Le Doubs Agricole 39 - Mars 2022

D O S S I E R

10 GUERRE EN UKRAINE : l’impact sur l’agriculture du Doubs

Alors qu’on se croyait enfin sorti de la crise sanitaire, voilà qu’un nouveau drame se joue aux portes de l’Europe aux conséquences humaines et économiques dont on ne mesure pas encore les répercussions. Envolée des cours du gaz, des carburants, des céréales, des engrais : aucune filière agricole n’échappera au séisme. Seules les productions les plus vertueuses et qui tendent le plus vers l’autonomie parviendront à atténuer l’augmentation des coûts de production induits. Certaines situations pourraient s’avérer dramatiques et nécessiteront une fois encore l’intervention publique. Tour d’horizon.

C o n j o n C t u r E

Le prix des aliments plombe l’agriculture locale

tation économique à la Chambre régio- nale d’agriculture de Bourgogne- Franche-Comté. Des entreprises régio- nales, à l’image de la coopérative Pâturages Comtois, exporte une par- tie de sa production en Ukraine, frian- de de fromages français. Plus que l’export, qui reste tout de même assez minoritaire pour l’ensemble de la filière agricole locale, c’est l’import de matières premières, aliments du bétail en premier chef, qui impacte directement les filières. Exemple avec le colza, largement importé habituellement de Russie et d’Ukraine : 160 euros la tonne il y a un an, 570 euros début mars 2022 ! “Le colza est beaucoup plus impacté que le blé car du blé, de nombreux pays en cultivent, ce qui n’est pas le cas du colza. Notre pays, et notre région, sont fortement dépendant en matière protéique et vis-à-vis de la Russie et de l’Ukraine : 50 % de nos importations de protéines (colza, soja, tournesol, maïs…) viennent de Russie et d’Ukraine” explicite Sylvain Marmier qui n’exclut pas non plus “un phénomène de spéculation qui peut encore aggraver la situation”, à l’image de ce qui se passe depuis plusieurs semaines pour le pétrole. Même punition pour le prix des intrants. “Les engrais étant faits d’un mélange

D ans les allées du Salon de l’agriculture, on ne parlait presque plus que de ce sujet à partir du 24 février, date où la Russie envahissait l’Ukraine. Le bruit de la guerre retentit en effet jusque dans les exploitations du Doubs, tant sont nombreuses encore les incerti- tudes concernant l’impact réel du conflit sur l’agriculture locale. Une chose est déjà certaine : les premiers effets sont déjà bien palpables. Certaines orga- nisations professionnelles agricoles (O.P.A.) étaient en état d’alerte, et pour cause : “La vente par la France de pro- duits agro-alimentaires vers la Russie, ça représente environ 500 millions d’euros par an. La guerre devrait stop- per net ces ventes” résume Sylvain Marmier, le président du comité d’orien- L’arrêt des importations de produits locaux vers l’Est doublé de l’explosion des prix des matières premières fait craindre le pire pour certaines filières.

Sylvain Marmier préside le comité

d’orientation économique à la Chambre régionale d’agriculture

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