. doit se concentrer sur ces activités de recours, il a besoin des plateaux techniques extérieurs comme celui de Pontarlier. On peut évo quer la réussite de l’Institut Régional Fédératif du Cancer qui mobilise 220 praticiens par tagés sur la Franche-Comté. Les résultats sont là avec une mor talité qui baisse plus vite en Franche-Comté qu’ailleurs tout comme les délais entre l’inter vention chirurgicale et la chi miothérapie. L.P.P. : Pontarlier a toute sa place dans ce maillage sanitaire ?

dateur judiciaire. J’ai accepté cette mission car c’est l’occasion de mettre en œuvre des travaux pratiques. Je crois beaucoup aux complémentarités respec tueuses, à la coopération collec tive. L.P.P. : C’est une stratégie pour résister au privé ? T.G.-R. : Le groupe Elsan a racheté toutes les cliniques privées de Franche-Comté et ensemble, nous devons répondre à cette stratégie tout en continuant à

“Je ne suis pas le liquidateur judiciaire. J’ai accepté cette mission car c’est l’occasion de mettre en œuvre des travaux pratiques”, explique Thierry Gamond-Rius qui assure l’intérim à la direction du C.H.I.H.C.

de venir sur Pontarlier plutôt que d’aller à Besançon. Le tout en restant toujours aussi vigilant et exigeant sur la qualité. L.P.P. : Le recrutement d’un nouveau directeur est-il en cours ? T.G.-R. : Pour l’instant, je gère l’intérim avec différentes mis sions à mener. On a conforté la maternité et on souhaite déve lopper la même stratégie en chi rurgie orthopédique et digestive. Il faut encore ramener de l’ac tivité de cancérologie sur Pon tarlier avec des postes partagés C.H.U.-C.H.I.H.C. On profite de l’intérim pour tout mettre en œuvre et il y a donc de fortes chances que je reste ici au moins six mois. n Propos recueillis par F.C.

T.G.-R. : Tout à fait et cela s’est traduit par l’attribution des cré dits pour la restructuration des urgences. Soit 14 millions d’eu ros investis dans la construction d’un bâtiment neuf opérationnel en 2028. On peut aussi men tionner le projet d’Unité d’Hé bergement Renforcé à l’E.H.P.A.D. du Larmont dont le coût s’élève à plus de 2 mil lions d’euros. L.P.P. : Quels objectifs pour 2025 ? T.G.-R. : On devra travailler à la récupération de la certification. Il faudra éviter de creuser le déficit budgétaire, être au clair sur la stratégie de développe ment que l’on souhaite porter, essayer de convaincre davantage la population du Val de Morteau

garantir des soins de qualité à tous. L.P.P. : Seul le collectif permettra de répondre à la spécialisation des professions de santé ? T.G.-R. : Effective ment, les praticiens sont de plus en plus spécialisés. Ils sont donc à la recherche d’un volume d’acti vité qui leur per mette d’exercer. Sur

“La situation restera tendue en 2025.”

L.P.P. : Les projets sont toujours d’ac tualité ?

SANTÉ

Conforter la permanence de soin 3 866 patients reçus à la maison médicale de garde

O ptimisation des tours de garde entre généralistes, désengorge ment des urgences : les attendus de cette maison médicale de garde en service depuis le 1 er juin 2024 étaient aussi simples qu’ambitieux.

teur dans les actions visant à améliorer l‘offre de santé. Je pense au cabinet éphémère dont l’exemple a été repris et dupliqué partout en France. Avec cette maison médicale de garde, c’est entre 20 % et 30 % de bobologie en moins aux urgences.” S’il elle a permis de maintenir une per manence de soins obligatoire, cette mai son médicale de garde ne résout pas tous les problèmes notamment ceux liés à la question de la mobilité sur le secteur et qui fait l’objet d’une réflexion avec tous les acteurs locaux. “Difficile de mettre en place des services de trans port sur un territoire très atomisé comme c’est le cas du Haut-Doubs forestier” , précise le maire de Pontarlier. Les médecins du nouveau secteur de garde y trouvent également leur compte. Ils sont 38 sur les 42 généralistes exer çant sur le territoire de la C.P.T.S. Haut Doubs forestier à intervenir à la maison médicale de garde. Les plus éloignés sont contraints de venir jusqu’à Pon tarlier mais sur un rythme de garde très espacé. La maison médicale de garde est entièrement financée par l’A.R.S. qui verse chaque an 140000 euros au fonctionnement du dispositif. n F.C.

“Quatre secteurs de garde ont fusionné en un seul pour répondre à une pénurie de médecins. Cela permet aussi d’ap porter une réponse aux 9000 patients sans médecin traitant” , rappelle Fabien Noreille, co-président de la communauté professionnelle territoriale de santé (C.P.T.S.) du Haut-Doubs forestier qui englobent 101 communes sur le Doubs et le Jura. En six mois, cette nouvelle structure située en face de l’hôpital de Pontarlier a accueilli 3 866 patients dont 80 % via le 116 - 117 et 20 % réorientés depuis le service des Urgences. Les objectifs sont déjà largement atteints avec une répartition plus équitable des gardes, ce qui renforce l’attractivité du territoire sur le plan sanitaire. “On est particu lièrement heureux de ce dispositif qui favorise aussi les échanges entre les praticiens” , indique un urgentiste. “C’est un projet très collectif. Toutes les phar macies ont joué le jeu. Cela permet de remplir les tableaux de garde chaque soir, chaque week-end” , explique Agnès Hochard, déléguée de l’A.R.S. dans le Doubs. Satisfaction aussi de Patrick Genre, le président du conseil de sur veillance du C.H.I.H.C. très engagé sur les questions hospitalières. “On a la chance d’être sur un territoire très nova

Six mois après sa mise en service, la maison médicale de garde suscite un satisfecit général en montrant aussi l’intérêt de mobiliser les acteurs locaux de la santé pour trouver des solutions qui correspondent aux besoins du territoire.

“C’est l'abou tissement d’un projet qui a pris forme il y a deux ans et qui s’est accéléré en 2024”, rappelle Laure Jagiello, directrice de la C.P.T.S. du Haut-Doubs forestier.

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