La Presse Pontissalienne 299 - Décembre 2024

8 L’événement

La Presse Pontissalienne n°299 - Décembre 2024

l Mobilité Covoiturage Des pôles multimodaux à l’étude en amont du Mont d’Or Si le covoiturage tend à progresser, il ne suffit pas à compenser l’augmentation du nombre de frontaliers. Les alternatives ferroviaires ou de navettes en bus n’ont guère d’impact sur la densité du trafic routier. Des réflexions sont engagées autour de la création de plusieurs pôles multimodaux sur les principaux axes transfrontaliers du Pays du Haut-Doubs.

L e problème d’engorgement du réseau transfrontalier n’est pas nouveau en soi. On l’ob servait déjà de façon moins prononcée au début des années 2000. “Ces problèmes de bouchons sont uni quement le fait de la croissance du tra vail frontalier et de son impact sur les infrastructures routières et ferroviaires dont la taille n’est pas adaptée à cette évolution. Tous les projets d’autoroutes ont été abandonnés comme les contour nements de Pontarlier, La Cluse, dans la combe, à Jougne. Le lobbying des collectivités a juste permis de réaliser quelques créneaux de dépassement, le contournement des Hôpitaux et le futur franchissement de Pontarlier. Le réseau routier et ferroviaire du Haut-Doubs est fortement contraint par le relief. Le moindre aménagement coûte très cher” , résume Philippe Pichot, le directeur du syndicat du Pays du Haut-Doubs. En dehors de la route, les frontaliers ont peu d’alternatives surtout du côté

“Cette dynamique a été brisée par la crise du Covid. On travaille à la relan cer” , complète Philippe Pichot. Un nou veau programme de promotion du covoi turage a été initié sur la période 2023 -2027. À la différence des précédents, il associe seulement des entreprises suisses, 70 actuellement, qui participent également au financement. Le covoi turage est plus simple à mettre en place sur le Haut-Doubs horloger ou le Haut Jura qu’au niveau du pays du Haut Doubs. Le Haut-Doubs horloger est essentiellement tourné vers les bassins du Locle et de La Chaux-de-Fonds. C’est la même chose pour le Haut-Jura rattaché à la vallée de Joux. On est sur des secteurs orientés sur la production horlogère avec des horaires d’usine assez stables. La problématique du Pays du Haut-Doubs est plus diversifiée dans les provenances, les métiers et les destinations. “Avec 25 % de covoi tureurs, on atteint presque un plafond. Cela représente 1 500 véhicules en moins sauf que dans le même temps l’effectif frontalier a augmenté davantage. Au final, on n’a pas réduit le flux, juste son augmentation. Et ce taux de 25 %, on le doit avant tout à la pression des grosses entreprises horlogères sur leurs travailleurs frontaliers” , relativise Phi lippe Pichot. La dynamique du travail frontalier est loin d’être terminée sur le Haut-Doubs où la population devrait passer de 65 000 à 80 000 habitants dans les 20 ans à venir. La pression sur le réseau routier va encore s’accentuer. “Il n’y a pas de miracle à attendre. Il faudra combiner plusieurs modes de transport

du pays du Haut-Doubs. Les T.E.R. qui au départ de Pontarlier desservent le Val de Travers ou Vallorbe en passant par Frasne restent des solutions à la marge. “Augmenter le cadencement d’un train coûte excessivement cher. Le réseau existant suppose d’effectuer plu sieurs changements avant d’arriver à destination. Au final, c’est beaucoup plus simple de prendre la voiture, d’au tant plus que les travailleurs frontaliers grâce à leur pouvoir d’achat élevé sont peu impactés par la hausse du prix des carburants.” Le covoiturage reste sans doute le levier le plus efficace. Mis en place en 2011, le programme d’encouragement a per mis de doubler le nombre de prati quants. D’après des comptages effectués en 2018, 25 % des 35 000 collaborateurs voyageaient en mode partagé. Les éco nomies par covoitureur sont loin d’être anodines: 6500 km en moins, 2300 euros de frais de carburant et d’entretien et 1,1 tonne de CO2.

