La Presse Pontissalienne 307 - Août 2025
Mouthe - région des lacs 33
La Presse Pontissalienne - Août 2025
MALBUISSON
Pièces d’été
L’art contemporain à portée de regard Tous les quatre ans, l’association Malbuissonart installe un parcours d’art contemporain dans la commune. La quatrième édition de cette quadriennale Pièces d’été met à l’honneur 19 œuvres d’art contemporain imaginées par 20 artistes selon le lieu d’implantation. Immersion dans l’art à ciel ouvert jusqu’au 21 septembre.
L e moins que l’on puisse dire, c’est que la centaine de bénévoles de Malbuissonart se plie en quatre pour cette quatrième édition de la quadriennale d’art contemporain. À l’image de Chantal et Pascale, pré sentes au point d’accueil situé vers l’of fice du tourisme. Ce jour-là, des scolaires partent en visite. “Environ 3 500 sco laires viennent découvrir Pièces d’été” , souligne Damien Berger, trésorier adjoint de l’association Malbuissonart. Celle-ci, sous la présidence de Brigitte Renaud, œuvre depuis 2013 à la mise en place de cette quadriennale d’art contemporain. “Les gens ici ont moins l’occasion d’aller voir des expositions d’art contemporain que ceux à Paris. Ce parcours est un accès facile à l’art contemporain” , estime Pascale, une bénévole qui navigue entre Malbuisson et Paris. Le point accueil est reconnaissable à l’immense œuvre d’Hugo Pernet et Oli vier Vadro qui surmonte le petit caba non. Intitulée La Grande sieste, cette peinture réalisée sur palissade reprend le célèbre tableau de Van Gogh, lui même copie d’un dessin de Jean-Fran çois Millet (Sieste). Elle évoque “le plai
sir du parcours d’été en plein air” , explique ainsi le binôme d’artistes dans le programme. Celle-ci est le point numéro 1 du parcours qui en compte 19. La balade pédestre de 5 km environ emmène le curieux dans la forêt, vers le lac, dans le centre de la commune, dans un jardin… Conçue et adaptée selon l’endroit de son exposition, l’œuvre s’intègre dans le paysage à tel point que l’on pourrait croire qu’il s’agit d’un aménagement communal. Il en va ainsi de l’œuvre de Luc Tiercy au point 11, La faim du monde, installée juste à
Le Golden Nest de David Bartholoméo.
côté du restaurant du Lac. “Formée de pinces de forgeron, cette queue humaine s’étire sur son chemin de croix : têtes renversées, bouches ouvertes criant de faim. Placés entre deux hôtels-restaurants, lieu où l’on mange à satiété, ces affamés maigres et assoiffés, détonnent. Image douloureuse du déséquilibre entre nan tis et les oubliés ?”
questionne ainsi l’artiste. Le Golden Nest de David Bartholoméo, un nid géant devant l’église pour s’ar rêter et admirer la vue donne l’impres sion d’être là depuis longtemps. Tout comme Après-skis de Raphaëlle de Broissia, un “ensemble de totems” , “un lieu de rassemblement de mémoire, un memento mori du changement clima tique, qui n’est nulle part plus palpable qu’en montagne. Les derniers skis sont appelés à redevenir buissons pour pro téger les animaux de passage.” Or, toutes les œuvres, imposantes, et installées grâce à l'appui technique des bénévoles de Malbuissonart, restent éphémères. “Certaines n’ont du sens que par rapport au lieu, relève Pascale. Elles sont tellement volumineuses qu’elles ne peuvent pas être déplacées.” À la fin de Pièces d’été, les œuvres seront donc démontées et détruites. Parfois, certaines se dégradent natu rellement. Comme l’installation au point 4 du parcours de Charles Pétillon, des ballons qui flottent comme une source pure, au niveau de la source de Malbuisson. Avec la chaleur de juin, les ballons ont disparu, laissant place à une photo de l’œuvre originelle. “Cer taines œuvres plaisent, d’autres non, ça dépend des personnes. Certains res sortent. Les artistes apprécient en géné ral d’être invités à notre quadriennale, ils sont séduits par l’insolite” , observe Damien Berger. Si les installations sont symboliques de la diversité de l’art contemporain, le lien avec la nature est le fil rouge du parcours avec une utilisation au maximum de matériaux naturels de récupération. Anna Coulet, pour son œuvre Les couleurs de leurs cendres, a fabriqué des tuiles en céramique incorporant des cendres de bois scolyté qu’elle a brûlé. Dressée au cœur de la forêt de Malbuisson, malmenée par le
Le cabinet de curiosités des lycéens
Un art contemporain accessible.
