La Presse Pontissalienne 307 - Août 2025

Le dossier

La G.T.J. Gravel attire une nouvelle clientèle avec des jeunes pratiquants adeptes du bike packing (photo Doubs Tourisme - Laurent Cheviet).

estime que chaque année 8 000 randon neurs font la G.T.J. pédestre et 4 500 cyclistes font les G.T.J. deux roues.” L’itinérance dans le Massif jurassien attire encore majoritairement des seniors de plus de 55 ans. Le budget quotidien d’un G.T.Jiste à pied avoisine 77 euros dépensés pour se loger, se nourrir et les loisirs. Il grimpe à 84 euros pour le G.T.Jiste à deux roues. “Ces dépenses sont assez élevées. Il reflète à la fois le niveau de revenus des randonneurs et le coût de la vie dans les montagnes du Au final on a plus d’hébergeurs mais moins de lits. On fait remonter ces inquié tudes aux décideurs. Quels sont les enjeux de l’itinérance dans les montagnes du Jura ? F.V. : On sait que l’accueil des randonneurs à la nuitée, c’est contraignant, chrono phage est moins rentable que de la loca tion à la semaine. Tout l’enjeu sera de préserver cette offre d’hébergement en itinérance. On essaie de ne pas trop subir. On travaille pour redynamiser le réseau et proposer aussi des solutions alternatives à l’image de la Halte. Ce type de projet permet de mieux encadrer la pratique du bivouac dans le respect de la biodiversité et en évitant des conflits d’usage. n Propos recueillis par F.C

Jura.” Les retombées économiques de l’itinérance G.T.J. sur le massif jurassien sont loin d’être anodines. Tout confondu, cela repré sente prés de 9 millions d’euros chaque année dont la moitié dépensée par des marcheurs et le quart par des cyclistes. “On était présent au Salon de la randonnée qui s’est tenu à Paris au printemps dernier. On a pu vérifier que la destination Jura a la cote. Le seul petit bémol est lié au coût de l’hébergement.” n F.C.

“Roule ma poule” : la force de la proximité

C réée en 2016 par Benjamin Racine et Charlotte Vidalot, cette société bisontine était initialement spé cialisée dans le transport de personnes et de bagages sur les G.T.J. et l’échappée jurassienne. “Il y a trois ans, on a trans porté 4 000 bagages uniquement sur la saison estivale”, rappelle Benjamin Racine désormais gérant unique. Pour

éviter le risque de la mono-activité, Roule ma Poule s’est diversifiée en 2020 en devenant une agence de voyages qui commercialise du séjour personnalisé sur le Massif du Jura. “La mise en place des séjours a permis de générer de la valeur ajoutée. On s’est structuré au plus près du réseau, en capitalisant aussi une connaissance très fine du terrain

liée à l’activité transport.” Sur l’offre d’hébergement, Benjamin Racine estime qu’il n’y a pas encore de trou dans la raquette. “C’est parfois plus tendu en hiver avec des hébergeurs qui privilégient le séjour plutôt que la nuitée. En été globalement ça va, mais ce sera toujours un défi de stabiliser ce réseau.” n

l Les Hôpitaux-Vieux L’expérience yourte-dortoir en mode confort

À deux pas de la Suisse, on sait qu’il est plus rentable et facile de louer des biens à l’année à des travail leurs frontaliers plutôt que de répondre à la demande saisonnière de la clientèle touristique. Certains résistent pourtant à la tentation. “Cette ferme avait déjà trois meublés de tourisme quand on l’a acheté en 2011. Leur destination n’a pas changé, ils sont toujours à la disposition des vacanciers” , explique Blandine Clé ment, propriétaire et gestionnaire des gîtes touristiques La Grange. Habituée à faire de l’itinérance en famille ou avec son époux, elle est sensible à l’ac cueil des randonneurs. “Comme on n’avait pas mal de demandes pour de la nuitée, on a décidé de se lancer en 2020 dans la réalisation d’un projet qui réponde à nos envies et à nos attentes de termes d’hé bergement et d’accueil.” Le projet a pris la forme d’une yourte dortoir de 10 places installée dans le jardin à l’arrière de la ferme. L’équipement est associé à une grande salle de convi vialité aménagée dans la grange de l’an cienne ferme. Cet espace comprend un grand espace de convivialité avec douches, sanitaires et une vaste cuisine équipée. Découverte. Au gîte étape de la Grange, le randonneur se voit proposer un hébergement assez original en yourte-dortoir associée à un

“Avec le dérèglement climatique, la problématique du travail frontalier, la baisse globale du nombre de lits touristiques, n n’a pas d’autre choix que de se réinventer, trouver des alternatives”, témoigne Florent Vacher, président de la G.T.J.

La Yourte-dortoir de la grange comprend 10 couchages.

bloc sanitaire, un coin salon, une grande cuisine, le tout accessible en gestion libre. “La prestation pour la clientèle de ran donneurs comprend la nuitée et le petit déjeuner. Pour le repas du soir, on propose aussi un service de livraison de plats sous vide confectionnés par le restaurant Le Franc-bocal installé à Métabief. Le client peut choisir entre 11 recettes différentes. Cette solution permet de proposer des repas toujours dans une recherche d’au tonomie” , poursuit Blandine Clément qui tient beaucoup à laisser la yourte dortoir à disposition des adeptes de l’iti nérance. La yourte-dortoir est en service depuis le printemps 2022. La Grange est située sur l’itinéraire de la G.T.J. Gravel et ski nordique, à 2 km de la G.T.J. pédestre et à 9 km de la G.T.J. vélo de route. “Depuis l’ouverture, on accueille en moyenne 150 itinérants sur une saison qui s’étale du printemps à l’automne. Ces randonneurs

effectuent principalement la G.T.J., la Via Francigena et le G.R. 5. Les compor tements varient selon la typologie du ran donneur. 99 % des G.T.Jistes optent pour le repas alors qu’ils ne sont que 80 % du côté de la Via Francigena. On est également une étape sur la boucle G.T.J. “Autour du fort de Joux”. Cet itinéraire de 50 km se fait sur deux ou trois jours.” Blandine Clémentes apprécie beaucoup la nature des échanges avec les randon neurs itinérants passant à la Grange. “C’est très riche et je suis satisfaite. On a pris soin d’effectuer la plupart des iti néraires du massif jurassien. Cela permet de discuter en connaissance de cause. Étant nous-mêmes randonneurs, on par tage beaucoup de choses en commun. Quand ils arrivent, les clients sont un peu sceptiques sur le côté dortoir mais quand ils découvrent la yourte, ils chan gent d’avis et sont souvent ravis de l’ex périence.” n