Le Doubs Agricole 38 - Novembre 2021

T E C H N O L O G I E

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e N G r a I S Le co-compost, l’alternative de proximité aux engrais chimiques

L es origines de la filière co-com- postage remontent à 2001 avec les premiers andains testés sur le territoire de la com’com de Pierrefontaine-Vercel. Le dispositif s’est déployé ensuite du côté du Russey, du Val de Morteau et du Grand Pon- tarlier pour couvrir tout le territoire de Préval à partir de 2009. Le syndicat dispose aujourd’hui de 16 plateformes dont trois indépendantes où les par- ticuliers peuvent venir déposer des déchets verts : tontes de gazon, bran- chages. “Le respect des consignes de tri en déchetterie est primordial. Les plastiques, cailloux, souches, objets métalliques sont proscrits. Ces “indé- sirables” ne se décomposent pas et se retrouvent épandus dans les champs alentour. C’est une source de pollu- tion pour les sols qui peut aussi être ingérée par les vaches et les animaux sauvages” , souligne Vincent Gagelin, technicien déchetterie au pôle valori- sation de Préval. Les volumes de co-compost ont pro- gressé depuis la mise en place de la filière passant de 5 000 tonnes en 2004 à 8 390 tonnes en 2008 pour atteindre 9 050 tonnes en 2021. Ce tassement s’explique par une meilleu- re valorisation à la source des déchets verts avec le développement du co- compostage à domicile et la mise à

Préval, le syndicat mixte de valorisation des déchets sur le territoire du Haut-Doubs, a mis en place depuis vingt ans une filière de co-compostage en partenariat avec les agriculteurs locaux. retour d’expérience.

disposition au service des communes. “L’objectif n’est pas de développer la filière de co-compostage” , rappelle Lionel Malfroy, vice-président de Pré- val qui utilise aussi depuis des années du co-compost sur son exploitation agricole à Sainte-Colombe. Les déchets sont ensuite broyés. 10 % sont mis à disposition des habitants et le reste est transporté chez des agri- culteurs partenaires. “La filière repose aujourd’hui sur 80 exploitations qui sont mobilisables en fonction des quan- tités de fumier dont elles disposent” , explique Vincent Gagelin. Les déchets sont mélangés au fumier de l’agricul- teur directement sur la parcelle. Le co- compost comprend autant de déchets verts que de fumier. L’andain qui en résulte va progressivement se décom- poser. Il sera retourné quatre fois toutes les trois semaines. Préval et la Chambre d’agriculture Doubs-Territoire de Belfort ont mis en place un suivi d’andain. Il consiste à contrôler la montée en température qui permettra d’obtenir une bonne hygiénisation du produit en détruisant ainsi les graines adventices et d’éven- tuels germes pathogènes. Après cet- te phase de dégradation qui dure envi- ron quatre mois, il est mis en maturation ou au repos pendant deux mois. Des échantillons sont prélevés et envoyés dans un laboratoire pour connaître la valeur agronomique et vérifier la teneur en métaux lourds. Le co-compost est alors prêt à être épandu en tant qu’amendement organique dans les prairies et pâturages. “Ce produit répond aux exigences du cahier des charges du comté” , précise l’agricul- teur. n

Le co-compost apporte des éléments fertilisants qui remplacent les engrais chimiques de synthèse (photo Préval).

VALORISATION AGRONOMIQUE ÉCHELONNÉE DANS LE TEMPS Tous les éléments fertilisants ne sont pas disponibles immédiatement. 15 tonnes de compost apportent trois tonnes de matière organique :

l 11 unités d’azote disponible la pre- mière année (102 les années sui- vantes) l 26 unités de phosphore disponibles la première année et autant l’année suivante l 329 unités de chaux

l 38 unités de magnésium et 106 unités de potasse

“C’est une contribution de l’agriculture locale au service de la collectivité”, ajoute Lionel Malfroy, agriculteur à Sainte-Colombe.

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