La Presse Pontissalienne 306 - Juillet 2025
L’événement 9
Juillet 2025
l Fraisans
20 000 festivaliers
Le No Logo, un ovni dans la
galaxie des festivals Pas de sponsors privés, pas de partenaires publics, aucun béné vole… Le festival No Logo étonne et détonne. Cela fait 13 ans que ça dure. Mais pour la dernière fois aux Forges de Fraisans.
Le No Logo Festival, un rendez-vous atypique par son modèle
D u 8 au 10 août prochains, le No Logo Festival se tiendra pour la dernière fois sur le site des Forges de Fraisans (Jura voisin). Les 34 hectares de terrain sur lequel évoluait depuis sa création en 2013 ce qui est aujourd’hui un des plus grands festivals de musique reggae en France seront dévolus à un projet pho tovoltaïque. Le futur site du No Logo n’est pas encore défini, il doit être connu à l’issue de la prochaine édition. “Nous cherchons un endroit quelque part entre Baume-les-Dames et Dole, en milieu rural. Deux emplacements sont à l’étude actuellement, nous attendons les auto risations définitives pour l’un des deux. Si on ne trouve rien, l’histoire s’arrêtera !” indique Florent Sanseigne, le créateur et directeur du No Logo.
Cette nouvelle contrainte ajoute une incertitude de plus à ce festival hors des circuits habituels qui a construit sa noto riété sur un modèle économique baroque : sans aucune aide. “Notre festival depuis le début, c’est une utopie ! Mais une uto pie qui fonctionne” reprend Florent San seigne. Alors comment arrive-t-il à tour ner ?
économique (photo D.R.).
modèle économique atypique, mais qui prouve d’année en année sa pertinence économique. “Mais ce schéma ne serait pas viable pour un plus petit festival qui débute avec 2 000 ou 3 000 spectateurs” prévient Florent Sanseigne. Les retom bées de ce festival sur son territoire sont estimées à près de 4 millions d’euros. À un mois et demi de la prochaine édition, les organisateurs étaient à 80 % de la jauge souhaitée. Le No Logo poursuit son chemin sur une ligne de crête. n J.-F.H.
prennent un pass trois jours” ajoute le directeur. Autre condition vitale : pour que la programmation de l’année suivante soit assurée, il est indispensable que les festivaliers réservent leurs places le plus en amont possible. “C’est la raison pour laquelle nous ouvrons la billetterie dès décembre. Indispensable pour reconsti tuer la trésorerie et pouvoir ainsi réserver les artistes. En gros, on y arrive parce que c’est complet, que ça picole et que c’est la fête!” sourit le responsable. Voilà 12 ans que le No Logo surfe sur ce
tants étaient apportés par le merchan dising. Et ici, chaque personne qui aide à la réalisation du festival est payée. Le secret du No Logo, c’est donc sur les épaules des festivaliers qu’il repose. “Depuis le démarrage, on leur explique qu’ils sont acteurs de ce festival, et pas que des consommateurs. Pour que le fes tival soit à l'équilibre, il n’y a pas d’autre recette que de faire le plein. C’est-à-dire au moins 50000 entrées sur les trois jours, soit 19 000 à 20 000 personnes sur place, sachant que 80 % des festivaliers
Le budget d’environ 2,2 millions d’euros hors taxes repose sur quatre piliers : les entrées qui assurent 60 % des recettes, les bars à hau teur de 25 %, la com mercialisation des stands de restauration (environ 8 %), les quelques pour cent res
“Notre festival depuis le début, c’est une utopie !”
de la Paille
de notre festival, c’est l’ambiance !”
pour atteindre 350000 euros. Le coût d’une tête d’affiche à la Paille varie entre 40 000 et 70 000 euros. Les cachets des artistes se produisant sur la petite scène vont de 1000 à 7000 euros. Et le budget global du festival de la Paille ? E.B. : Il est d’1,4 million d’euros. Le plus gros poste de dépense concerne le volet technique notamment avec les implan tations de scènes dont les prix sont en constante progression. Idem avec le ser vice sécurité qui comprend 60 agents pendant la durée de l’événement. Comment résister aux grosses écuries ? E.B. : La force de la Paille, c’est l’ambiance. Comment pérenniser ce savoir-faire? L’an dernier, on a décidé de créer la zone de la paillote où le public peut se retrouver à l’écart des deux scènes. Vous percevez de subventions ? E.B. : Les aides publiques représentent entre 7 et 8 % du budget. C’est indispen sable. On est soutenu par la Région, le Département, la communauté de com munes des Lacs et Montagnes du Haut Doubs et la commune de Métabief. Le soutien privé avoisine 130 000 euros en sachant qu’on travaille beaucoup avec des partenaires locaux. Certains appor tent aussi une aide matérielle. Quoi qu’il en soit, la majorité des ressources repose sur la billetterie et les revenus de l’espace restauration et des buvettes. Le passage du festival sur trois jours est une réussite ou pas ?
