La Presse Pontissalienne 306 - Juillet 2025

Économie 11

Juillet 2025

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Ingénieur biomédical

La nouvelle école de l’I.S.I.F.C. Le nouveau bâtiment de l’Institut supérieur d’ingénieurs de Franche-Comté (I.S.I.F.C.) a été inauguré début juin. S’il constitue le point d’orgue de la transformation du campus Bouloie Temis, ce nouvel équipement permettra à horizon 2030 de former 300 ingénieurs par an.

U n grand espace de circulation, des hauteurs de plafond, des salles modulables pour faciliter le travail collaboratif, certaines ouvertes sur la forêt environnante, des volumes vitrés… Le nouveau bâti ment de l’I.S.I.F.C., fortement empreint de béton teinté, remet un vent de modernité sur le campus. Sur 1 500 m 2 , il a été “conçu pour incarner la péda gogie active de l’école” , avec “une diver sité d’espaces adaptés aux différentes formes d’apprentissage : salles projet, zones de prototypage et espaces infor mels favorisent les échanges, le travail en groupe et l’innovation” , se félicite

l’Université Marie et Louis Pasteur. Les travaux ont nécessité un inves tissement de 8,4 millions d’euros sup porté par la Région, l’Université, Grand Besançon Métropole et le Départe ment. Concrètement, l’I.S.I.F.C. forme 65 ingénieurs biomédicaux par promotion. École d’ingénieurs publique intégrée à l’Université, elle est spécialisée dans le biomédical, dans la conception, le déploiement et la supervision des dis positifs médicaux. Elle développe la triple compétence technique, régle mentaire et médicale. Dans le nouveau bâtiment, l’amphi

théâtre peut accueillir jusqu’à 150 étu diants, contre une cinquantaine dans l’ancien. Une cloison amovible permet de séparer l’amphithéâtre d’une salle de 100 places. Réunis, ces deux espaces permettront de recevoir un salon d’in dustriels pour “ouvrir l’école sur l’ex térieur” , explique le directeur de l’I.S.I.F.C., Vincent Armbruster. La chaire de mécénat Technologie pour la santé, nouvellement créée (voir ci contre), a justement pour but de “ren forcer le lien entre université et indus triels” , ajoute Hugues Daussy, le nouveau président de l’Université. Pour Raul Barthez, directeur général de DIXI Medical, fabricant d’électrodes intracérébral, et président du conseil de gestion de l’I.S.I.F.C., “s’il n’y avait pas eu l’I.S.I.F.C., on ne serait pas là

Le nouveau bâtiment de l’I.S.I.F.C. permet d’accueillir des promotions d’étudiants plus importantes.

aujourd’hui. 80 % des ingénieurs qui travaillent chez DIXI viennent de l’I.S.I.F.C. Le fait d’avoir une école d’in génieur biomédical ici facilite pour nous le recrutement. On peut trouver des ingénieurs mais les faire venir à Besançon, c’est plus compliqué. Pour

Besançon et la région, l’école est un pôle d’attractivité médicale.” Un projet d’extension du nouveau bâti ment est prévu pour 2028. L’objectif étant de former, à l’horizon 2030, 300 ingénieurs par an. n L.P.

Trois questions au nouveau président de l’Université “On associe toutes les forces du territoire franc-comtois”

MARCHAUX-CHAUDEFONTAINE

L’excellence du dispositif médical

tiques. “Le neurochirurgien, grâce à une I.R.M. et son analyse clinique, détermine le siège des lésions. Les élec trodes intracérébrales qui sont implantées entre 10 à 15 jours (30 jours au maxi mum) confortent le neuro chirurgien dans sa pré-ana lyse. Si on ne prend pas trop de risques pour le patient, on peut tenter de supprimer les neurones infectés” , éclaire Raoul Barthez. Actuellement, DIXI Medical fabrique trois types d’élec trodes pour le traitement d’épilepsies pharmaco-résis tantes. “Le marché est énorme. 1 % de la population mondiale souffre d’épilepsie, dont 30 % sont pharmaco résistants” , observe le direc teur général. L’entreprise de Marchaux-Chaudefon taine travaille actuellement sur deux innovations. La première est en phase de test. Il s’agit d’une électrode qui ne vise plus un groupe de neurones mais le neurone. “Aujourd’hui, l’électrode est comme un télescope qui per met de voir la Lune, demain, on pourra voir Mars” , image Raoul Barthez. La seconde innovation a pour objectif de ne plus seulement détec ter le foyer épileptique mais de le traiter par thermocoa gulation. Grossièrement, une source de chaleur va venir “brûler” la zone épileptique. Cette innovation, qui a nécessité près de trois ans de recherche et développe ment va être lancée officiel lement et validée aux États Unis à la fin de l’année. “Nous sommes en attente de l’accord de la F.D.A. (Food and Drug Administration). Pour déposer un marquage C.E. en Europe, il faut comp ter un an de plus” , note Raoul Barthez. Actuelle ment, il existe quatre fabri cants principaux dans le monde comme DIXI Medical. Deux aux États-Unis, deux en Europe. Les deux entre prises européennes sont à Besançon. n L.P. L’excellence du dispositif médical DIXI Medical, basé à Marchaux-Chaudefontaine, est leader mondial dans l’électro-encéphalogra phie. L’entreprise fabrique des électrodes pour la localisation des foyers épileptiques. Le directeur général, Raoul Barthez, a travaillé à la création de la chaire de technologie pour la santé de l’I.S.I.F.C. avec son directeur Vincent Armbruster.

