La Presse Pontissalienne 297 - Octobre 2024
L’interview du mois 5
La Presse Pontissalienne n°297 - Octobre 2024
faire le choix de tout centraliser. Mais les activités réalisées dans les autres hôpitaux permettent de soutenir l’établissement, d'éviter le déplacement des patients et de laisser du temps au C.H.U. pour la recherche et ses missions de recours. En Franche Comté, nous avons le très bel exemple de l’I.R.F.C. (Institut régional fédératif du cancer). Ce modèle fonctionne depuis 15 ans. Il garantit d’avoir un praticien, une qualité de soins qu’on n’a pas toujours du fait des problèmes de recrutement, un délai de prise en charge plus rapide notamment entre la chirurgie et la chimiothérapie. Ce modèle montre une réactivité au plus près de la population. Aujourd’hui, nous étendons ce modèle à toutes les disciplines. La Franche-Comté compte 222 postes partagés. Avec Pontarlier, nous développons une coopération de fond. L.P.P. : Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? T.G.-R. : Par exemple, le service de gynécologie-obstétrique a soutenu la maternité de Pontarlier (1000 accouchements par an). Nous avons développé les postes partagés. Cela permet aux jeunes praticiens de garder un pied au C.H.U. et d’avoir sur l’autre plateau une liberté qu’ils n’ont pas forcément à Besançon. Nous avons lancé une fédération médicale interhospitalière en gynécologie-obstétrique entre Pontarlier et Besançon que nous élargissons à la chirurgie viscérale, l’orthopédie, l’O.R.L. et les urgences. Concrètement, chaque établissement reste autonome. Cette fédération formalise les postes partagés et améliore les possibilités de recrutement sur Pontarlier. Par ces postes partagés, on essaie de développer le maillage du territoire. Il y a 20 ans, le bloc opératoire à Dole aurait fermé. Là, on fait de l’ambulatoire, Directeur de l’hôpital de Pontarlier par intérim professionnels le Haut-Doubs, que ça”
on ramène de l’activité sur les établissements.
L.P.P. : Quelle est la situation au C.H.U., qui reste l’hôpital de recours de la région ? T.G.-R. : Lors de ma prise de fonction début 2023, l’hôpital était en phase de transition avec les équipes épuisées et des difficultés de recrutement. L’année dernière a été plutôt positive avec une belle attractivité. 200 professionnels ont été recrutés, 200 postes en plus pour accompagner des projets et remettre à niveau cer taines équipes. Cette tendance se confirme avec, cette année, 200 nouveaux professionnels en plus. De quoi développer des activités nouvelles. Et nous mettons un accent particulier sur les internes, nous avons intérêt à les inciter à venir travailler chez nous et à rester. Nous insistons sur l’intérêt géographique du C.H.U., central en Franche-Comté. L.P.P. : Outre le recrutement qui tend à s’améliorer, quelle est la situation au niveau de l’accueil des patients ? T.G.-R. : Aujourd’hui, on ne refuse pas de patients. Sur un an, nous avons rouvert une quarantaine de lits avec un focus sur la cancérologie et la gériatrie. Il y a eu une reprise de l’activité en chirurgie, le développement de l’ambulatoire. Idéalement, on devrait rouvrir une vingtaine de lits supplémentaires mais nous sommes confrontés à des problèmes de locaux. Le dispositif Service d’accès aux soins (S.A.S.) de la médecine libérale permet en outre d’éviter que des patients arrivent aux urgences faute de rendez-vous en ville. Le centre d’enseignement et de soins dentaires a ouvert en sep tembre. En 2026, le nouveau bâtiment de psychiatrie sera opé rationnel avec la remontée des services de Saint-Jacques. Puis, il nous faudrait dans les deux ans, être en capacité d’ouvrir une vingtaine de lits de médecine polyvalente pour peu qu’on trouve des professionnels. L’idée est d’un service de médecine polyvalente en aval des urgences qui ferait le lien avec la médecine de ville, les établissements médico-sociaux pour accélérer les sorties. Il faut travailler la sortie d’hôpital car trop de patients qui ne nécessitent plus d’hospitalisation occupent un lit, faute de solution à la sortie. On a du mal à faire ressortir les personnes des urgences, notamment les personnes âgées. n Propos recueillis par L.P.
Thierry Gamond-Rius, directeur du C.H.U. de Besançon, et également directeur par intérim de l'hôpital de Pontarlier.
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