Le Doubs Agricole 44 - Novembre 2024
TECHNOLOGIES 38
SAnté mentALe
Quel dispositif d’écoute et d’accompagnement autour du mal-être agricole ?
Pour mieux appréhender le sur-risque suicidaire spécifique à la profession agricole, les pouvoirs publics ont défini une feuille de route qui se décline dans chaque département par des comités pléniers présidés par les préfets. Associant la m.S.A., la d.d.t. et les chambres d’agriculture, ces structures assurent des missions de prévention, de formation, d’écoute et d’accompagnement auprès des agriculteurs en situation de souffrance. décryptage.
cateurs humains, techniques, écono miques sur les entreprises fragilisées, d’où l’intérêt de travailler ensemble, de façon coordonnée au sein de ces comités pour agir le plus tôt possible” , poursuit Myriam Pelier. La proximité est essentielle dans le dispositif qui s’appuie désormais sur un réseau de 150 “sentinelles” déployées sur le territoire. “La M.S.A. est missionnée depuis 2022 pour for mer ces sentinelles. On organise plu
L es services de la M.S.A. Franche-Comté ont enregis tré 186 signalements d’agri culteurs en détresse psychique en 2023 et 84 signalements au pre mier semestre 2024. “Dans notre région, on note qu’il y a beaucoup de situations de fragilité liées à des pro blèmes personnels et familiaux : sépa rations, maladies, décès alors que les exploitations fonctionnent bien. La cause du malaise peut aussi être
d’hui le coordinateur national de cet te feuille de route qui s’est traduite dans chaque département par la mise en place de comités pléniers présidés par les préfets.
d’ordre professionnel liée à des conflits entre associés” , explique Myriam Pelier, responsable du programme préven tion et mal-être en agriculture à la M.S.A. Franche-Comté. L’augmentation significative des sui cides dans le monde agricole a été traitée au sein d’une circulaire inter ministérielle qui a défini une feuille de route partagée entre les ministères de l’Agriculture, de la Santé et du Travail. Le député Olivier Damaisin est aujour
sieurs sessions chaque année. Les candidats sont des personnes majeures en lien avec la profession : agricul teurs, agents D.D.T.,
Trois organismes sont impliqués : la M.S.A. pour l’aspect psycho social, la D.D.T. sur l’approche écono
84 signalements au premier semestre 2024.
mique, et la chambre d’agriculture sur le volet technique. “Chacun a des indi
services vétérinaires, G.D.S., ban quiers, comptables. Ils ont pour fonc tion de repérer, d’orienter, d’évaluer. On sait qu’il est toujours très difficile de recueillir l’accord de la personne en situation de fragilité. On essaie de travailler avec les proches, l’entoura ge. Dans le contexte agricole actuel qui est assez anxiogène, on est très vigilant vis-à-vis des nouveaux instal lés qui sont plus exposés. On sait qu’il faut environ quatre ans pour qu’une installation soit bien rodée et avant, le moindre grain de sable peut entraîner un malaise.” Des outils ont été mis en place com me le numéro Agri’Écoute (09 69 39 29 19) un service qui fonc tionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Quand la personne en souffrance accepte de l’aide, elle bénéficie du dispositif Solid’Agri, plateforme d’ac compagnement des agriculteurs en difficulté. “On constate aussi qu’on a tous des outils à disposition des agri culteurs qui sont encore peu connus. Je pense par exemple à “L’aide au répit” qui permet au bénéficiaire d’avoir un remplaçant le temps de souffler un peu, de réfléchir, d’être accompagné pour mieux repartir.” La M.S.A. dis pose aussi depuis longtemps de deux cellules internes pluridisciplinaires dédiées au mal-être et au maintien à l’emploi. n
Sylvia Mercier à l’écoute des agriculteurs en souffrance
“U n soir à l’heure de la traite, j’ai reçu un appel désespéré d’un agriculteur. J’ai tout laissé en plan pour aller le rejoindre et l’écouter, l’orienter vers le service susceptible de l’accompagner au mieux” , se souvient cette agricultrice associée avec son époux sur une exploitation en lait à comté au lieu-dit le Petit Paris (commune des Premiers-Sapins). Ce n’est pas un hasard si Sylvia Mercier a choisi de suivre la formation de Sentinelle. L’engagement, c’est son affaire. Administratrice à la M.S.A., elle préside également la commission sociale F.D.S.E.A. ainsi que le comité de prestation sociale des non salariés agricole. Le profil adéquat pour être la sentinelle d’un secteur s’étendant de Pierrefontaine-les-Varans à Pontarlier en passant par Vercel. “La formation est dispensée par des psychiatres, des travailleurs sociaux. C’est très instructif car on apprend
“La Sentinelle a pour mission de détecter, d’aller à la rencontre des agriculteurs en souffrance”, confie Sylvia Mercier, sentinelle sur le secteur Pierrefontaine-Vercel-Pontarlier et joignable au 06 85 44 48 11.
Phar’Andole. Animée par les services de la M.S.A., cette action prend la forme de séances d’information sur le repérage et l’orientation de la personne en risque ). n
par exemple à détecter à quel niveau se trouve la personne dans son mal-être. Il faut aussi ne pas avoir peur de poser les vraies questions.” Sylvia participe également à l’opération
Made with FlippingBook - Online magazine maker