La Presse Pontissalienne 306 - Juillet 2025
Le mensuel d'informations sur Pontarlier et le Haut-Doubs
JUILLET 2025 - N° 306 - 3 €
Mensuel d’information du Haut-Doubs - www.presse-pontissalienne.fr
Les monuments du tourisme Château de Joux, Citadelle, saline...
Comment les festivals de l’été s’en sortent ? P. 8 À 10 Le commerce, c’est son business ! Denis Gérôme s’est toujours épanoui dans la vente. À 73 ans, il fonce toujours pour défendre le commerce. Pontarlier L’événement P. 35
C’est devenu un casse-tête d’équilibrer financière ment l’organisation d’un festival. Tour d’horizon.
P. 6, 7 et 14
Sport
Pontarlier s’apprête à faire une ovation au Tour de France La capitale du Haut-Doubs a mis les petits plats dans les grands pour l’accueil de la Grande boucle.
Avec l’ambition projet “Renaissance”,
le Château de Joux devrait améliorer son attractivité.
Le dossier en P. 22 À 29
Literie Girard
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La Presse Pontissalienne - Juillet 2025
La tarification incitative réduit les quantités de déchets
La restauration du chemin de croix de Septfontaine se concrétise
L’ association Robert Fernier s’est engagée dans la rénovation des 14 tableaux du chemin de croix installé à l'intérieur de l’église Saint-Nicolas à Septfontaine. Ces œuvres peintes par Robert Fernier souffrent de dégradations liées à l’humidité et aux brusques écarts de températures à l’intérieur de l’église. D’où l’importance de restaurer ce chemin de croix à caractère ethnographique où l’artiste a pris soin d’intégrer des habitants, des paysages, des fermes typiques du Haut-Doubs. Soutenu par la Fondation du Patrimoine, le projet a fait l’objet d’une souscription avec l’objectif de récolter 14 850 euros. La restauration a été confiée à Mélanie Cretin-Girard qui a déjà rénové d’autres œuvres de Robert Fernier. “Les tableaux les plus abîmés ont été traités en premier” , explique Olivier Bedat, le pré sident de l’association Robert-Fernier
réunie en assemblée générale le 21 juin dernier à Septfontaine. Le jour même où les quatre premiers tableaux restaurés retrouvaient leur place à l’intérieur de l’église Saint-Nicolas. Deux autres devraient être réinstallés dans le courant de l’été et le président de l’association Robert-Fernier annonce que la globalité de l’œuvre sera remise en place dans le courant de l’au tomne. “Au niveau de la souscription, on a récolté 4 200 euros, soit environ un tiers du coût total. On ne connaît pas la plupart des donateurs” , s’étonne Olivier Bedat. Cette mobilisation montre l’attachement à l’œuvre et à son auteur. La cohérence de ce projet repose également sur l’inter vention de la commune propriétaire de l’église qui fera creuser un drain autour de l’édifice pour améliorer l’évacuation de l’humidité tout en modernisant la ventilation existante. ■
B esançon la pratique depuis 2012, Pontarlier a mis beau coup plus de temps à l’instau rer après une longue phase de test. La tarification incitative des déchets suit une règle simple: plus on trie, moins les factures de ramassage des ordures ménagères sont élevées. L’I.N.S.E.E. Bourgogne-Franche Comté vient de sortir une étude confir mant chiffres à l’appui les bienfaits de cette tarification incitative qui conclut en affirmant que “la tarification incitative réduit les quantités de déchets et stimule le tri.” À ce titre, le statisticien public note qu’à Besan çon, qui depuis 2012 est “la ville la plus peuplée de France à utiliser la tarification incitative, le volume de collecte des déchets y est 20 % infé rieure à la moyenne régionale, tant pour les ordures ménagères rési duelles que pour les déchets triés.” L’I.N.S.E.E. a ainsi classé en quatre groupes les collectivités locales selon leur niveau de pratique du tri et de production de déchets résiduels. La préfecture du Doubs appartient ainsi au groupe caractérisé par “une col
lecte faible de déchets et un tri davan tage pratiqué.” À l’image de Besançon, notre région est également pionnière en matière de tarification incitative par rapport aux autres régions françaises. Avec 31 % de la population régionale concernée en 2021, contre 10 % en moyenne en France métropolitaine, la tarification incitative est particu lièrement développée en Bourgogne Franche-Comté. L’I.N.S.E.E. estime qu’elle concerne plus de 64 % des habitants du Doubs. Ce système de facturation fondé sur le principe du “pollueur-payeur” vise à responsa biliser les usagers en modulant leur redevance des ordures ménagères en fonction de leur quantité produite. La facture comprend une part fixe, couvrant les coûts de base, et une part variable, liée à l’utilisation réelle du service. En 2021 (derniers chiffres disponibles), 1,5 million de tonnes de déchets ménagers et assimilés ont été col lectées en Bourgogne-Franche Comté. Ils représentaient 529 kg par habitant. ■
4 tableaux restaurés ont retrouvé leur place à l’église Saint-Nicolas.
Pour soutenir le projet de rénovation du Chemin de Croix de Septfontaine : https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/eglise-saint-nicolas-de-septfontaines/
Municipales à Pontarlier : la mise en garde d’Annie Genevard
régir Annie Genevard qui est toujours la présidente des L.R. du Doubs. Elle en appelle à l’unité. “Je souhaite vivement que les élus sortants de droite se mettent déjà d’accord entre eux. La multiplication des can didatures contribuera évidem ment à l’émiettement des voix et compromettra les chances de chacun de ces candidats. Dans une ville de la taille de Pontarlier, il faut que les élec teurs aient un choix clair. Pon tarlier sera cette année un sujet de préoccupation” prévient la ministre de l’Agriculture qui en appelle à “une union de la droite et des centres face à une gauche qui est en train de s’or ganiser.” ■
E dgar Faure en 1971 (droite), puis Denis Blon deau (gauche) en 1977, Roland Vuillaume (droite) en 1983, Yves Lagier (gauche) en 1989, puis Anfdré Cuinet (droite) en 1995… Avant l’avènement de Patrick Genre en 1999 qui sera resté en poste durant 26 ans - un record inégalé depuis plus de 200 ans -, Pontarlier alternait à chaque élection municipale entre la gauche et la droite. Le retour de cette alternance politique est-il à nouveau en vue alors que
Patrick Genre ne se représen tera pas ? Ce scénario est loin d’être impossible avec la mul tiplication des listes à droite de l’échiquier politique en vue des prochaines municipales de mars 2026. Bertrand Guin chard, Bénédicte Hérard, Patrick Comte, Béatrice Gau lard, sans parler d’une probable liste Rassemblement natio nal… Tandis qu’à gauche, on semble vouloir partir unis pour tenter de jouer l’alternance. Cette situation assez baroque à droite ne manque pas de faire
Après la longue parenthèse Patrick Genre, la traditionnelle alternance pontissalienne gauche-droite va-t-elle réapparaître à Pontarlier ?
