Le Doubs Agricole 40 - Novembre 2022

ACTUAL I TÉ

naT u r e Attaques de loups : les éleveurs toujours à cran La tension ne retombe pas dans les exploitations agricoles du Haut-Doubs entre rochejean et Chapelle-des-Bois où les attaques de loups se sont multipliées depuis le mois d’août. Le Préfet est allé à la rencontre des éleveurs et des élus pour annoncer l’arrivée de la brigade d’intervention “loup” de Gap et trouver le cadre d’intervention légal le plus adapté à la situation.

“Q uand on évoque le problème, c’est une chose. Quand on le vit, c’est autre chose, explique Pierre-Henri Pagnier, éleveur à Chaux-Neuve qui a découvert le 12 septembre dernier une de ses génisses tuées par les loups dans l’al page qu’il exploite au Pré Maître Jean. J’ai le sentiment que le loup est en train de gagner la partie. L’heure est % % $% !% 2 $02 (6 +6 .061462524- +6 ./1%6' 46306 5 *3/),+, .6 -6*46($36 51 403 .,45. +#126 ./1%6 -13 126 *53)6..6/ 1243/1*6515%504,4,*3,' +54, +52- .5 2104 +1 51 -6*' 46($36 51 /2"6%0..6-' /24 +# 3& 6 403 5 ,4, 3,5.0-, +52- .6 )5+36 +#12 403 +6+,!62-6-0(*.6& .5,4,(0-62 1%36 5./3- 16 43/0- ./1*- ,450624 /$-63%,- 62 -041540/2 +#5445 16 -13 .6 43/1*651+1 & & & &)/2)632,& n % !% %! " # #$$

semblerait aussi qu’un groupe de quelques individus se soit installé entre la route des Charbonnières et le Mont d’Or. Les gardes fédéraux estiment que c’est peut-être ce troisième groupe qui soit à l’origine des attaques sur les troupeaux français. Fin septembre, le bilan sur le département du Doubs fait état de 12 attaques perpétrées de Rochejean à Chapelle-des-Bois avec 10 génisses tuées, 20 autres blessées et une brebis blessée. À l’échelle du massif jurassien franco-suisse, on comptabilise 20 bovins tués. Bien conscient de la souffrance des éleveurs, Jean-François Colombet se veut pragmatique. “Je suis venu ici pour sortir de la technocratie, de la technique. J’ai besoin de cela pour trouver des arguments qui l’espèce et, en même temps, l’intérêt de la filière agricole. Pour autant, il faut rester strictement dans la légalité en respectant l’arrêté ministériel de 2020.” Le Préfet du Doubs tient absolument à ne pas sortir de cadre légal voulant éviter d’avoir à gérer un “Notre-Dame des loups”. Une situation qui pouvait s’avérer tout simplement ingérable. Le protocole d’intervention pour protéger les bêtes d’élevage s’inscrit dans le cadre du plan loup élaboré sur les troupeaux ovins dans les Alpes. Ce plan ne prend pas en compte les spécificités du massif jurassien qui se caractérise notamment par le morcellement des parcelles, rendant impossible la surveillance des troupeaux la nuit. “J’ai demandé au permettront d’avoir des mesures spécifiques. Le sujet du loup est un sujet complexe. Il faut trouver des solutions qui combinent l’intérêt de

grave et c’est maintenant qu’il faut inverser les choses.” Face à la menace, il a décidé de rentrer ses bêtes tous les soirs pour ne plus vivre dans l’angoisse de nouvelles attaques. Une ineptie agricole au moment où les pluies de septembre ont permis une nouvelle pousse d’herbe sur des terrains où rien n’a poussé en juillet et en août. L’éleveur très remonté mais respectueux interpelle aussi le Préfet Jean-François Colombet en demandant à l’État de prendre en charge l’évacuation de la carcasse. “Je suis d’accord avec vous. Aujourd’hui, il n’y a pas de cadre légal mais j’entends la demande. Cela fait partie des spécificités vers lesquelles il faut qu’on avance” , lui répond le représentant de l’État lors de son déplacement dans le Haut-Doubs le 16 septembre dernier. Le retour du loup dans le massif du Jura a été officialisé en 2020 avec la formation d’une meute sur le secteur du Marchairuz en Suisse voisine. 10 veaux ont été tués en 2021 par les loups sur les alpages suisses. Une seconde meute a aussi été identifiée l’été dernier dans le massif du Risoux. Ces deux meutes regroupent aujourd’hui une vingtaine de loups. Il

Préfet coordinateur de reconnaître la non-protégeabilité des espaces agricoles à l’échelle des 13 communes concernées par les attaques, soit 117 exploitations. Cela permettra d’engager une action forte.” Le préfet coordinateur est celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le protocole comprend quatre niveaux d’intervention. D’abord les tirs d’effarouchement destinés à éloigner les loups. On passe ensuite aux tirs de défense simple à balles réelles qui permet de tirer sur un loup en situation d’attaque. Ces tirs peuvent être effectués par l’éleveur ou toute autre le Préfet. Les pro-loups se sont d’ailleurs manifestés en contrecarrant l’action des louvetiers placés en tir de défense simple sur un troupeau aux Villedieu. “Quand ils ont voulu allumer les phares pour éclairer le loup, une voiture en face a allumé les siens en provoquant la fuite du prédateur” , rappelle Loïc Scalabrino, éleveur aux Pontets. La mesure étant inefficace, le Préfet du Doubs a demandé l’autorisation de pouvoir procéder au tir de défense renforcé permettant la présence de plusieurs tireurs sur le même troupeau. Bonne nouvelle pour les éleveurs, il a obtenu des renforts de choix. “Nous attendons la brigade d’intervention “loup” de Gap. Ce sont des professionnels. Si on tire n’importe personne sous réserve d’être titulaire d’un permis de chasse. “Nous avons autorisé dix tirs de défense simple mais aucun n’a été réalisé” , reconnaît

Éviter d’avoir à gérer un “Notre-Dame des loups”.

Une vingtai ne de génisses oude veaux ont été tués par le loup dans le Doubs depuis le mois d’août.

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