La Presse Pontissalienne 307 - Août 2025
32 Économie
La Presse Pontissalienne - Août 2025
NANCRAY
Musée de plein air des maisons comtoises
Un nouveau bâtiment des réserves plus que nécessaire Il faisait partie de la première tranche de travaux de transformation du musée de plein air. Le nouveau bâtiment des réserves a enfin vu le jour. Une nécessité pour les collections du musée dont certaines pièces ont été irrémédiablement abîmées voire détruites dans l’ancien bâtiment, un hangar d’aviation vétuste devenu dangereux.
Une première tranche à près de 5 millions d’euros En deux ans, de 2023 à 2025, la première tranche du vaste projet de rénovation et de réhabilitation a concerné le bâtiment des réserves, la galerie d’exposition sur le machinisme agricole, la chaufferie bois, la réhabilitation de la grange Vellerot pour l’accueil des publics, la réhabilitation de la maison forestière en résidence d’artistes et la réhabilitation de l’atelier des services techniques. Ces derniers ont été détruits dans un incendie en juillet 2024. Dans l’attente d’une expertise judiciaire, la première tranche des travaux n’est pas tout à fait terminée. Le coût de près de 5 millions d’euros a été supporté par l’Europe, la D.R.A.C., l’État via le Fonds vert, le Commissariat au massif du Jura, la Région, le Syded et des mécènes. L’autofinancement assuré par le Département et Grand Besançon Métropole, les deux collectivités du syndicat mixte, s’élève à 2,160 millions d’euros. n
I l y a 20 ans, l’urgence de construire un nouveau bâtiment des réserves était déjà manifeste. Il aura fallu attendre 2020 et un concours d’ar chitecture pour que le projet se construise. Mieux, il a ouvert la voie à
un projet de rénovation et de réhabi litation du musée de plein air plus ambitieux (voir ci-contre). Début juillet à l’occasion de l’inaugu ration, la conservatrice du musée Flo rence Coutier a fait visiter non sans
grand plaisir le nouveau bâtiment des réserves, situé juste à côté de l’atelier des services techniques, pour l’heure détruit en raison d’un incendie en 2024. Conçues par les architectes Charles Henri Tachon et l’Atelier Haton, les réserves utilisent l’inertie du bâtiment ainsi que des matériaux tels que des murs en terre cuite et une isolation par l’extérieur pour assurer les tempéra tures et l’hygrométrie adéquates à la préservation des collections. Un système de renouvellement de l’air et de clima tisation pour les pièces les plus fragiles (draps, couvertures, textile, cuir, papier) complète le dispositif. “Le bâtiment, assez technique, crée un climat intérieur contrôlé selon les différents types de col lections”, souligne l’architecte Charles Henri Tachon. La toiture abrite 157 panneaux photovoltaïques en parte nariat avec la Fruitière à énergie. Ils produisent 78 000 kWh par an soit la consommation de 100 personnes. Sur une surface de 1 300 mètres carrés, plusieurs salles dont celles du rez-de chaussée pour les pièces les plus volu mineuses, accueillent les collections. À l’étage, des bureaux et des ateliers ont aussi été pensés pour accueillir des res taurateurs et des chercheurs. “Avant, nous avions une accumulation d’objets, il fallait en bouger 10 pour en trouver un, resitue Florence Coutier. Le travail de récolement était compliqué. Le musée compte environ 23 000 objets mais nous ne sommes pas encore en capacité de dire exactement combien. On sait que certains objets ont été volés, d’autres ont été détruits car trop dégradés par le temps. Ce projet de réserves devenait
Des pièces des collections ont été redécouvertes, comme ces
Virginie Duède- Fernandez, directrice du musée, et Pierre Contoz, président du syndicat mixte du musée de Nancray. Avec les nouvelles réserves, le travail de
parties de manèges agricoles
qui mettaient en action un pressoir d’une huilerie.
Florence Coutier, conservatrice du
musée, est grande ment facilité, notam ment pour le recolle ment et l’inventaire.