les flux venant de Mouthe et Pontarlier en direction de Vallorbe. D’autres aires multimodales viendraient compléter le dispositif sur Mouthe et Laberge ment-Sainte-Marie. Philippe Pichot estime aussi qu’il serait opportun de réétudier la carte du fer routage en embarquant des camions sur des wagons entre Frasne et Cha vornay. Un bureau d’études a été man daté pour mener à bien ce dossier de pôle multimodaux. L’étude sera finalisée en 2025. “Les Suisses qui n’étaient pas très engagés sur ces questions de mobilité sont aujourd’hui beaucoup plus motivés. On voit aussi que les frontaliers cher chent à se mobiliser de façon construc tive. Une osmose se met en place” , confirme le directeur du Pays du Haut Doubs. n F.C.

avec l’objectif de fluidifier, d’atténuer le trafic. On va repenser tout le système des aires de covoiturage. Les solutions de navettes étaient jusqu’à présent le fait d’initiatives privées, d’où la volonté d’institutionnaliser des solutions.” Des schémas de mobilité sont en cours d’élaboration dans les syndicats de pays. “Dans le cadre de ce schéma, on étudie la possibilité de créer sur le Pays du Haut-Doubs plusieurs pôles multi modaux en amont du Mont d’Or. Ces espaces comprendraient du parking de covoiturage, des zones de dédouanement, des points d’embarquement pour le transport collectif pourquoi pas en pro longement de lignes régulières venant de Besançon ou des villes suisses.” Tout est encore à l’étude mais ce pôle mul timodal pourrait se situer près de la commune du Touillon où convergent

“On va repenser tout le système des aires de covoiturage”, explique Philippe Pichot, le directeur du Syndicat du Pays du Haut-Doubs.

l Transport en commun Témoignage Le bus, une solution pas plus rapide

mais beaucoup moins fatigante

Quelques entreprises horlogères ou en microtechniques proposent à leurs salariés d’effectuer les déplacements en bus. Une solution économique, écologique et reposante.

flexibles dans les services admi nistratifs ou commerciaux. “Il y a trois horaires de départ le matin et la même chose en fin d’après-midi pour les retours. Pour moi, c’est parfait. Le matin tout le monde dort sans s’inquié ter des bouchons, on finit notre nuit, c’est plutôt calme. Les retours sont tout aussi agréables. Le trajet dure environ 50 minutes. On ne va pas forcément plus vite mais on est beaucoup moins fatigué.” Nicolas estime qu’il économise entre 1000 et 2000 euros de frais de carburant par an. “J’ad mets que ce n’est pas la priorité. Ce qui me motive surtout, c’est le confort de transport.” Selon

V alfleurier à Buttes, Cartier au Locle ou encore Jaeger-LeCoul tre dans la vallée de Joux, ces trois entreprises hor logères ont en commun de met tre à disposition de leur person nel frontalier des navettes de bus qui effectuent plusieurs allers-retours matin et soir entre le lieu de travail et des points d’embarquement-débarquement à Pontarlier, Morteau, Les Rousses… Ces entreprises n’ont pas souhaité répondre à nos sol licitations. Ce qui n’est pas le cas de Nicolas, prénom d’em

prunt d’un usager. “Je fais partie de ceux qui profitent de ce service mis en place par l’employeur pour ses collaborateurs. J’ai dit d’accord au bus que j'emprunte

Plusieurs entreprises comme Valfleurier mettent des bus à disposition des collaborateurs.

trois fois par semaine. C’est une navette gra tuite. Pour l’utiliser, il suffit de s’inscrire sur une application de réservation.” L’entreprise de Nico las propose plusieurs départs le matin adaptés au personnel de production ou ayant des postes plus

“Pour moi, c’est parfait.”

il estime que cela varie entre 80 et 100 % pour chaque tra jet. n

réservées au plus proche des accès à l’entreprise. Pour le niveau de remplissage des bus,

ses horaires, il lui arrive de recourir au covoiturage et de pouvoir se garer sur les places

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