La tarification incitative semble avoir fait ses preuves dans notre région.
Éditorial Tact
française qui l’est déjà par le communau tarisme. En agissant ainsi, la maire de Besançon voulait affirmer aussi, dans la continuité des propos du président de la République, que la reconnaissance d’un État palestinien n’est pas simplement un devoir moral, mais une exigence poli tique, insistant sur la nécessité d’apporter une réponse à la hauteur de la situation humanitaire dramatique que traversent la bande de Gaza et le peuple palestinien et estimant que cette position dépasse le cadre d’une simple opinion politique. L’in tention est peut-être moralement louable, la méthode sans doute moins. Les maires de France pourraient être dans leur rôle s’ils affichaient “naïvement” sur le fronton les deux drapeaux, palestinien et israélien avec un message de paix nécessaire. Comme la maire de Besançon l’a déjà fait auparavant pour l’Ukraine ou pour l’Iran en défendant la juste cause des femmes oppressées par le régime des mollahs. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser
était le même acte politique. Si M me Vignot militait pour la paix et pour la cohabitation de deux États voisins, Israël et la Palestine, suspendre deux drapeaux aurait été vu comme un vrai signe de paix. À partir du moment où la cause fait consensus au sein de la société, alors il n’y aurait pas de débat. C’est le cas de l’Ukraine, Besan çon avait également manifesté son soutien à ce pays par le déploiement d’un drapeau bleu et jaune. Mais si la cause est sujette à caution comme c’est le cas du dramatique conflit actuel au Proche Orient, alors les élus devraient agir avec davantage de tact. Ce conflit israélo-palestinien est éminemment complexe et dramatique. Il le reste, que l’on condamne avec autant de force les attaques du Hamas que l’igno ble riposte israélienne contre le peuple palestinien. Même s’il est sincère jusqu’au bout, on n’a sans doute pas besoin de ce genre d’acte militant qui n’a eu d’autre effet que de cliver davantage une société
Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER est éditée par la société “Publipresse Médias” Rédaction et publicité: 03 81 67 90 80 E-mail: redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645
E n organisant sciemment une cérémonie pour apposer un dra peau palestinien devant la mairie de Besançon, sa maire Anne Vignot a clairement donné un signal poli tique. Faussement naïf, ce geste humaniste comme elle l’a défendu n’avait rien d’ano din. Il a été rapidement recadré par le préfet du Doubs, puis le tribunal admi nistratif de Besançon tous deux réaffir mant la nécessaire impartialité et neu tralité des services publics en s’appuyant un arrêt du Conseil d’État qui indique clairement que “le principe de neutralité des services publics s’oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques.” Le rassemblement organisé quelques jours plus tard pour retirer le drapeau
Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni.
Mise en page : Olivier Chevalier Conception pubs : Éloïse Perrot.
Équipe commerciale : Maëliss Aumaitre, Anne Familiari, Anthony Gloriod.
Crédits photos : La Presse Pontissalienne, Astro-Club, Corinne Vasselet - B.F.C. Tourisme, C.F.D., Sophie Cousin, Yoann Jeudy, Jacques Lhommée, Nicomiot, Yves Petit, Antoine Sabatini. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N.: 1298-0609 Dépôt légal : Juillet 2025 Commission paritaire : 0227 D 79291
4 Haut-Doubs
La Presse Pontissalienne - Juillet 2025
AGRICULTURE
Mésentente au sein des G.A.E.C. 55 familles accompagnées par Solidarité Paysan en 2024
Le dynamisme des filières A.O.P. dans le Doubs cache aussi des situations économiques et sociales qui mettent des exploitations en grande difficulté comme le constate chaque jour l’association Solidarité paysan en encourageant les agriculteurs en difficulté à solliciter un accompagnement le plus en amont possible.
dations ou les procédures col lectives.” Avec 33 ans d’expérience, Soli darité paysan Doubs a fait ses preuves. Son efficacité est main tenant reconnue. Sa force réside incontestablement dans la rela tion de confiance établie avec la personne. “Notre priorité, c’est de sauver l’homme et ensuite on regarde si on peut aussi sauver la ferme. On se déplace parfois pour des problèmes minimes mais on constate souvent que le malaise est plus profond.” Le bilan 2024 est un peu moins critique qu’en 2023 où l’asso ciation avait accompagné 60 familles dont 24 nouvelles. “On trouve aussi bien des jeunes que des anciens exploitants. On a aussi des retraités, des couples
pellent que l’association inter vient gratuitement en deman dant seulement à la personne de prendre une cotisation dont le montant est de 20 euros. L’as sociation compte aujourd’hui une trentaine de bénévoles venus de tous les horizons sociaux, professionnels. “Il suffit d’avoir la fibre rurale. On leur propose des formations. Avec l’expérience, on apprend à mieux écouter. On essaie également de rester assez neutre, ce qui n’est pas toujours facile. Quand le problème devient insoluble, on passe parfois au stade de l’étude collective.” À la demande des “victimes”, des groupes de parole ont été mis en place depuis quatre ans. Ces séances encadrées par une animatrice permettent à chacun de verbaliser ses problèmes. “L’an dernier, on a continué dans cette approche collective en créant un groupe d’échanges de pra tiques car les personnes ont rare ment l’occasion de comparer leur situation avec d’autres. C’est très valorisant.” Certains accompa gnés sont devenus des accom pagnants. “On peut aussi se féli citer de l’ambiance qui règne parmi nos adhérents”, apprécie Jean Vuillet. n F.C.
