La Presse Pontissalienne 304 - Mai 2025
Le portrait 35
La Presse Pontissalienne - Mai 2025
PONTARLIER
Des Philippines à Pontarlier
Jacqueline Anog l’opiniâtre Originaire des Philippines où elle a vécu jusqu’à l’âge de 23 ans, ce petit bout de femme qui est aujourd’hui l’encadrante technique de l’atelier couture à Haut-Doubs
Repassage affiche une capacité d’adaptation et une volonté de s’intégrer qui force l’admiration.
A înée d’une famille modeste philippine, Jacqueline Anog, 45 ans, a très vite appris le sens de la solidarité tout en se forgeant une détermina tion à toute épreuve pour aller au bout de ses projets. Si elle a eu la chance de pouvoir suivre des études pour devenir professeur d’anglais et de sciences sociales dans son pays, elle sait les sacrifices consentis par toute sa famille. “On a toujours gardé l’habitude de s’entraider” , explique celle qui a exercé trois ans dans l’en seignement avant de venir séjourner en Allemagne comme fille au pair. “Je suis reparti de zéro pour appren dre l’allemand et le métier d’aide médico-psychologique (A.M.P.) qui m’a permis de travailler dans une maison de retraite.” Filipino, anglais, allemand, elle complète son bagage linguistique en venant s’installer en 2013 à Carcassonne d’où est origi naire son compagnon français. Nouveau déménagement trois ans plus tard pour arriver à Pontarlier. Sitôt arrivée dans le Haut-Doubs, la jeune maman de deux enfants s’ins crit aux cours de Français Langue Étrangère au G.R.E.T.A. Ne maîtri sant pas encore assez le français pour avoir un emploi, elle travaille à Haut Doubs Repassage dans le cadre d’un contrat d’insertion. “J’ai commencé comme couturière car j’avais appris à l’école les bases du métier. À Haut Doubs Repassage, on nous initie éga lement à la vente et à l’accueil. Je ne vous cache pas mes angoisses quand il fallait répondre au téléphone et
prendre des notes en français.” Pas de quoi la démonter, d’autant plus qu’elle a décidé de tout faire pour faciliter son intégration profes sionnelle. Après 18 mois à Haut Doubs Repassage, elle intègre un Dispositif Amont de Qualification pour suivre la formation d’assistante secrétaire. Elle continue également à peaufiner sa maîtrise du français, une langue très compliquée selon elle, en décrochant le certificat Vol taire. “J’ai postulé à plusieurs offres d’assistante-secrétaire dans des entre prises pontissaliennes mais à chaque fois j’ai été recalée à cause de mon accent qui est très prononcé et passe mal au téléphone.” Et voilà comment Jacqueline retrouve finalement en 2021 le chemin de Haut-Doubs Repas sage alors à la recherche d’une assis tante administrative à temps plein.
“Mes parents trouvaient que le prénom Jacqueline s’accordait bien avec la langue Filipino”, expliquer Jacqueline Anog qui a toujours su faire preuve d’une remarquable capacité d'adaptation.
Bio express l Originaire de la ville de Lemery, province de Batangas aux Philippines l 45 ans, en couple,
Sa prise de fonction coïncide ou presque au départ en retraite de l’encadrante technique de l’atelier couture. “On m’a demandé si je vou lais la remplacer le temps de recruter une nouvelle encadrante technique.” Nathalie Brachet la directrice et Jean-Marie Voirin, le président de Haut Doubs Repassage constatent assez vite que Jacqueline est par ticulièrement à l’aise dans son nouveau poste. Ils lui décou
installée dans la ville de Lemery à 200 km de Manille. À Pontarlier et à Haut-Doubs Repassage, elle a noué des liens d’amitié très forts avec les per sonnes qu’elle a côtoyées et qu’elle côtoie aujourd’hui. “J’ai trouvé une famille élargie” dit-elle. Quand elle n’est pas au travail où occupée par ses obligations familiales, Jac queline aime cuisiner, écouter toutes sortes de musiques. D’un naturel très optimiste, elle pense qu’il y a toujours une solution à chaque problème. Un exemple à méditer. n F.C.
son poste impliquait qu’elle monte aussi en compétence technique. De juin 2024 à mars 2025, elle a suivi à distance une formation technique complémentaire axée sur les retouches en couture. Quand on lui demande d’où vient sa détermination, Jacqueline Anog répond. “Aux Philippines, on subit régulièrement des typhons qui occasionnent de gros dégâts. On a l’habitude de se relever, de repar tir sans toujours se plaindre. Cela fait en quelque sorte partie de notre culture. C’est à nous de gérer notre destin” , estime celle qui reste en contact permanent avec sa famille et notamment sa maman toujours
vrent des capacités de manage ment insoupçonnées avec cette capacité de gérer tout en douceur et efficacité les problèmes des uns et des autres sans jamais s’énerver, ni se montrer désobligeante ou humiliante. “Il y a quelques années, c’est moi qui étais à leur place. J’ai vraiment l’impression de me sentir utile dans cet accom pagnement vers l’insertion. Je me sens très proche, notamment des personnes venues de l’étranger et qui doivent aussi surmonter l’obs tacle de la langue” , explique celle qui supervise le travail d’une quin zaine de personnes. Même si elle maîtrise la couture,
“C’est à nous de gérer notre destin.”
deux enfants l Encadrante
technique à Haut Doubs Repassage l Aime la cuisine, la musique
Made with FlippingBook flipbook maker