du début du XX ème siècle était vétuste, il était sur le point de s’effondrer. On n’avait pas d’électricité, il était interdit d’y aller quand il y avait du vent ou de la neige…” Avant ce nouveau bâtiment, les collec tions étaient disséminées dans 14 points sur le site ainsi que dans le hangar d’aviation. Aujourd'hui, le nouveau bâtiment permet de réunifier toutes les collections et de renouveler le par cours muséal. 15 % des collections sont exposées. Ainsi, au moment du démé nagement, des parties de manèges agri coles ont été redécouvertes. “Elles étaient mises en mouvement par des chevaux et mettaient en action un pressoir d’une huilerie, précise Florence Coutier. L’idée, à terme, est de remonter l’objet sur le site même s’il manque certaines petites pièces.” Car in fine, un autre objectif de ces réserves est de s’ouvrir au public. Pierre Contoz, président du syndicat mixte du musée, use à l’envi de sa formule fétiche, empruntée à l’abbé Garneret, fondateur du musée : “Il s’agit de redon ner le butin des Comtois. Le projet de réhabilitation est beaucoup plus large que les réserves et il n’est jamais éloigné du projet scientifique et culturel qui tourne autour de trois axes : se loger, se nourrir, vivre ensemble.” Le maire de Montfaucon tout comme Ludovic Fagaut du Département n’ont pas manqué de rappeler l’importance de voir se réaliser la deuxième tranche du projet de réha bilitation, pas encore engagée. n L.P.
vraiment urgent car on était en train de perdre les collections. L’ancien hangar d'aviation donné par Peugeot et datant
Zoom Le nouveau bâtiment d’accueil verra-t-il le jour ? Le projet de réhabilitation globale du musée se découpe en quatre tranches.
dossier, l’inconnu demeure pour son successeur désigné Jérôme Durain. Aucun calendrier n’est pour l’heure arrêté. Pour autant, ce bâtiment d’accueil faisait partie du concours d’architecture lancé en 2020 avec celui des réserves entre autres. Tels des dominos, cette deuxième phase en suspens bloque forcément les projets des 3 ème et 4 ème tranches. Car une fois l’accueil déménagé dans un nouveau bâtiment, le restaurant serait déplacé dans l’actuel accueil. “Le restaurant est difficilement viable car ouvert cinq mois dans l’année. Comme le musée, il est extrêmement météo-dépendant. Pour y aller, il faut pénétrer dans le musée… En le déplaçant à la place de l’accueil, le restaurant aurait deux façades, une extérieure et une intérieure” , observe Pierre Contoz. L’espace du restaurant libéré servirait ensuite, dans une 4 ème tranche, à un accueil pour les scolaires (8 000 scolaires sur les 7 mois d’ouverture), un accueil de travail pour les animateurs et des colloques d’en treprises. “Le musée est visité en premier par les locaux, c’est une destination à la journée pour tous les âges, précise la directrice Virginie Duède-Fer nandez. On a besoin que le public nous suive, soit présent. Ce sont des recettes non négligeables.” “Si tout va bien, c’est un projet sur 30 ans” , estime Pierre Contoz pour qui le musée de Nancray ne suscite pas d’opposition. Non plus d’engouement fort de la part des politiques. Celui qui assume la fonction de président du syndicat mixte depuis 17 ans souhaite un engagement fort des deux collectivités tutrices afin que le musée joue un rôle de développement sur le plateau de Saône jusqu’à Valdahon et le Doubs mais aussi de projet structurant pour la grande région, voulu par Marie-Guite Dufay. n
un lieu pour les fins de journée.” C’est donc dans cette optique de développement de l’offre qu’un projet d’un nouveau bâtiment d’accueil, situé sur le parking actuel des cars, a germé. Le nouvel accueil qui compterait aussi les bureaux de l’administratif, se veut ouvert sur l’extérieur. “Ça va au-delà du musée. On va créer un grand préau qui peut aussi servir à la commune de Nancray, être un lieu d’accueil pour les touristes itinérants” , poursuit Pierre Contoz. Une salle d’exposition permanente et un centre d’interprétation sont également prévus. Bien engagé jusqu’à peu, ce projet de bâtiment d’ac cueil stagne. La raison ? Une difficulté à boucler le budget, estimé à 6 millions d’euros. Des crédits euro péens et des fonds de France Relance avaient été mobilisés. Aujourd’hui, il faut reprendre de zéro et solliciter à nouveau les financeurs. Si Marie-Guite Dufay, présidente de Région, connaissait bien le
I nstallé actuellement et depuis 1988 dans une vieille bâtisse offerte au musée par un particulier, l’accueil du musée fonctionne mal, de l’aveu de Pierre Contoz, président du syndicat mixte. “Il y a un vrai besoin de développement avec une boutique plus grande et mieux positionnée. Cela nous générerait des recettes supplémentaires. Le café peut devenir La première vient d’être finalisée. Quid de la deuxième qui comporte la construction d’un nouveau bâtiment d’accueil à la place du parking du bus ? Bien engagé, le projet a buté sur le bouclage financier.
Le futur bâtiment d’accueil du musée, imaginé par les architectes Tachon et Haton.
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