“O n ne le dira jamais assez mais c’est préférable d’appe ler le plus tôt pos sible avant que les situations ne deviennent trop compliquées pour tout le monde” , insiste Syl vie Jeannin, ancienne agricul trice membre de l’association Solidarité Paysan qui est en
place depuis 1992 dans le Doubs. Il existe la même structure dans le Jura, la Haute-Saône et pour l’ensemble des départements de Bourgogne. “On est présent dans 83 départements avec une association faîtière nationale qui emploie six salariés dont plusieurs juristes. On a une ani matrice dans le Doubs qui a un
poste partagé avec la Haute Saône” , complète Jean Vuillet, lui aussi ancien agriculteur et président de Solidarité Paysan Doubs. En 2024, l’association a accom pagné 55 familles dont 14 nou velles. “On identifie trois niveaux d’intervention avec des dossiers légers qui sont rapidement réglés, des dossiers globaux nécessitant plusieurs déplacements ou visites et les dossiers importants dont le traitement peut durer plu sieurs mois, voire des années. Sur les 55 dossiers gérés en 2024, on en trouve 11 dans la première tranche, 23 dans la seconde et 21 dans la dernière” , détaille Sylvie Jeannin. La ventilation par secteur de production montre que toutes les filières sont concernées. Plus de la moitié des structures en difficultés sont en élevage laitier, 18 % en production diversifiée et 11 % en lait standard. “Depuis un an, on enregistre beaucoup de cas de mésentente au sein des G.A.E.C. Pour faire face à ce nou veau phénomène, une partie des bénévoles a suivi une formation
à la médiation. Les modalités d’intervention sont toujours les mêmes et reposent sur la volonté de l’agriculteur en difficulté de demander de l’aide. Rien ne se fait sans son accord. On se déplace seulement quand le pay san appelle, sinon cela ne fonc tionne pas. On se limite parfois juste à présenter l’association. C’est rare que cela n’aille pas plus loin. On intervient toujours en binôme en sachant qu’il est composé au moins d’un agricul teur actif ou en retraite.” Solidarité Paysan n’agit pas seul mais en partenariat avec d’au tres organismes comme la cham bre d’agriculture, les banques ou la M.S.A. Sylvie Jeannin observe aussi que beaucoup de gens sont dans le déni ou ont honte de se retrouver dans une mauvaise passe. “Au besoin, on n’hésite pas à faire appel à des compétences externes pour débrouiller des points techniques ou juridiques. On est sans doute la seule association proposant aux personnes de les accompa gner au tribunal pour les sau vegardes judiciaires, les liqui
en séparation. On est assez vigilant sur la thématique de la transmis sion car il y aura beaucoup de départs dans les 5 à 10 ans à venir. Dans ces cas-là, on joue un rôle de facilitateur entre le repreneur et le cédant.” Sylvie Jeannin et Jean Vuillet rap
“Beaucoup de cas de mésentente au sein des G.A.E.C.”
Jean Vuillet, le président de Solidarité Paysan dans le Doubs et Sylvie Jeannin, bénévole de l’association.
EN BREF
DOUBS
Un projet entre deux classes La nature, une salle de lecture à ciel ouvert
Jougne Comme chaque année Jougne fait revivre l’histoire. Le Comité d’Animation de Jougne et sa centaine de bénévoles costumés font découvrir la vie d’autrefois. Le samedi 12 juillet “Jougne Mémoire d’un Lieu” emmènera le spectateur, village: la journée “bien chargée” des moines, un enterrement des années cinquante, l’école d’autrefois ou l’arrachage des patates avec une touche le plus souvent humoristique. Tarif: 5 euros (gratuit pour les moins de 6 ans) pour l’une des 8 visites itinérantes. Vente des billets au 0606766695. Sur place: restauration, buvette, jongleurs, acrobates et animations musicales, jusqu’au feu d’artifice prévu vers 23 heures La soirée se prolongera par un bal gratuit. au fil de 4 scènes, partager la vie du
Des élèves de la section S.E.G.P.A. du collège Aubrac ont travaillé avec une classe C.P. de l’école de Doubs autour d’un projet de lecture avec des séances organisées dans une parcelle forestière mise à disposition par la commune. Bienvenue dans l’école du dehors.
Les deux classes se sont retrouvées le 10 juin dernier sur la parcelle pédagogique
L es écoliers de Doubs fré quentent depuis quelques années cette parcelle pédagogique aménagée dans le cadre de l’opération “Dans 1 000 com munes, la forêt fait école”. “On s’y rend de temps en temps, notamment pour l’activité “Bulle nature” où chaque enfant est invitée à construire son espace personnel avec ce qu’il trouve autour de lui. Ils adorent ça , explique Bénédicte Remillet, professeur des écoles qui s’oc cupe d’une classe de C.P. à l’école primaire de Doubs. On a aussi des envies de s’émanciper du cadre purement scolaire au col lège Aubrac.” Deux classes de S.E.G.P.A. et une classe U.L.I.S. participent au dispositif “L’école de la forêt.” “On a pris contact avec la com mune de Doubs qui nous a pro posé de profiter également de cette parcelle pédagogique. Puis
on a eu l’occasion d’échanger avec l’école primaire. Ce rappro chement a abouti à ce projet de lecture entre deux classes dans la forêt de Doubs” , complète Fabienne Da Silva, enseignante de français au collège Aubrac et qui s’occupe aussi d’une classe de 5 ème en section S.E.G.P.A. Concrètement, les 13 élèves de S.E.G.P.A. feront des lectures d’albums aux 23 élèves de la classe de C.P. dans la parcelle forestière. Les deux classes se sont rencontrées une première
pour une troisième rencontre autour de la lecture d’albums.
Fabienne Da Silva. La séance en forêt s’est tenue le 27 mai. Chaque collégien faisait la lec ture à quelques écoliers. “On avait choisi des livres de jeunesse très accessibles avec une petite mise en scène.” Ce qui devait arriver arriva! Des collégiens plutôt turbulents en classe se sont pris au jeu de ces lectures en y mettant beau coup d’envie et d’application. Au point même de donner envie
aux écoliers de les imiter en fai sant la même chose avec des enfants de maternelle. De quoi alimenter une troisième ren contre organisée le 10 juin tou jours en forêt où les grands sont allés prodiguer des conseils de lecture aux plus petits. “Cela donne du sens aux élèves de S.E.G.P.A. Quand on arrive à ce résultat, on sait que la partie est gagnée” , apprécie Fabienne Da Silva. Certains élèves ont
rarement l’occasion d’aller jouer, se promener en forêt. Le bénéfice de ces échanges est aussi sani taire car les classes se rendent à pied sur la parcelle. Les deux enseignantes sont d’ores et déjà prêtes à renouveler cette colla boration. Cette méthode péda gogique d’apprentissage à l’ex térieur tend aussi à se généraliser avec la création de jardins au sein des établisse ments scolaires. n F.C.
fois en avril pour faire connais sance. Les collé giens étaient venus avec des cookies qu’ils avaient cuisinés en atelier pra tique. “Ils ont pré paré ces lectures en cours de fran çais” , poursuit
“Cela donne du sens aux élèves.”
6 L’interview du mois
Juillet 2025
TOUR DE FRANCE
Alexandre Pasteur, le commentateur du Tour
“Je sais déjà que ce sera un moment hyper émouvant” Le 26 juillet, l’un des régionaux de l’étape ne sera pas forcément dans le peloton mais au commentaire de l’étape en direct sur France Tμ.V. Pontissalien et toujours attaché à sa région, Alexandre Pasteur se réjouit de pouvoir exercer son métier dans sa ville natale, le temps d’une étape.
