Le Doubs Agricole 45 - Mars 2025

ACTUAL I TÉ

8

coNFéDératioN PaySaNNe - NicolaS lecatre “L’alimentation locale et diversifiée est centrale”

L e Doubs Agricole : Êtes-vous surpris ou pas du résultat de cette élection ? Nicolas Lecatre : Nous attendions de meilleurs résultats mais nous conservons une représentativité dans le département. La surprise est venue de la volonté des médias de ne pas couvrir la campagne. Après une actua lité agricole en novembre et décembre exclusivement tournée vers la cou verture d’actions de dégradation de biens publics et d’agitation plus ou moins violentes des autres syndicats, nous espérions un moment démo cratique pour nous exprimer. Fermes ouvertes, supports vidéo et confé rences n’ont trouvé aucun relais. La moitié des agriculteurs de notre dépar tement n’a pas voté, cela doit inter roger. NL : Nous espérons que ce mandat sera fait de pragmatisme. Nous res terons disponibles pour construire avec tous ceux qui partagent ce point de vue. L’agriculture est dans l’im passe sur de nombreux sujets et les fausses solutions ne manquent pas : tout-chimie, robotique, panneaux solaires en plein champ, traités de libre-échange… La plupart de ces LDA : Quelles sont vos attentes pour ce nouveau mandat ?

solutions profitent à ceux qui les ven dent et non aux paysans !

solutions seront collectives, elles auront un coût, il faut une volonté partagée au-delà du monde agrico le. LDA : Pensez-vous que c’est une chance pour l’agriculture du Doubs d’avoir Annie Genevard comme ministre de l’Agriculture ? NL : M me Genevard a certainement toutes les connaissances nécessaires sur le fonctionnement de l’A.O.P. comté et son système coopératif pour s’en inspirer dans son ministère. Mal heureusement, ce n’est pas la voie qu’elle semble suivre. Par ailleurs, l’agriculture du Doubs est à bien des égards privilégiée et non représen tative des crises profondes que tra versent les agricultures d’autres régions. Nous avons une vision plus large que nos frontières départe mentales, solidaires avec les paysans de France et d’ailleurs. LDA : Votre position sur les risques de prédation du loup sur le bétail ? NL : Nous sommes avant tout pour la protection : celles des paysans et des paysannes avant tout et de leurs troupeaux. Le risque est désormais avéré et présent partout sur le terri toire national. Les tirs de défense per mettent de faire baisser la pression à un moment donné, ils ne sont pas la seule solution et encore moins à long terme. Anticiper et s’équiper dès maintenant doit être une priorité. Il faut reconnaître la protégeabilité de nos troupeaux et aider concrètement les paysans et paysannes qui sou haitent se préparer. Les paysans ne sont pas responsables de l’arrivée de ce prédateur. Comme pour le changement climatique, ils subissent, cherchent à s’adapter et à atténuer les impacts. La société doit le com prendre et accepter les moyens de protection mis en œuvre. n Propos recueillis par F.C.

LDA : Avez-vous des questions ou des suggestions à émettre par rap port aux missions et au fonction nement de la Chambre interdé partementale d’agriculture 25-90 ? NL : Les compétences des salariés de la Chambre doivent être valori sées. Nous avons besoin de déve lopper l’appui juridique pour les sta

LDA : Les chantiers, dossiers qu’il faudrait traiter en priorité ? NL : L’alimentation locale et diversi fiée est centrale. Il nous faut construi re collectivement les conditions de réussite d’un tel projet. Dans un ter

ritoire riche et fier de ses A.O.P., il nous faut encourager l’émergen ce d’un tissu dense de productions diversifiées basées sur la coopéra tion. Cela passe par une politique ambitieuse de

tuts des fermes et d’avoir des conseillers spécia lisés par exemple. La Chambre a toujours été un lieu d'échanges constructifs et de débats variés. Nous espérons qu’elle restera la maison

“L’agriculture est dans l’impasse sur de nombreux sujets.”

réserves foncières et d’accompa gnement de nouveaux porteurs de projet, pour des installations viables, vivables et soutenables. LDA : Votre point de vue sur la nou velle loi de programmation agri cole ? NL : La nouvelle loi de programma tion n’est pas à la hauteur des enjeux. C’est un brassage de vieilles recettes et de démagogie alors qu’il faut main tenant donner un nouveau cap pour une agriculture résiliente au plan cli matique et environnemental, viable économiquement et enviable socia lement.

de tous.

LDA : Que faut-il faire ou entre prendre pour mieux répondre aux risques de pollution des eaux ? À la problématique de la ressource en eau en agriculture ? Au renou vellement des générations ? NL : Nous devons tout mettre en œuvre pour préserver ce bien com mun. Parmi les pistes à mettre en œuvre : ajuster la production à ce que les milieux naturels peuvent sup porter, optimiser l’usage des équi pements et le type d’épandage, conserver les infrastructures agroé cologiques comme les haies… Les

Nicolas Lecatre, leader local de la Confédération paysanne.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker