La Presse Pontissalienne 294 - Juillet 2024

28 Mouthe - région des lacs

La Presse Pontissalienne n°294 - Juillet 2024

LES FOURGS Une idée de sortie estivale Apach’Évasion se diversifie dans la rando âne L’association spécialisée dans les handi loisirs est aussi propriétaire d’un petit troupeau d’ânes mis à disposition des vacanciers, des familles et des personnes en situation de handicap pour des sorties accompagnées ou en autonomie.

“On a mis en place de nouvelles

animations autour des ânes”, explique Élise

L’ adaptation au réchauf fement climatique fait aussi partie des préoc cupations d’Apach’Éva sion qui étoffe chaque année son offre d’activités de pleine nature, toujours à destination d’un public en situation de handicap mental ou physique. Bien connue pour ses équipements spéciaux : tandemski, dualski, kartski permettant de descendre les pistes de la station de Méta bief, l’association propose les mêmes sensations en période estivale avec des appareils comme le Cimgo, une sorte de kart adapté, permettant de déva ler les pistes en été. Elle dispose aussi sur la base nautique de Malbuisson de dériveurs spé cialement conçus pour le public handicapé. Les loisirs de pleine nature dans le Haut-Doubs se déclinent forcément en mode

sonnes handicapées résident à l’institution de Lavigny en Suisse de venir faire une sortie en escar goline. C’est Badiane, docile âne du Berry qui sera attelé à l’engin. Élise Leblanc guide l’âne tandis qu’un autre accompagnant gère le freinage avec les manettes installées à l’arrière de l’escar goline. L’occasion de rappeler l’importance des bénévoles d’Apach’Évasion. Ils sont ainsi une dizaine à intervenir en fonc tion de leurs disponibilités sur les activités rando âne. Les bêtes sont aussi à disposition des personnes valides qui sou haitent faire de la randonnée en autonomie sur une demi-jour née ou à la journée. “On a mis en place de nouvelles animations autour des ânes. On anime dés ormais des après-midi anniver saire avec une chasse au trésor effectuée en compagnie des ânes,

randonnée cycliste ou pédestre en tandem, joëlette… Suite au Covid, Apach a choisi de se diversifier sur la rando âne. Elle possède aujourd’hui huit ânes hébergés sur la com mune des Fourgs grâce au sou tien de Yannick Tissot qui met à disposition une pâture et prend les ânes en hivernage sur son exploitation laitière. Une petite loge et un local d’accueil et de stockage ont été installés sur le site des Fourgs qui sert de départ aux activités de rando âne. “On accompagne les personnes à mobilité réduite en les installant dans l’escargoline tractée par un âne” , explique Élise Leblanc, salariée d’Apach’Évasion en charge de développer et de pro mouvoir les nouvelles activités autour des ânes. Aujourd’hui, c’est au tour d’As trid et de Raphaël, deux per

Leblanc, la salariée en charge de développe ment de la rando âne.

suivie d’un goûter festif. On orga nise aussi des soirées apéro-ânes en partenariat avec la distillerie La Sémilla aux Fourgs” , annonce la responsable des ânes. Pour les vacanciers soucieux de ne pas se perdre, l’association a balisé cinq parcours à effectuer sur une demi-journée ou à la journée. “Cet été, on va travailler avec Familles Rurales sur des activités ânes proposées dans le cadre des activités périscolaires à Métabief, Rochejean et aux Fourgs.” n

Apach’Évasion - 8 bis, place Xavier Authier 25370 Métabief - Tél. : 06 61 02 01 31 ou 07 66 73 32 08 Fête de l’âne aux Fourgs Apach’Évasion organise une fête de l’âne les 31 août et 1 er septembre au cœur du village des Fourgs. “On commence le 31 août par une randonnée historique sur l’ancienne route du sel entre Les Fourgs et le Château de Joux. Retour en soirée aux Fourgs pour une soirée repas qui se prolongera par un concert au centre du village”, explique Élise Leblanc. La fête se poursuit le dimanche avec un marché de produits artisanaux et une mini-ferme

MASSIF DU JURA Le lynx, victime collatérale du transit frontalier

En mai dernier, deux femelles ont été remises en liberté à proxi mité du lieu où elles avaient été recueillies l’hiver dernier sur les communes de Morbier et de Montlebon. L’occasion de revenir sur la dynamique de population du lynx jurassien, les causes de mortalité, l’impact du loup, du réchauffement climatique…