A vez-vous reconnu l’étape Nantua Pontarlier ? Alexandre Pasteur : On a fait une reconnaissance le 17 juin avec Anthony Forestier, le réalisateur du Tour de France. Comme on n’avait pas beaucoup de temps, on a juste fait la dernière partie de l’étape depuis Saint-Claude. A.P. : Non, on n’a pas le temps de toutes les faire. Je cible les étapes que je connais le moins. En géné ral, j’en fais 6 ou 7 pour s’impré gner du parcours, voir l’état des routes, le relief, le paysage. Votre point de vue sur la côte de Thésy (3,6 km à 8,8 %), classée en seconde catégorie et que les coureurs emprun teront juste après Salins-les-Bains ? A.P. : Elle aura un rôle important. Le peloton avait déjà roulé sur Bio express l Alexandre Pasteur est né le 30 novembre 1970 à Pontarlier. l Journaliste sportif français, il est spécialisé dans le ski, le cyclisme et l’athlétisme. Il travaille au service des sports de France Télévisions de 2017. l Il a passé les vingt premières années de sa vie dans le Haut-Doubs. l Après l’école de journalisme, il effectue quelques stages et CDD dans la presse régionale. En 1995, Eurosport cherche un remplaçant à Christophe Josse pour commen ter le ski alpin. Il postule et est retenu. Il y commente également l’athlétisme. l Durant les J.O. d’hiver en 2010 à Vancouver, il commente les épreuves de ski alpin l Passionné de vélo depuis tou jours, il débute les commentaires de courses cyclistes par des rem placements de Patrick Chassé, journaliste spécialiste du cyclisme de la chaîne, pendant ses vacances. Après le départ de Chassé en 2010, la direction de la chaîne lui propose de s’investir davantage dans le vélo. Il devient ainsi le commentateur des plus grandes courses diffusées sur la chaîne. En 2011, il commente son premier Tour de France. De 2011 à 2016, il commente chaque année le Tour sur Eurosport. Vous essayez de toutes les reconnaî tre ?
mobilisent en effet. Le phénomène est global car tout le monde attend et veut son étape, les arrivées mais aussi les départs. J’ai l’im pression que Pontarlier est super mobilisé. La dernière arrivée du Tour dans la capitale du Haut Doubs remonte à 24 ans et le der
cette pente impressionnante lors du critérium du Dauphiné en juin 2023. C’est Jonas Vingegaard qui avait remporté l’étape en soli taire en posant une attaque vio lente dans ce petit mur, ce qui lui avait permis de prendre la tête du classement général. Certains disent que cette étape Nan tua-Pontarlier peut s’avérer décisive ? Qu’en pensez-vous ? A.P. : Je n’irais pas jusque-là, le final n’est pas très difficile. C’est une étape vallonnée qui arrive en fin de Tour. Il pourrait y avoir un groupe d’échappés pour jouer une ultime victoire d’étape qui ne serait pas réservée aux sprin ters. La Ville de Pontarlier et le Département du Doubs font de gros efforts pour que la fête soit complète le 26 juillet. A.P. : Toutes les collectivités se
je pense qu’il y aura entre 5 et 6 millions de personnes devant leur poste de télé. On peut rap peler que le Tour est diffusé dans pratiquement tous les pays de la planète. Pontarlier, vous connaissez ? (rires) A.P. : Je sais déjà que ce sera un moment hyper-émouvant pour moi. Pontarlier, c’est ma ville. C’est là que j’ai grandi. J’ai fait une grande partie de ma scolarité aux Augustins avant de poursui vre mes études dans le journa lisme à l’I.P.J. Paris-Dauphine. Je reviens de temps en temps à Pontarlier où vit encore une partie de ma famille, ma mère, ma sœur. C’est un point d’ancrage impor tant pour moi alors y revenir dans le cadre du Tour de France ! Je m’attends à être très sollicité. Il y aura plus de gens qui me connaissent que le contraire. Les Pasteur sont des sportifs ? A.P. : Oui assez. Mon grand-père avait créé l’Office Municipal des Sports. Mon père était président du C.A.P. foot. Dans ma jeunesse, j’étais licencié au foot, au tennis, au vélo-club. J’adorais le vélo mais je n’aimais pas rouler par mauvais temps et à Pontarlier, ce n’est pas toujours les grosses chaleurs… Votre point de vue sur ce Tour 2025 ? A.P. : Quand j’ai découvert le par cours, j’ai eu un peu peur car la montagne arrive tard. Notez que l’édition 2025 se court uniquement en France. Il faudra attendre 10 jours avant que la montagne arrive. Il y aura alors du spectacle et de l’animation. La seconde par tie risque d’être très éprouvante. À partir du 14 juillet, les coureurs vont enchaîner le Massif central, le Ventoux et les Alpes… Un favori ? A.P. : Pogacar sera dur à bouger. Il vient de gagner le Dauphiné. S’il reste dans le même état de forme, on ne voit pas qui pourrait le menacer. A.P. : Sans doute. Rappelons qu’il a gagné un tiers des étapes en 2024. Jusqu’à l’an dernier, on était dans la phase admiration et main tenant on passe dans la stupé faction. C’est un grand champion qui ne manque pas de panache. Il prend des risques et ça paie. C’est un sportif que j’aime bien commenter. On l’appelle le petit cannibale. Sa domination peut-elle casser le sus pense ?
nier départ d’étape, c’était en 2009. C’est important de faire des efforts pour mettre en valeur le patri moine local. Le Tour de France se singularise par des audiences énormes. On arrive à capter 8 à 9 millions de téléspectateurs sur les grandes étapes de montagne. Pour une arrivée comme celle de Pontarlier,
“On ne voit pas qui pourrait menacer Pogacar.”
des grimpeurs, des puncheurs. C’est frustrant de voir qu’un petit pays comme la Slovénie a produit deux champions - Pogacar et Roglic - qui ont gagné 9 fois des trois grandes épreuves par étapes que sont le Tour de France, le Giro et la Vuelta. Il faut remonter en 1997 pour trouver un français, Laurent Jalabert vainqueur de la Vuelta. A.P. : Je ne pense pas qu’il rem portera le Tour mais pourquoi pas des étapes. On a aussi de très bons jeunes coureurs comme Lenny Martinez ou Kevin Vau quelin. Vous entretenez de bonnes relations avec les cyclistes professionnels ? A.P. : Tout à fait. Les liens entre les coureurs et la presse sont très serrés. Cela reste un milieu où les sportifs sont accessibles. Pourquoi l’engouement autour du Tour reste intact depuis sa création ? A.P. : Le Tour, c’est 3 500 km de sourires. La recette fonctionne depuis plus de 100 ans. On voit la souffrance des coureurs. C’est un spectacle intemporel. Couvrir le Tour de France est aussi une épreuve pour vous ? A.P. : Cela représente 120 heures de direct et entre 6 et 7 heures d’antenne quotidienne dont 1 h 30 d’émission. C’est un véritable marathon médiatique. Je trouve que c’est hyper-physique. Pendant le Tour, on est porté par l’adré naline mais on ressent bien la Et Julian Alaphilippe, peut-il encore s’il lustrer ?
Une telle réussite suscite aussi des inter rogations ! A.P. : Forcément. Il faut savoir qu’il est très ciblé et fait l’objet de beau coup de contrôles anti-dopage. Pour l’instant, on en reste au stade des doutes. C’en est fini du dopage dans le cyclisme ? A.P. : Le peloton est beaucoup plus surveillé. L’E.P.O. remplaçait les bienfaits de l’altitude. Maintenant, les coureurs passent deux mois en montagne. On n’est plus dans le même système. Le métier a évolué vers une approche plus scientifique. On parle aussi de dopage mécanique ? A.P. : Non, je n’y crois pas. Les vélos sont scannés très fréquemment, l’U.C.I. a mis au point des contrôles très efficaces. Mais dans le vélo, comme dans d’autres sports, il y aura toujours des cou reurs qui jouent avec le feu.
Depuis Bernard Hinault en 1985, on attend tou jours le coureur français qui va lui succéder… Comment expliquer cette absence de vic toires françaises au général ? A.P. : Le cyclisme est un sport qui s’est mondialisé. Il y a aussi le fait qu’il n’y a pas actuellement en France un cou reur polyvalent, à l’aise en contre-la montre, et en haute montagne. On a de très bons rouleurs,
“Le Tour, c’est 3 500 km de sourires.”
Ce ne sera pas sans une certaine émotion qu’il sera présent le 26 juillet dans sa ville natale.
l En 2017, après 21 ans à Euro sport, il rejoint France Télévisions pour devenir le commentateur prin cipal des courses cyclistes dont, bien sûr, le Tour de France.
l En 2019, il est choisi pour com menter les championnats du monde d’athlétisme à Doha au Qatar. Il remplace alors Patrick Montel qui commentait la compé tition depuis sa création en 1983.
L’interview du mois 7
Juillet 2025
fatigue en arrivant à Paris. Je devrai encore couvrir les championnats du monde d’athlé tisme qui se dérouleront du 13 au 21 septembre à Tokyo et les championnats du monde de cyclisme qui auront lieu le 28 septembre à Kigali au Rwanda. En février 2026, je serai également présent aux J.O. d’hiver en Italie. Pensiez-vous en jour vous retrouver à commenter le Tour de France sur France T.V. ? A.P. : Honnêtement, ce n’était pas ma feuille de route. J’ai toujours voulu être journaliste dans le sport mais je ne rêvais pas d’être com mentateur sur le Tour de France car cela me semblait inaccessible. C’est le contre-pied du destin. Je voulais faire carrière dans la presse écrite. J’ai travaillé 22 ans sur Eurosport. C’était une expérience magnifique. Cela m’a vraiment mis le pied à l’étrier. Sur France T.V., je fais aussi du reportage, je me sens vraiment journaliste. Il n’y a jamais un jour qui se res semble. J’ai l’impression de vivre et le jour où cela s’arrêtera, je n’aurai aucune frustration. Vous y pensez déjà ? A.P. : J’ai envie de poursuivre sur cette dyna mique mais pas au-delà de 60 ans. Pour moi, il sera temps d’arrêter l’antenne. Où dormirez-vous le 26 juillet au soir ? A.P. : J’ai insisté pour passer la nuit à Pontar lier. Rien d’autre à ajouter ? A.P. : Je terminerai par une petite anecdote sur l’arrivée d’étape attribuée à Pontarlier. Je l’ai appris par la bande il y a deux ou trois ans en déjeunant avec Christian Prudhomme la veille de l’arrivée d’un Paris-Nice. On se connaît très très bien. Pendant le repas, il m’a annoncé “en 2025, on revient dans le 25” sans en dire plus !... n Propos recueillis par F.C.
Alexandre Pasteur
commente depuis huit ans en direct, les étapes du Tour de France sur France T.V. et des événéments internationaux.
8 L’ÉVÉNEMENT
Juillet 2025
FESTIVALS DE L’ÉTÉ : LE CASSE-TÊTE ÉCONOMIQUE
Qu’ils soient de musique classique, de reggae, de musiques actuelles ou lyriques, les festivals organisés dans la région ont tous un point commun : leur difficulté à maintenir un modèle économique stable et pérenne. Du Grand Besançon au Haut-Doubs, musique !
(¨Photo Nicomiot)
l Musique Le festival de Besançon Le plus vieux festival de
l Métabief
Festival
Sur quelle structure repose le festival de la Paille ? Eugénie Burnier: Depuis sa création en 2000, le festival est organisé par l’asso ciation “Collectif organisation” présidée par Virginie Marion qui a été élue en février dernier. Cette association compte 14 administrateurs et un bureau de cinq personnes. La préparation du festival mobilise 40 personnes à l’année. L’asso ciation emploie cinq à six salariés dont deux permanents avec des techniciens qui interviennent ponctuellement. 500 bénévoles participent à l’exploitation qui représente trois semaines de travail du montage au démontage de toutes les ins tallations. Il faut savoir que le festival de la Paille est créé de toutes pièces. Comment s’organise la chaîne de décision ? E.B. : L’association comprend différentes commissions : sécurité, montage-démon tage, programmation, finances… très autonomes l’une de l’autre. Il existe aussi la fréquentation ? Éléments de réponse avec Eugénie Burnier, la directrice du festival. Dans un contexte compliqué pour les festivals de taille inter médiaire, comment s’adapte l’association “Collectif organisa tion” pour attirer davantage de monde sachant que l’avenir de La Paille repose avant tout sur “La force
la région maintient le cap
S i le grand concert gratuit d’ouverture est abandonné à partir de cette année, “ce n’est pas pour des raisons budgétaires” assure Jean-Michel Mathé, le directeur du festival de musique de Besançon. C’est avant tout “parce que depuis qu’il est déporté aux Prés-de-Vaux, on s’est aperçu que seuls les mélomanes venaient. L’intérêt de ce grand concert, quand il était encore possible de l’organiser place de la Révolution c’était justement À l’aube de son 80 ème anniversaire, le festival de musique de Besançon compose avec un budget d’1,3 million d’euros. L’appel au mécénat n’a pas permis de trouver d’autres soutiens privés pour l’instant.