Le cabinet de curiosités des lycéens propose 22 productions.
E
scolyte, cette pièce-mémorial invite à la “réflexion sur la beauté fragile de la nature et les menaces qui pèsent sur elle.” Emmanuelle Briat a imaginé dans le lac avec Panser la nature Penser la nature, PAENSER à fleur d’eau, une “déchirure, une plaie que porte la terre et l’eau, une intervention symbolique et poétique pour la soigner. Elle évoque la fragilité, la capacité de résilience de l’écosystème et plus par ticulièrement celle du lac Saint-Point.” Au détour du parcours, le flâneur est invité à s’arrêter à l’Isba des curiosités, Travaillant par binôme, les jeunes artistes ont monté un projet intimiste, à l’opposé des installations extérieures, qui se découvre dans un petit chalet, à la lumière d’une lampe-torche. “Ce travail est à la confluence de la science et de l’imaginaire, explique Nadi Tritarelli, le professeur d’arts plastiques. Chaque binôme est entré dans la création par un domaine scientifique : la botanique, l’entomologie, la médecine, l’anthropo logie, la minéralogie, l’archéologie, etc. Ils ont ensuite imaginé un objet qu’ils ont créé ou trouvé. Puis à partir de ces n off de la quadriennale, 44 lycéens en Première, spécialisation Arts plastiques, du lycée Xavier-Mar mier de Pontarlier, offrent une plongée dans leur cabinet de curiosités, appelé l’Isba des lycéens. Il s’agit ici de la deuxième participation de lycéens après le chemin des Totems, en 2021.
un cabinet de curiosités en off de la quadriennale, imaginé et conçu par les lycéens d’arts plastiques du lycée Marmier de Pontarlier (voir ci-contre). Facilement praticable avec de bonnes chaussures, le parcours, libre d’accès, invite à la découverte du village et de l’art contemporain. Pièces d’été se tient jusqu’au 21 septembre. Des balades commentées payantes sont program mées les samedis après-midi jusqu’au 20 septembre et les mercredis matin jusqu’au 13 août. n L.P. Car les élèves, outre le travail pratique de création, doivent apprendre à écrire sur l’art. Dans cette optique, ils ont conçu un catalogue des 22 productions. L’ex pression orale a aussi été mobilisée au moment du vernissage. “C’est un vrai engagement pour les jeunes, qui ont pris sur leur temps libre pour fabriquer leur œuvre, reprend le professeur. ça dépasse le cadre scolaire, c’est une pure création, il y a une grande part d’initiative et de création personnelle. Et la perspective d’une exposition est extrêmement stimulante. Ils ont la chance d’être exposés parmi des artistes contem porains reconnus.” Le cabinet de curiosités se tient dans la maison de jardin, appelée L’Isba, de la villa La Comté qui appartient à Patrice et Annie Bonnin. n objets, ils ont dû imaginer un scénario de découverte.”
La Faim du monde de Luc Tiercy, ins tallée entre deux hôtels-restau rants.
La pièce- mémorial d’Anna Coulet fait à partir de cendres de bois scolyté, dressée au milieu de la forêt.
Balades commentées de 15 h 30 à 18 h 30
les samedis jusqu’au 20 septembre et les mercredis matin, de 9 h 30 à 12 h 30 jusqu’au 13 août Tarif : 8€, gratuit jusqu’à 14 ans malbuisson.art
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