La Presse Pontissalienne 303 - Avril 2025

Pontarlier 21

La Presse Pontissalienne - Avril 2025

HISTOIRE LOCALE Bel exemple de l’agriculture de montagne Sur les traces de la ferme du Morond Situé sur les flancs du Larmont, ce domaine agricole intégrait la ferme Morond et la grange de la Béchoularde. Victime d’un incendie en 1898, l’exploitation ne fut jamais reconstruite et les terres furent vendues à la Ville de Pontarlier pour des opérations de reboisement. Avec l’aimable contribution de Gérard Voinnet, auteur de recherches sur ce sujet.

De la ferme du Morond, il ne subsiste que la base d’un mur de pierre et peut-être la butte du pont de grange.

E n parcourant aujourd’hui ce replat situé entre les falaises du Larmont et la zone forestière du Grand Bois, au-dessus du ruis seau des Entreportes, difficile d’imaginer qu’il existait jadis un vaste domaine agricole d’une surface de 150 hectares inté grant une partie de pré-bois. De la ferme du Morond, il ne subsiste plus que la base d’une partie des murs, un tas de pierre qui pourrait rappeler un pont de grange et des groseilliers qu’on retrouvait régulièrement dans les potagers attenant aux exploitations de montagne. Un ruisseau s’écoule également tout près. “Plusieurs sources d’eau étaient présentes sur ce secteur humide et propice à l’agriculture. Cette ferme n’avait sans doute pas de citerne

elles ont la charge de 64 chevaux, 35 bœufs, 504 vaches, 48 génisses et 263 chèvres. Il faut noter qu’à cette époque et tout au long du XIX ème siècle au moins, ces domaines sont les propriétés des notables, pour l’essentiel, pontissaliens, les pay sans les exploitants étant nom més fermiers. L’amodiation est alors effectuée tous les ans le 25mars.” En 1800, deux types d’agricul ture très différenciées co-exis tent sur Pontarlier qui compte alors 4 000 habitants. On trouve des petites fermes avec seule ment quelques vaches sur la partie basse où l’essentiel des terres est consacré à la culture du blé, de l’avoine, des pommes de terre. Des productions des tinées à nourrir le bétail et la population. “C’est aussi à la fin

ancien maire de Pontarlier et marchand fromages qui possé dait également maison abritant aujourd’hui le musée. Il a quand même fait faillite vers 1900. Au moment de l’incendie, la ferme appartenait l’abbé Outhenin Chalandre, issue d’une riche famille d’imprimeurs habitant vers Geneuille. Il n’a sans doute pas jugé utile de reconstruire la ferme.” Le domaine sera finalement vendu en septembre 1908 à la Ville de Pontarlier qui versera près de 90 000 francs. La forêt communale couvrait 480 hec tares à Pontarlier en 1850. Avec le domaine du Morond et d’au tres acquisitions attenantes, la surface montera à 780 hectares dont 500 hectares d’un seul tenant. n F.C.

contrairement à la plupart des fermes du Haut-Doubs construite sur des sols karstiques et très perméables” , observe Gérard Voinnet en visite sur le chazal. Une grange du Moron figure déjà sur la carte de Cas sini de 1757 qui montre un Lar

du XVIII ème siècle que se déve loppent les fruitières nécessaires pour ces petites fermes car il fal lait au moins 80 vaches à l’époque pour fabriquer un fro mage de type gruyère. À cette époque, Pontarlier abrite quatre fruitières.” Une agriculture de plaine orientée donc sur des cultures vivrières. Il en va tout autrement sur la zone mon tagne où l’on trouve des grosses fermes très autonomes avec une production axée sur la fabrica tion de fromages. Au recense ment de 1877, la grange de Moron tenue alors par le fermier Claude-François Brenet compte 1 homme, 1 femme, 4 enfants, 4 valets, 3 servantes. Le cheptel comprend 4 juments, 35 vaches, 3 génisses et 15 chèvres. Située à 1 200 m d’altitude, cette exploitation vit pratiquement

en autarcie, au moins une bonne partie de l’hiver. Plusieurs familles se succéderont : Martin, Cressier, Fillon. Entre 13 et 20 personnes vivent en perma nence sur la ferme. Il y a parfois plusieurs familles, de grandes fratries, des domestiques. La famille Tournier sera la dernière à exploiter le Morond qui fut victime d’un incendie le 11 novembre 1898. La fermen tation de fourrages humides dans la grange, 300 quintaux, serait sans doute à l’origine du sinistre. Tous les fermiers alen tour, les douaniers de la Motte, les pompiers de Pontarlier sont venus aider à circonscrire l’in cendie, en vain. Le bétail et une partie du matériel agricole ont pu être sauvés. “La ferme du Morond à longtemps appartenu à la famille de Charles Gros,

mont couvert d’exploitations agricoles. “Au total du recense ment de 1777 sur la commune de Pontarlier, on dénombre 30 fermes de mon tagne héber geant 39 hommes, 38 femmes, 163 enfants, 37 valets et 64 ser vantes. Ils ou

Deux types d’agriculture très différenciés co-existent.

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