d’amener à la musique les spectateurs de passage, les gens qui se promenaient en ville.” L’idée qui avait émergé de le rapatrier à la Gare d’Eau est également abandonnée et ce grand concert laissera place, pour justement coller à cette volonté d’attirer de nouveaux publics, à une série de huit mini-concerts organisés au centre-ville de Besançon. “Pour un budget presque identique” , c’est-à-dire pas loin de 70 000 euros. Le budget global du festival de musique est d’1,3 mil lion d’euros, dont 250000 euros pour le concours international des chefs d’orchestre. Il est couvert à hauteur de 51 % par les partenaires publics (Ville de Besançon, Départements du Doubs et du Jura, Région et État) et “dans ce contexte tendu, nous
avons la chance d’avoir des partenaires qui n’ont pas baissé d’un centime leur contribution. C’est une chance. Qu’en sera-t-il dès l’année prochaine avec le renouvellement des exécutifs ? C’est le point d’inter rogation” tempère M. Mathé. Pour le reste, le budget du festival est couvert par le mécénat, la S.A.C.E.M. (dont l’aide est passée de 15000 à 10000 euros) et la billetterie qui représente 25 % des recettes. Le festival de Besançon n’est heureusement pas confronté comme de gros festivals de musiques actuelles à l’inflation des cachets des artistes, “ce qui fait que nous ne sommes pas en déficit.” Ce qui n’em pêche pas le festival bisontin de partir à la recherche d’autres sources de financement, privées cette fois ci, dans un contexte où les subventions publiques, si elles ne baissent pas, ne sont pas pour autant en aug mentation. Afin de capter de nouveaux mécènes, le festival avait missionné l’an dernier un cabinet à qui il avait confié la mission de trouver de nouveaux soutiens privés. Plus de 200 entreprises avaient été contactées, pour “zéro résultat !” note Jean-Michel Mathé. Alors le fes tival actionne d’autres leviers pour ne pas augmenter ses dépenses. “On ne fait plus venir des grands orches tres symphoniques rien que pour le festival. On capte des formations pendant une de leurs tournées. Le Phil harmonique de Vienne à Besançon, ce n’est plus pos sible !” Avec son budget moyen - comparé aux 20 mil lions d’euros d’un festival comme Aix-en-Provence -, le festival de Besançon compose au mieux pour offrir au public une programmation digne du plus vieux festival culturel de la région. La prochaine édition du festival bisontin est programmée du 12 au 27 sep tembre prochains. n J.-F.H.
Jean-Michel Mathé a présenté le 12 juin dernier la prochaine édition du festival (photo Yves Petit).
L’événement 9
Juillet 2025
l Fraisans
20 000 festivaliers
Le No Logo, un ovni dans la
galaxie des festivals Pas de sponsors privés, pas de partenaires publics, aucun béné vole… Le festival No Logo étonne et détonne. Cela fait 13 ans que ça dure. Mais pour la dernière fois aux Forges de Fraisans.
Le No Logo Festival, un rendez-vous atypique par son modèle
D u 8 au 10 août prochains, le No Logo Festival se tiendra pour la dernière fois sur le site des Forges de Fraisans (Jura voisin). Les 34 hectares de terrain sur lequel évoluait depuis sa création en 2013 ce qui est aujourd’hui un des plus grands festivals de musique reggae en France seront dévolus à un projet pho tovoltaïque. Le futur site du No Logo n’est pas encore défini, il doit être connu à l’issue de la prochaine édition. “Nous cherchons un endroit quelque part entre Baume-les-Dames et Dole, en milieu rural. Deux emplacements sont à l’étude actuellement, nous attendons les auto risations définitives pour l’un des deux. Si on ne trouve rien, l’histoire s’arrêtera !” indique Florent Sanseigne, le créateur et directeur du No Logo.
Cette nouvelle contrainte ajoute une incertitude de plus à ce festival hors des circuits habituels qui a construit sa noto riété sur un modèle économique baroque : sans aucune aide. “Notre festival depuis le début, c’est une utopie ! Mais une uto pie qui fonctionne” reprend Florent San seigne. Alors comment arrive-t-il à tour ner ?
économique (photo D.R.).
modèle économique atypique, mais qui prouve d’année en année sa pertinence économique. “Mais ce schéma ne serait pas viable pour un plus petit festival qui débute avec 2 000 ou 3 000 spectateurs” prévient Florent Sanseigne. Les retom bées de ce festival sur son territoire sont estimées à près de 4 millions d’euros. À un mois et demi de la prochaine édition, les organisateurs étaient à 80 % de la jauge souhaitée. Le No Logo poursuit son chemin sur une ligne de crête. n J.-F.H.
prennent un pass trois jours” ajoute le directeur. Autre condition vitale : pour que la programmation de l’année suivante soit assurée, il est indispensable que les festivaliers réservent leurs places le plus en amont possible. “C’est la raison pour laquelle nous ouvrons la billetterie dès décembre. Indispensable pour reconsti tuer la trésorerie et pouvoir ainsi réserver les artistes. En gros, on y arrive parce que c’est complet, que ça picole et que c’est la fête!” sourit le responsable. Voilà 12 ans que le No Logo surfe sur ce
tants étaient apportés par le merchan dising. Et ici, chaque personne qui aide à la réalisation du festival est payée. Le secret du No Logo, c’est donc sur les épaules des festivaliers qu’il repose. “Depuis le démarrage, on leur explique qu’ils sont acteurs de ce festival, et pas que des consommateurs. Pour que le fes tival soit à l'équilibre, il n’y a pas d’autre recette que de faire le plein. C’est-à-dire au moins 50000 entrées sur les trois jours, soit 19 000 à 20 000 personnes sur place, sachant que 80 % des festivaliers
Le budget d’environ 2,2 millions d’euros hors taxes repose sur quatre piliers : les entrées qui assurent 60 % des recettes, les bars à hau teur de 25 %, la com mercialisation des stands de restauration (environ 8 %), les quelques pour cent res
“Notre festival depuis le début, c’est une utopie !”
de la Paille
de notre festival, c’est l’ambiance !”