C’ est un pont entre l’entreprise et l'uni versité pour mieux former les étudiants ingé nieurs biomédicaux aux besoins du secteur et aux enjeux de la santé de demain. L’objectif de la chaire de technologie pour la santé est clair : “Faire évo luer les formations pour mieux répondre aux muta tions du secteur médical, notamment en formant des ingénieurs en génie biomé dical capables de s’adapter aux innovations technolo giques et aux attentes des entreprises” , explique ainsi l’Université Marie et Louis Pasteur. Elle vise à renforcer les liens entre l’enseigne ment supérieur, la recherche et le monde industriel. La chaire de technologie pour la santé de l’I.S.I.F.C. est aussi une chaire de mécé nat qui permet “un apport financier et un apport de compétences” , précise Raoul Barthez, directeur général chez DIXI Medical et prési dent du conseil de gestion de l’I.S.I.F.C. Pour l’heure, deux entreprises sont impli quées dans cette chaire: DIXI Medical, et Statice. DIXI Medical, comme Sta tice, sont spécialisées dans

les dispositifs médicaux. “On effleure seulement le dispo sitif médical, il y a encore tellement de choses à faire, souligne Raoul Barthez. On ne parle pas encore de l’In telligence artificielle dans le dispositif médical. Plus il y a d’émulsion, mieux c’est.” Historiquement issue de la holding suisse DIXI, spécia lisée dans la microméca nique et l’outillage, DIXI Medical s’est nourrie de la rencontre entre industriels et professionnels de santé dans les années 1970. “Des neurochirurgiens de Rennes avaient un concept d’élec trodes intracérébrales mais pas les capacités indus trielles. Ils sont venus à Besançon et ont trouvé une entreprise à même d’indus trialiser leurs idées, contex tualise Raoul Barthez. Qua rante ans plus tard, on arrive à DIXI Medical, leader dans la fabrication d’électrodes intracérébrales.” Concrètement, l’entreprise fabrique des tubes de 0,8 mm de diamètre, de dif férentes longueurs en fonc tion de la zone d’exploration du cerveau. L’objectif est d’enregistrer l’activité élec trique du cerveau afin de localiser les foyers épilep

Hugues Daussy, ancien bras droit de Macha Woronoff, est devenu président de l’université Marie et Louis Pasteur fin avril.

H ugues Daussy, vous avez été élu Pré sident de l’Université Marie et Louis Pasteur en avril, prenant la suite de Macha Woronoff. Quel est le plus gros projet de votre mandat ? Hugues Daussy: Notre mission est de faire aboutir l’établissement public expérimental (E.P.E.), construit dans le mandat précédent. C’est une grosse responsabilité. Les E.P.E. sont évalués au bout d’un certain temps. Fin 2028, au plus tard, soit on redevient ce que nous étions avant, soit on devient Grand Établissement. Nous sommes une vingtaine d’E.P.E. au national, ceux qui deviendront Grand Établis sement seront éligibles aux plus gros financements. La réussite tient à notre faculté à faire vivre le système qu’on a construit. On associe toutes les formations de l’enseignement supé rieur, toutes les forces du territoire franc-comtois dans une dynamique collective pour structurer l’enseigne ment supérieur de la recherche régio nale. On crée des initiatives inno vantes et transversales dans la recherche, la vie étudiante, à l’inter national. On veut créer des synergies sur le territoire pour améliorer notre

faculté. Et en même temps, créer un pôle plus visible et bien identifié. On renforce notre positionnement à l’échelle nationale et internationale. Quels sont vos autres axes de développe ment ? H.D. : Travailler sur la qualité de vie à l’université, les conditions de travail du personnel, renforcer le dialogue social. Le deuxième volet est la qualité de vie étudiante avec un soutien ren forcé à la vie étudiante, améliorer la qualité de vie sur les campus, lutter contre la précarité étudiante. Pour réussir l’Établissement public expé rimental, il faut une dynamique col lective et donc entraîner les étudiants. Besançon a été élue 2ème ville étudiante selon le magazine L’Étudiant qui compare les 47 villes de plus de 8000 étudiants. Qu’est-ce que ça vous inspire ? H.D. : C’est un atout au bon moment, un facteur d’attractivité indéniable. C’est le fruit d’un travail collectif, le fruit d’une synergie entre la collectivité et l’université. En termes d’images, ça nous renforce. n Propos recueillis par L.P.

Raoul Barthez, directeur général de

DIXI Medical et président du conseil de gestion de l’I.S.I.F.C.

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