Le Doubs Agricole 38 - Novembre 2021

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G o u x - L e S - u S I e r S Autruches à l’horizon technicien en génie

civil, Sylvain Bôle s’est engagé dans une reconversion

C e n’est pas tous les jours qu’on croise des autruches dans le Haut-Doubs. “On ne se lance pas dans ce type d’élevages pour se cacher” , admet Sylvain Bôle, souvent sollicité pour des visites mais pas encore en mesu- re de répondre aux exigences induites par l’accueil du public. “C’est en réflexion” , annonce-t-il avant de reve- nir sur la genèse d’un projet qui n’a rien d’un long fleuve tranquille. Originaire de Goux-les-Usiers, Syl- vain Bôle suit des études de génie civil à Nancy avant de partir en 2007 dans le sud-ouest près de Libourne où il finit par s’installer avec celle qui professionnelle plutôt insolite puisqu’il élève des autruches. une activité très spécifique.

Sylvain Bôle s’est frotté à la rude réglementa- tion des élevages d’animaux sauvages.

aussi coriace qu’attachant avec un réel potentiel de valorisation autour de la viande, du cuir, des œufs, des plumes… Tout est bon dans l’au- truche. Classée comme un animal sauvage, l’autruche impose de déte- nir une capacité d’élevage spécifique, nouvelle étape sur le chemin de la reconversion. “On est dans un cadre aussi réglementé que l’ouver- ture d’un zoo. Comme l’autruche est un animal dangereux, tout le parc doit être en double clôture.” Pas de quoi décourager le couple qui finit par acquérir sept autruches. Le projet est sur les rails mais tout est

malheureusement remis en cause en 2016 avec la disparition brutale de l’épouse de Sylvain. Ce dernier se retrouve seul avec trois enfants à char- ge. Il décide de revenir à Goux-les- Usiers où il a la possibilité d’exploiter deux hectares de terres familiales. “On a rapatrié l’élevage en 2018.” Une nouvelle page se tourne, celle de l’Au- truche du Haut. L’acclimatation des autruches s’avè- re très compliquée au point de remettre en cause la pérennité du projet. “Il a fallu deux années pour qu’elles retrou- vent leurs repères. 18 autruchons sont nés l’an dernier et 40 en 2021.” Par- tie gagnée même si cela ne suffit pas à en vivre. Sylvain Bôle travaille aujour-

d’hui comme chef de travaux au ser- vice assainissement de la commu- nauté de communes du Grand Pon- tarlier. “On est encore en phase de transition. Actuellement, j’ai besoin de trouver un débouché pour la vian- de ainsi qu’un abattoir agréé pour les autruches.” Très tendre avec de faibles taux de cholestérol et de lipide, la viande d’au- truche à tout pour plaire. À Goux-les- Usiers, le troupeau qui compte aujour- d’hui une quarantaine d’individus est nourri à partir d’un aliment mis au point par Terre Comtoise. “On se rap- proche de ce qui est donné aux mou- tons ou aux chevaux avec une for- mule à base d’avoine, d’orge et de luzerne. Comme les autruchons gran- dissent très vite, à raison d’un centi- mètre par jour, il leur faut un aliment très riche en protéines.” Les autruches vivent toujours à l’ex- térieur car elles ont besoin de pou- voir comme toute proie surveiller en permanence leur environnement. Les femelles pondent une vingtaine d’œufs par an. La saison de reproduction s’étale de mars à septembre. “On fonctionne par trio, en regroupant alors un mâle avec deux femelles” , explique Sylvain Bôle qui place ensui- te les œufs fécondés en couveuse jusqu’à leur terme. La viabilité de l’Autruche du Haut repo- se sur l’accroissement du cheptel, ce qui justifierait d’investir dans un abat- toir sur place et dans la valorisation pédagogique de la ferme de l’Au- truche du Haut. n

allait devenir sa femme. “J’ai entamé une recon- version professionnelle en 2009 avec l’objectif d’exploiter avec mon

Tout est bon dans l’autruche.

épouse une ferme pédagogique autour de l’autruche. J’ai repassé un Bac agricole en formation adulte.” Pourquoi l’autruche ? Ce passionné d’élevage a craqué pour ce volatile

La ferme de l’Autruche du Haut abrite aujourd’hui une quarantaine d’autruches.

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