pour atteindre 350000 euros. Le coût d’une tête d’affiche à la Paille varie entre 40 000 et 70 000 euros. Les cachets des artistes se produisant sur la petite scène vont de 1000 à 7000 euros. Et le budget global du festival de la Paille ? E.B. : Il est d’1,4 million d’euros. Le plus gros poste de dépense concerne le volet technique notamment avec les implan tations de scènes dont les prix sont en constante progression. Idem avec le ser vice sécurité qui comprend 60 agents pendant la durée de l’événement. Comment résister aux grosses écuries ? E.B. : La force de la Paille, c’est l’ambiance. Comment pérenniser ce savoir-faire? L’an dernier, on a décidé de créer la zone de la paillote où le public peut se retrouver à l’écart des deux scènes. Vous percevez de subventions ? E.B. : Les aides publiques représentent entre 7 et 8 % du budget. C’est indispen sable. On est soutenu par la Région, le Département, la communauté de com munes des Lacs et Montagnes du Haut Doubs et la commune de Métabief. Le soutien privé avoisine 130 000 euros en sachant qu’on travaille beaucoup avec des partenaires locaux. Certains appor tent aussi une aide matérielle. Quoi qu’il en soit, la majorité des ressources repose sur la billetterie et les revenus de l’espace restauration et des buvettes. Le passage du festival sur trois jours est une réussite ou pas ?
doit rester en capacité de répondre à ces exigences avec des moyens qui n’aug mentent pas. Certains gros festivals ne semblent pas trop affectés par ces évolutions ? E.B. : Tout à fait, mais ils sont en général portés par des groupes privés qui n’ont pas de freins financiers pour faire venir des stars. C’est le cas par exemple de Hellfest ou Rock en scène. La grande dif ficulté pour des festivals de taille inter médiaire, c’est de construire une pro grammation qui corresponde aux attentes du public en conservant nos valeurs. On a besoin de têtes d’affiche tout en assurant aussi la promotion de groupes régionaux. Les habitudes de consommer la musique évo luent ? E.B. : Toute la découverte musicale repose aujourd’hui sur les réseaux sociaux. La reprise d’un simple refrain sur Tiktok peut faire un buzz et relancer une carrière.
Eugénie Burnier avec de gauche à droite, Tristan
Bouvet dit Maréchal, chargé de
communica tion, Gaétan, assistant de production en alternance et Jade, stagiaire.
E.B. : Cela a permis d’attirer 24000 fes tivaliers payants ou invités. On a fait aussi un très bon chiffre sur la restau ration même si les objectifs financiers n’ont pas été atteints. Pour autant, on ne reviendra pas en arrière avec un fes tival sur deux jours. La meilleure façon d’assurer la pérennité de la Paille, c’est de venir, et surtout de s’y prendre en avance pour prendre les billets. A-t-on une idée des retombées économiques ? E.B. : Elles avaient été estimées à 258000 euros en 2018. On va relancer une étude économique cette année. n Propos recueillis par F.C. “Même si on a besoin des têtes d’affiche, on reste un festival intermédiaire qui sert de tremplins aux groupes régionaux”, explique Eugénie Burnier, la directrice du festival de La Paille
un comité opérationnel qui réunit des représentants des commissions les plus techniques. Le C.A. et le bureau de l’as sociation prennent les décisions straté giques et le comité opérationnel s’occupe des aspects terrains. Les deux entités ont un rythme différent. Les décisions stratégiques sont plutôt prises à l’au tomne et l’opérationnel monte en puis sance à l’approche de l’événement. C’est à moi d’assurer l’interface entre les deux. Tout le fonctionnement du festival repose sur le collectif. Est-ce que le Covid a modifié les habitudes des festivaliers ? E.B. : Indéniablement. Avec les annulations de nombreux festivals sur fond de res trictions sanitaires, une partie de la jeu nesse n’a pas eu la chance de pratiquer
les festivals comme leurs aînés. Comme partout, on subit aussi un changement de comportement avec des gens qui s’y prennent de plus en plus à la dernière minute avant de réserver. Depuis quelques années, le contexte économique tend à se dégrader et les foyers rognent sur le budget loisirs, culture. Les orga nisateurs de la Paille sont très attentifs pour proposer un festival à des tarifs raisonnables. Cette année, on n’avait pas d’autre choix que d’augmenter d’1 euro le prix du billet. Pourquoi cette augmentation ? E.B. : Tout simplement pour répondre à l’évolution des charges. Selon des chiffres du Syndicat des Musiques Actuelles, les cachets des artistes ont augmenté de 30 % entre 2024 et 2025. Face à cela, on
On a aussi de plus en plus de souci à rendre la programmation plus lisible car les gens ne connaissent plus les noms des artistes ou des groupes seulement leurs musiques. Quel est le budget pro grammation d’un festival comme celui de la Paille ? E.B. : Il augmente cette année de 50 000 euros
“Tout le fonctionnement
du festival repose sur le collectif.”
10 L’événement l Landresse
Juillet 2025
Rock métal La Guerre du son 2.0 débarque Depuis 20 ans, la Guerre du son fait rage à Landresse. Si le festival de musique métal-rock conserve sa notoriété au fil des années, les années Covid l’ont durement impacté. Il a fallu se renouveler. Bienvenue à la Guerre du son 2.0.
S i quelques irréductibles métalleux s’investissent depuis le début de la Guerre du son, soit 22 ans, l’équipe du festival a su se renouveler, avec notamment les enfants des premiers bénévoles. Car à Landresse, la Guerre du son, nommée en référence à la Guerre des Boutons de Louis Pergaud, instituteur à Landresse au début du XX ème siècle, est une affaire de villages, d’habitants. Et c’est bien pour inscrire davan tage la population du coin que le festival lance une nouvelle formule cette année pour la 20 ème édition : la Guerre du son 2.0. “Les années post-Covid ont été très compliquées, soit on subissait une autre année, soit on se renou velait” , explique Idaline Louvrier, chargée de communication du festival. L’association s’est d’ail leurs recomposée en une orga
nisation collégiale (et non plus un conseil d’administration avec un président à sa tête). L’année dernière, près de 2 000 festiva liers avaient goûté la Guerre du son. “On a eu la forte impression de perdre du public local. On ne se fait pas d’idées, on est un petit festival familial. Il y a beaucoup de festivals en même temps et les gens préfèrent largement les gros aux petits.” La météo est aussi un facteur décisif. Forte de plus d’une centaine de bénévoles, l’équipe de la Guerre du son a imaginé des Olym piades pour que les bénévoles, comme les habitants des alen tours pas forcément fans de musique métal, puissent profiter de la fête. Le samedi après-midi est consacré à des animations comme une cracheuse de feu ou une fanfare itinérante. Bal, feu d’artifice, D.J. set concluent les
deux soirées. La Guerre du son revient donc à son essence, une fête de village accessible à tout le monde pour retrouver un maximum de locaux. La programmation a aussi évolué, avec un nombre réduit de groupes et des têtes d’affiche plus attractives. Le samedi prend des tonalités plus rock, plus accessibles. “On essaie de proposer des choses nouvelles, reprend Idaline. Depuis 2017, la Guerre du son n’avait pas changé, avec deux scènes, une internationale et une pour les gros locaux.” Seulement, la 20 ème édition marque aussi la disparition momentanée - c’est du moins ce qu’espère l’organisation - de la petite scène des groupes locaux. “C’est un crève-cœur, on est super attristés, déplore Idaline. Mais on a été obligé de réfléchir à ce
La Guerre du Son a connu une situation compliquée après les années Covid.
