La Presse Bisontine 234 - Décembre 2021

LE DOSSIER 22

La Presse Bisontine n°234 - Décembre 2021

décembre 2011 - décembre 2021 Les 10 ans peu gLorieux du T.g.V. rhin-rhône

Il serait étonnant que la S.N.C.F. et ses partenaires fêtent cet anniversaire… Inaugurée le 11 décembre 2011, la ligne à grande vitesse qui dessert la gare Besançon Franche-Comté T.G.V. est loin d’avoir rempli ses promesses. Trafic, gare, zone économique et même colère des taxis. La L.G.V. Rhin-Rhône a encore tout à prouver.

l Anniversaire 3 millions de voyageurs au lieu de 11 La ligne à grande vitesse n’a pas tenu ses promesses Un cadencement en baisse, une fréquentation inférieure aux prévisions, une gare des Auxons peu vivante, une zone d’activités moribonde… Le bilan n’est pas reluisant pour la ligne mise en service le 11 décembre 2011.

L’inauguration de la gare des Auxons baptisée Besançon Franche-Comté T.G.V. a eu lieu en décembre 2011, il y a tout juste dix ans.

I l y a dix ans quasiment jour pour jour, les sourires étaient de rigueur. Les élus locaux avaient même eu droit à la visite du président de la République de l’époque,Nicolas Sarkozy, flanqué de sa ministre des Transports Nathalie Kosciusco-Morizet. Du beau monde, un bel l’enthousiasme… mais qui fut de courte durée car ni du point de vue de la gare Besançon Franche- Comté T.G.V. (Les Auxons) ni de celui du trafic ferroviaire sur cette ligne, les résultats ne sont à la hauteur des espé- rances. Pourtant, les promoteurs de la ligne à grande vitesse et des deux nouvelles gares des Auxons et de Méroux-Moval vers Belfort étaient formels : “Les deux nouvelles gares T.G.V. accueilleront 1 million de voyageurs et sont exem-

cette ligne…” coupe la direction régionale de la S.N.C.F. qui a forcément revu ses ambitions à la baisse. Dix ans tout juste après la mise en ser- vice de ce premier segment de la L.G.V. Rhin-Rhône, on est toujours en train de discuter du bien-fondé de terminer, ou non, les travaux prévus au départ. On le rappelle : le premier barreau de la L.G.V. dont la première section s’étend sur 140 kilomètres n’est toujours pas terminé. La portion entre Petit-Croix (Territoire-de-Belfort) et Lutterbach (Haut-Rhin) est toujours à l’état de pro- jet. Quant à la branche Sud censée rejoindre Lyon et la Méditerranée, il y a longtemps qu’elle a été abandonnée, faisant de cette L.G.V. Rhin-Rhône une bancale L.G.V. Rhin-Seine. n J.-F.H.

de prix prévues dans les secteurs proches des gares n’ont généralement pas été observées : l’arrivée de la L.G.V. n’a pas eu d’effet significatif sur le prix du foncier, à l’exception du pays riolais (Haute-Saône) situé au nord de la gare B.F.C.T.G.V.” note un rapport duConseil général de l’environnement et du déve- loppement durable. Le trafic ferroviaire sur cette L.G.V. est également bien loin des chiffres annoncés : il serait d’à peine 3 millions de voyageurs par an au lieu des 11 mil- lions annoncés. Sur la ligne Paris-Besan- çon, la S.N.C.F. annonce aujourd’hui un trafic de Paris “plus de 1 400 voyages par jour en moyenne” , soit 500 000 par an. “Nous ne ferons pas de commentaires sur le bilan économique et de flux de cette desserte et plus généralement de

que “les fréquentations voyageurs et non voyageurs de la gare Besançon Franche-Comté T.G.V. sont de 729 141” (chiffre 2019, dernière statistique dis- ponible). La S.N.C.F. fondait beaucoup d’espoir dans cette gare présentée comme faisant partie des premières gares de France à être labellisées H.Q.E. comme Haute qualité environnemen- tale. Autour de la gare, pas plus d’effets. Les élus de l’époque annonçaient la création de 1 500 emplois autour de la gare. Une récente étude duministère de l’Écologie datant de juillet dernier note d’abord que “l’effet de polarisation autour des gares nouvelles a été plus important sur le secteur Belfort MontbéliardT.G.V. que sur celui de Besançon Franche- ComtéT.G.V.” et que “les augmentations

plaires en matière de développement durable, d’intermodalité et de services” triomphait alors Sophie Boissard, la directrice générale de Gares et Connexions, la branche de S.N.C.F. dédiée aux gares. Côté fréquentation de la ligne, l’opérateur ferroviaire fran-

çais prévoyait “11mil- lions de voyageurs sont attendus sur ce nouvel axe ferroviaire européen, et, annon- çait-elle toujours offi- ciellement, avec dès 2012 des liaisons directes avec l’Alle- magne, la Suisse, puis l’Italie (Milan).” Dix ans après, la même filiale annonce

“Nous ne ferons pas de commentaires sur le bilan économique.”

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