Deux jeunes femelles lynx ont été relâ chées en mai

L e Massif du Jura abrite 80 % de la population de lynx vivant sur le territoire français. Le suivi de la population de lynx se fait à travers l’évolution des aires de présence régulières et occa sionnelles. C’est l’Office Français de la Biodiversité (O.F.B.) qui assure ce suivi. Les derniers chiffres consolidés en 2022 montrent que l’aire de présence régu lière est passée de 7300 km 2 en 2018 à 8600 km 2 en 2020. Si le territoire occupé par le lynx tend à s’agrandir, cela signifie-t-il que la population augmente ? “Dans le massif jurassien français, on estime qu’il y a 120 individus adultes dont les deux tiers sont des femelles. Le reste de la population française se cantonne dans les Alpes du Nord et on dénombre quatre individus dans les Vosges” explique Gilles Moyne, le directeur du centre de soin Athénas qui recueille tous les lynx blessés. De retour dans le Jura depuis une quarantaine d’années, le lynx a vu sa population progresser de façon dis crète mais régulière jusqu’en 2010 avant de se stabiliser voire de régresser comme ce fut le cas dans les Vosges. “On a quand même observé quelques timides colonisations en Côte d’Or et dans le nord des Alpes.” Le lynx est aussi présent dans le massif jurassien

suisse où la fondation Kora qui œuvre pour la conservation de la faune sauvage a estimé la population de lynx adulte à 80 individus. “Le lynx reste une espèce menacée et exposée à d’importants fac teurs de surmortalité” , poursuit Alexan dre Moyne. Actuellement, les deux prin cipales menaces qui pèsent sur l’espèce sont les collisions routières et les des tructions illégales qui représentent à elles seules, plus de 80 % de la mortalité. Les deux femelles relâchées en mai dernier avaient été recueillies l’hiver dernier sur les communes de Morbier et de Montlebon. La première avait été retrouvée blessée par balle, acte donnant lieu à l’ouverture d’une enquête judi ciaire sous l’autorité du procureur de la République pour tentative de des truction. Ce délit est puni d’une peine maximale de trois ans de prison et 150 000 euros d’amende. “Sur la com mune de Montlebon, il s’agissait d’une jeune femelle orpheline dont la mère a disparu sans laisser de trace. Ses chances de survie étaient très faibles. Le taux de mortalité chez les jeunes lynx est de 75 %.” Les deux jeunes individus relâchés ont été équipés d’un collier V.H.F.-G.P.S. pour garantir leur sécurité et récolter des informations sur leur réinsertion et leur réadaptation au milieu natu

dernier à proxi mité du lieu où elles avaient été recueillies à l’hi ver dernier sur les communes de Morbier (photo) et Mon tlebon (photo Centre Athénas).

par les chasseurs sur les populations de chevreuils et de chamois.” Autre sujet d’inquiétude, le réchauffe ment climatique. Une étude de l’O.F.B. démontre que les sécheresses à répé tition ont un vrai impact sur la repro duction du chevreuil. D’où l’importance pour les défenseurs du lynx, de réduire les prélèvements accordés aux sociétés de chasse. Les opérations de prise en charge de lynx blessés et plus généra lement de préservation de l’espèce s’ins crivent dans le cadre du Plan National d’Actions en faveur du lynx boréal. Adopté en 2022 et animé par les services de l’État, il a pour objectif de réduire ses menaces pour rétablir le bon état de conservation du lynx. n F.C.

communes. On a lancé une campagne de signalisation routière en posant des panneaux pour sensibiliser les auto mobilistes. Dans le Haut-Doubs, deux communes ont joué le jeu au Val-d’Usiers et à Villers-le-Lac” , annonce Gilles Moyne, pas franchement favorable au retour des 90 km/h sur une partie du réseau départemental. L’arrivée du loup dans le massif juras sien peut-elle constituer une menace pour le lynx? “Non, répond Gilles Moyne. Les deux espèces vivent diffé remment. Les loups vivent plutôt en meute. Ils s’attaquent à des proies plus grosses que celles du lynx qui est aussi exclusivement forestier. On ne peut pas dire qu’ils sont concurrents. Le vrai danger est plutôt lié à la pression exercée

rel. Le lynx est particulièrement sensible à la circulation routière. 25 victimes de collision en 2022, 18 en 2023 et déjà 13 depuis le début de l’année 2024. Sur la totalité des individus touchés, seuls trois ont survécu. Parmi les facteurs de surmortalité, Alexandre Moyne pointe du doigt le transit frontalier qui emprunte des routes perpendiculaires à l’axe nord-sud du massif jurassien, à des heures qui coïncident aux dépla cements du lynx. “La R.N. 57 est aussi une zone accidentogène bien identifiée. Rappelons que ce n’est pas le lynx qui traverse la route mais le contraire, la route qui traverse le territoire du lynx. Ce félin vit sur un espace de 150 km 2 , soit l’équivalent de la surface de 15

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