Le Doubs Agricole 40 - Novembre 2022

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“La croissance du morbier ne se fera plus par le volume” Le comice qui se tenait à Labergement-sainte-Marie le 1 er octobre dernier servait de cadre à un double anniversaire :

les 40 ans de l’a.o.P. mont d’or et les 20 ans de l’a.o.P. morbier. L’occasion de revenir sur cette reconnaissance salutaire mais acquise aux forceps pour ce fromage au trait cendré qui

L es anciens administrateurs qui ont œuvré à la création de la filière étaient présents à Labergement à l’exception du regretté Fré déric Brunner, l’ancien fromager de Gran d’Combe-Chateleu qui s’était investi corps et âme dans ce dossier qui nécessitera quand même 10 ans de procédure. “Auparavant, rappelons qu’il se fabriquait autant de morbier à l’extérieur qu’à l’in térieur de la zone d’appellation. Le morbier a failli être un produit générique. Au lancement de l’A.O.P. en 2002, on était à 2 700 tonnes pour arriver aujour d’hui à 13 000 tonnes. On est passé d’une ving taine à 45 fabricants dont cinq producteurs fer miers. Il reste encore des places sur cette niche fermière” , explique Joël Alpy, le président du syn dicat interprofessionnel du morbier. Comme pour le mont d’or, le fromage à la raie cendrée repose sur une méthode de fabrication dite sensible qui réclame beaucoup de vigilance pour éviter tout risque de contamination. “On est de plus en plus performant dans la maîtrise du produit et on dispose d’outils d’analyses qui apportent conforte la dynamique des a.o.P. fromagères du massif jurassien.

“C’est toujours très compliqué de trouver le juste prix”, explique, à droite, Joël Alpy

une certaine sécurité même si on ne sera jamais 100 % à l’abri.” Reflet de l’évolution d’un contexte réglementaire, climatique et environnemental très mouvant, le cahier des charges des fromages A.O.P.

le président de l’A.O.P. morbier ici en compagnie d’Éric Février qui préside l’A.O.P. mont d’or.

“On en est déjà à une hausse de

prix de 5,2 %.”

pour le comté. L’objectif global vise à préserver des structures à taille humaine et qui restent ainsi transmissibles. Sans oublier que cela laisse aussi un peu temps pour que les producteurs continuent à s’investir dans les filières.” Avec l’été caniculaire, la production de morbier a connu un sérieux coup de frein même si septembre s’est avéré beaucoup plus favorable. “C’est comme si on avait un second printemps. Cela fait du bien au moral. On espère que la situation va se prolonger pour retarder la mise à la crèche en évitant de puiser dans le stock de foin.” Avec une production qui avoisine aujourd’hui 13 000 tonnes, Joël Alpy estime que le plafond est tout proche. “La croissance du morbier ne se fera plus par le volume” dit-il. Comment la filière morbier répercute la hausse des

est en perpétuelle évolution. Celui du morbier n’échappe pas à la règle reprenant sensiblement les mêmes préconisations de son grand frère le comté. Logique, quand on sait que 80 % des producteurs de morbier font aussi du lait à comté. “Effectivement, on est en pleine révision avec des mesures importantes notamment au niveau des règles d’hygiène. On défend aussi des mesures plus spécifiques limitant par exemple la taille des exploitations à 1,2 million de litres de référence laitière ou le nombre de vaches par associé sur un groupement : 50 vaches pour le premier, 40 pour le second… Il y a aussi la notion de productivité laitière plafonnée à 4 600 litres par hectare comme

coûts de production ? “Depuis deux ans, on progressait de 2 % en volume et 4 % en prix. Sur le premier semestre 2022, on en est déjà à une hausse de prix de 5,2 %. En sachant qu’on serait à 15 % si on répercutait vraiment tout. On essaie d’y aller modérément. C’est toujours très compliqué de trouver le juste prix” conclut le président de la filière. n

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