qui était le moins attractif. On espère faire une bonne édition pour remettre cette scène les années d’après. Ça nous fait mal au cœur de ne pas mettre en avant des groupes locaux dans notre festival. On met ça de côté le temps de se refaire une santé,
Autres nouveautés de la Guerre du son toujours à l’écoute des demandes des festivaliers : des “vraies toilettes et des vraies douches” sont mises en place. La Guerre du son 2.0 promet une édition qui détonne. n L.P.
plutôt que de couler.” Au vu des préventes du ven dredi, la nouvelle formule a l’air de séduire. “Ça part plutôt bien, on est confiant. On a dépassé en préventes du vendredi les ventes de l’année dernière” , précise la chargée de communication.
C’ est un pari audacieux que s’étaient lancé Philippe Nicod et quelques amis du ski-club Verrières-La Cluse qui par tageaient une passion commune autour de la musique. “Comme toute association, on cherchait des sources de revenu. On a testé des soirées moules-frites. Cela fonctionne bien mais nécessite beaucoup de travail. On a aussi fait des lotos. On trouvait que c’était très rébarbatif. On préférait finalement organiser ponctuellement des concerts, des pièces de théâtre. C’était plutôt réussi, d’où l’idée de faire un festival sur trois jours” , rappelle Philippe Nicod. Une commission spécifique s’est mise en place en intégrant aussi des compétences extérieures en phase avec ce type d’événement. Le festival des Vieilles Spatules, en référence aux anciens skieurs qui pilotent cette opération, a déjà surmonté des configurations improbables comme ce fut le cas en 2020 avec le confinement avec obligation du port du masque et libération d’une place sur deux. “L’objectif est bien de récolter des fonds mais aussi de démontrer que la culture et le sport ne sont pas incompatibles. C’est aussi l’opportunité de faire découvrir des spectacles de qualité au public du Haut-Doubs” , poursuit Philippe Nicod. Les organisateurs ont aussi fait appel aux partenaires dont la contribution doit garantir la viabilité du festival, sans quoi il n’au rait pas lieu. “C’est une règle que l’on s’est fixée.” Au fil des éditions, le festival des Vieilles Spatules a acquis une certaine notoriété. Au point de rece voir et de devoir refuser des dizaines de candi Plutôt qu’un loto ou une soirée dansante, le ski-club Verrières-La Cluse a préféré miser sur l’organisa tion d’un festival de musique pour récolter des fonds. L’art de concilier la culture et le sport en milieu rural. l Musiques actuelles La musique au service du ski nordique
10 ème édition
l Montperreux Festival lyrique Un pari impossible devenu un rendez-vous incontournable Depuis 16 éditions, il est présent. Infatigable, à plus de 80 ans, Jean-Jacques Malgat, président de l’association du festival lyrique d e Montperreux et membre fondateur, illustre l’amour et la fidélité portés à ce festival détonnant. Ce qui explique sa longévité.
F idèle au poste. Bénévole jusqu’au bout. Tant que la santé le permet. Jean Jacques Malgat, membre de la première heure du festival lyrique de Montperreux a contribué à sa naissance. En revanche, s’il assure la prési dence de l’association depuis 2022, il commence gentiment à préparer sa succession. “Si le festival roule, c’est parce qu’il y a beaucoup de bénévoles et d’aides, de sponsoring” , observe Jean-Jacques. Ajoutez à cela une programmation de haut
vol, une direction artistique de haut niveau assurée par Del phine Haidan et Jean-Michel Dhuez, et un créneau de l’art lyrique peu développé dans le coin, et vous obtiendrez un fes tival qui s’est implanté depuis 16 ans. “Au début, c’était un pari impossible, on ne se faisait pas d’illusions, retrace Jean Jacques. Et aujourd’hui, les gens viennent de plus en plus loin pour assister aux concerts. Le festival lyrique de Montper reux est même mentionné dans le guide du Routard. On a une
petite réputation.” Une pro grammation éclectique qui met en avant des artistes à la renommée nationale et inter nationale, un festival tourné vers la jeunesse et la fidélité des bénévoles contribuent selon Jean-Jacques à la réussite et à la longévité de la manifesta tion. Il faut remonter à 2008 et un stage de chant animé par Stuart Patterson, ténor d’ori gine écossaise, pour comprendre la genèse du festival. Un concert de restitution est donné à l’église de Montperreux, connue pour sa belle acoustique. “Je n’ai aucune connaissance musi cale, raconte Jean-Jacques Mal gat. Pendant trente ans, j’ai été abonné à l’Opéra national du Rhin. Une seule chose m’inté resse, la voix. Quand j’arrive à Montperreux pour ma retraite, j'assiste à ce concert. Je propose alors mes services à Stuart s’il a envie d’aller plus loin.” La graine est plantée et germera dès 2009 avec la première édi tion. Stuart Patterson assure la direction artistique jusqu’en 2020, reprise en 2022 par Del phine Haidan et Jean-Michel Dhuez. n L.P.
datures d’artistes à la recherche de dates de concert. L’organisation de l’événement mobilise quatre bénévoles, une chargée de communication, un graphiste. “On sollicite le club pour aller cher cher des partenaires. C’est aussi grâce au festival que l’on capte leur attention.” Comme l’an dernier, l’édition 2025 combine des concerts acoustiques à la grange du Tillau et une soirée avec trois concerts à la salle des fêtes de La Cluse-et-Mijoux. “Pour célébrer à notre manière cette 10 ème édition, on a décidé de faire revenir les groupes qui ont eu le plus de succès.” Le ski-club Les Verrières-La Cluse compte aujourd’hui une trentaine de jeunes licenciés avec des entraînements en commun avec les clubs d’Oye-et-Pallet et des Fourgs. Ce qui permet de recruter un entraîneur pour les trois clubs. Les bénéfices du festival servent à financer des stages et les déplacements des jeunes athlètes. “Ce festival, c’est vraiment le socle financier pour faire vivre le club.” n F.C. “Ce festival fait travailler des acteurs locaux. Il s’inscrit dans une démarche de développement durable et contribue à enrichir l’offre culturelle locale” apprécie Philippe Nicod.
Jean-Jacques Malgat, ici en compagnie de Karine Deshayes marraine du festival, bénévole infatigable depuis le début et président de l’association.
Informations sur festival-montperreux.org
lus d’infos : www.vieillesspatules.fr
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