doit rester en capacité de répondre à ces exigences avec des moyens qui n’aug mentent pas. Certains gros festivals ne semblent pas trop affectés par ces évolutions ? E.B. : Tout à fait, mais ils sont en général portés par des groupes privés qui n’ont pas de freins financiers pour faire venir des stars. C’est le cas par exemple de Hellfest ou Rock en scène. La grande dif ficulté pour des festivals de taille inter médiaire, c’est de construire une pro grammation qui corresponde aux attentes du public en conservant nos valeurs. On a besoin de têtes d’affiche tout en assurant aussi la promotion de groupes régionaux. Les habitudes de consommer la musique évo luent ? E.B. : Toute la découverte musicale repose aujourd’hui sur les réseaux sociaux. La reprise d’un simple refrain sur Tiktok peut faire un buzz et relancer une carrière.
Eugénie Burnier avec de gauche à droite, Tristan
Bouvet dit Maréchal, chargé de
communica tion, Gaétan, assistant de production en alternance et Jade, stagiaire.
E.B. : Cela a permis d’attirer 24000 fes tivaliers payants ou invités. On a fait aussi un très bon chiffre sur la restau ration même si les objectifs financiers n’ont pas été atteints. Pour autant, on ne reviendra pas en arrière avec un fes tival sur deux jours. La meilleure façon d’assurer la pérennité de la Paille, c’est de venir, et surtout de s’y prendre en avance pour prendre les billets. A-t-on une idée des retombées économiques ? E.B. : Elles avaient été estimées à 258000 euros en 2018. On va relancer une étude économique cette année. n Propos recueillis par F.C. “Même si on a besoin des têtes d’affiche, on reste un festival intermédiaire qui sert de tremplins aux groupes régionaux”, explique Eugénie Burnier, la directrice du festival de La Paille
un comité opérationnel qui réunit des représentants des commissions les plus techniques. Le C.A. et le bureau de l’as sociation prennent les décisions straté giques et le comité opérationnel s’occupe des aspects terrains. Les deux entités ont un rythme différent. Les décisions stratégiques sont plutôt prises à l’au tomne et l’opérationnel monte en puis sance à l’approche de l’événement. C’est à moi d’assurer l’interface entre les deux. Tout le fonctionnement du festival repose sur le collectif. Est-ce que le Covid a modifié les habitudes des festivaliers ? E.B. : Indéniablement. Avec les annulations de nombreux festivals sur fond de res trictions sanitaires, une partie de la jeu nesse n’a pas eu la chance de pratiquer
les festivals comme leurs aînés. Comme partout, on subit aussi un changement de comportement avec des gens qui s’y prennent de plus en plus à la dernière minute avant de réserver. Depuis quelques années, le contexte économique tend à se dégrader et les foyers rognent sur le budget loisirs, culture. Les orga nisateurs de la Paille sont très attentifs pour proposer un festival à des tarifs raisonnables. Cette année, on n’avait pas d’autre choix que d’augmenter d’1 euro le prix du billet. Pourquoi cette augmentation ? E.B. : Tout simplement pour répondre à l’évolution des charges. Selon des chiffres du Syndicat des Musiques Actuelles, les cachets des artistes ont augmenté de 30 % entre 2024 et 2025. Face à cela, on
On a aussi de plus en plus de souci à rendre la programmation plus lisible car les gens ne connaissent plus les noms des artistes ou des groupes seulement leurs musiques. Quel est le budget pro grammation d’un festival comme celui de la Paille ? E.B. : Il augmente cette année de 50 000 euros
“Tout le fonctionnement
du festival repose sur le collectif.”
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