La Presse Pontissalienne 300 - Janvier 2025

8 L’ÉVÉNEMENT

Janvier 2025

Sans budget pour la France, c’est à vue que naviguent les collectivités locales pour préparer l’année 2025. Dans le Grand Besançon comme dans le Haut-Doubs, les maires des deux principales villes que sont Besançon et Pontarlier tentent tout de même de tracer un chemin. De quoi sera-t-il pavé ? Éléments de réponses. Les vœux - dans le brouillard - des collectivités locales

l Collectivités Le président de l’association des maires du Doubs “Engager un budget en 2025, c’est un peu faire de la divination !”

En l’absence de loi de finances 2025, les collectivités territoriales et locales naviguent à vue pour construire leurs budgets. Faute de lisibilité, des projets pourraient être reportés voire annulés. Mettant aussi en difficultés des secteurs d’activité comme le B.T.P. qui dépend largement de la commande publique. Les communes devront encore faire des efforts sans que cela nuise à la qualité des services rendus à la population. Les marges de manœuvre se réduisent comme l’explique Patrick Genre le président de l’association des maires du Doubs. Entretien.

d’une commune à l’autre. Ici, on a la chance d’avoir des bons voire des très bons ratios budgétaires. On bénéficie d’une bonne dynamique des bases éco nomiques ou immobilières qui nous per met de ne pas remettre en cause des projets structurants comme le centre aquatique, la valorisation du château de Joux, la rénovation de l’hôtel d’en treprises La belle vie. On va devoir encore faire des économies sur le fonctionnement pour financer les investissements sans perdre la qualité des services proposés au public. Sur la Ville de Pontarlier, on devra sans doute réduire la voilure au niveau des investissements. Beaucoup d’élus regrettent la suppression de la taxe d'habitation. C’est aussi votre cas ? P.G. : Ce que je regrette, c’est la disparition du lien fiscal entre les habitants et la collectivité. Conséquence : on a perdu la capacité à expliquer les choses. Je serais donc favorable au rétablissement de ce lien, ce qui ne signifie pas d’augmenter la pression fiscale mais de la répartir différemment. Les collectivités n’apprécient pas le côté donneur de leçons d’un gouvernement qui ose dénoncer les dépenses des collectivités. P.G. : Tout à fait. Rappelons que le déficit d’une collectivité, cela n’existe pas car elle est contrainte d’avoir un budget équilibré, ce que ne parvient plus à faire

E n quoi le contexte politique particu lièrement instable pénalise les collec tivités ? Patrick Genre : On vit une situation tota lement inédite. Les communes sont en pleine construction budgétaire sans avoir les données de cadrage, le niveau des dotations nécessaires. Il faut savoir que près de 60 % des recettes des collectivités viennent de l’État. On ne connaît toujours pas les efforts qui seront demandés aux collectivités aussi bien au niveau du fonctionnement que des investissements. Faute de loi de Finance, c’est très com pliqué de construire un budget. Toutes les collectivités sont concernées : Région, Département, communes. Ce manque de visibilité arrive au pire moment du mandat P.G. : Qu’on s’en plaigne ou pas, on sait que les projets les plus importants se construisent en deux ou trois ans et se concrétisent plutôt en fin de mandat, en l’occurrence sur 2024 et 2025. Cela repré

ment aux entreprises du B.T.P. dont les carnets de commandes risquent de bais ser de façon significative. Le second effet néfaste concerne les efforts demandés aux collectivités. On est déjà engagé dans cette démarche d’optimisation et de rationalisation depuis plusieurs années au point de se demander aujourd’hui où aller chercher des éco nomies sans que cela impacte les services à la population. Doit-on limiter les horaires d’accueil dans les crèches, à la médiathèque, au niveau du périscolaire, fermer la cantine? La question qui se pose est: comment annuler les effets des mesures de restriction budgétaire envisagées par l’État. Engager un budget en 2025, c’est un peu faire de la divina tion. On va encore avoir des budgets extrêmement prudents. Qu’en est-il des projets de la Ville de Pontarlier ou de la com’com du Grand Pontarlier que vous présidez. Sont-ils impactés par la situation ? P.G. : Les situations sont très variables

sente des gros investissements à engager. Le manque de repères pourrait conduire des collectivités à reporter, à suspendre voire carrément à supprimer des actions, des aménagements… On investit plus facilement avec des subventions mais surtout avec une bonne capacité d’au

tofinancement qui cor respond à l’excédent dégagé sur le fonction nement. Faute d’autofi nancement, il faut recou rir à l’emprunt avec les répercussions induites. La situation risque de nuire au développement de certaines collectivités qui pourraient perdre ainsi en attractivité. Les difficultés des collectivités se répercutent-elles aussi sur le tissu économique ? P.G. : Tout à fait, et je pense tout particulière

“On vit une situation inédite qui arrive au pire moment du mandat”, observe Patrick Genre, le président de l’association des maires du Doubs.

“Je regrette la disparition du lien fiscal entre les habitants et la collectivité.”

l’État depuis des décennies. On peut être endetté à condition de rembourser. L’As sociation des maires de France n’est pas opposée au fait d’apporter sa contribution à l’effort national. Sous réserve que cela se fasse de façon concertée et partagée. Si l’on doit faire des efforts, il faut abso lument, c’est même une exigence, que

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