La Presse Pontissalienne 294 - Juillet 2024
26 Le dossier
La Presse Pontissalienne n°294 - Juillet 2024
l Art en chapelles Du 6 juillet au 25 août Quand les églises deviennent des écrins pour l’art contemporain La biennale d’art contemporain Art en chapelles revient du 6 juillet au 25 août dans le Haut-Doubs. La 5 ème édition met encore une fois en valeur des œuvres créées in situ spécialement pour une église. Quand l’art dialogue avec la nature et l’histoire des monuments, cela donne naissance à un événement incontournable, original et spécialement conçu pour s’implanter dans le Haut-Doubs.
I 11 sites religieux pour abriter 11 œuvres d’art contemporaines. Si de prime abord, tout semble être un oxymore, l’art contemporain et les églises pourtant se nourrissent et se complètent, sous la houlette de Cathy Hérault, fondatrice de l’événement, entou rée d’une quinzaine de bénévoles. Et si les œuvres d’art ainsi que l’histoire des édifices religieux sont mises en avant, aucun prosélytisme n’a lieu. Bien au contraire, Cathy Hérault, elle-même chrétienne pratiquante, reste farouche ment attachée à la liberté de penser. Tant pour l’art que la religion. Il serait faux de réduire cette biennale à de l’art religieux. “Au début, le mélange des genres pouvait susciter des craintes. Nous avons le souci de préserver les offices, car la crainte du Diocèse au début était que les églises se transforment en musée. Ce qui n’est pas le cas puisque la biennale dure seulement deux mois. Il s’agit de valoriser l’église, notre patrimoine, la voir sous un
projets sont magnifiques, respectueux du lieu, fidèles aux choix de l’artiste, contem porains et adaptatifs au site. On ne cen sure rien, les artistes se projettent faci lement. Ma récompense est de voir à quel point ils sont créatifs et adaptatifs” , relève Cathy Hérault. Ainsi, Thierry Géhin, photographe et sculpteur franc-comtois, propose à Bou jailles des photos intégrées dans une sculpture. Golnaz Payani, franco-ira nienne a imaginé une œuvre à Courvières “La ligne et le lien” nécessitant beaucoup de laine. Pendant deux semaines, elle
autre œil, éclaire Cathy Hérault. L’église, c’est un collectif mais là, on emmène une pensée singulière qu’est l’art contempo rain.” Art en chapelles contribue donc à dépoussiérer les édifices religieux tout en offrant un lieu d’exposition original à des artistes renommés ou émergents, déjà présents dans des galeries pour la plupart. Autre particularité de cette biennale: les œuvres sont créées in situ spéciale ment pour une église. Les artistes ont six mois pour imaginer l'œuvre puis envi ron deux semaines pour l’installer. “Les
L’artiste Ben, décédé il y a peu, avait exposé en 2018 dans l’église des Pontets.
Des médiateurs pour éclairer et défendre l’œuvre Sur les installations du parcours est attaché un médiateur. Souvent des étudiants, en histoire de l’art ou pas, leur mission étant d’interagir avec le public, de raconter l’histoire de l’église, d'expliquer l'œuvre et parfois la défendre. Brice Fontenel, professeur d’anglais, a déjà exercé cette fonction en 2022 alors étudiant. Il rempile pour cet été avec enthousiasme. “Je ne suis pas dans le patrimoine ni dans l’histoire de l’art. Mais j’ai toujours eu une sensibilité à l’art, notamment contemporain”, raconte le jeune homme. Les médiateurs suivent deux jours de formation, notamment au Frac de Franche-Comté ainsi qu’une formation historique sur les monuments. “On rencontre les artistes. Il y a deux ans, j’avais beaucoup discuté avec l’artiste. C’est bien de connaître l'œuvre, mais avoir en plus les pensées de l’artiste, c’est formidable. En plus, j’étais chargé de faire la médiation pour une œuvre qui plaisait le moins au public, c’était un gros challenge, j’ai dû la défendre. Mais finalement, le public a bien accroché malgré un rejet aux premiers abords.” n
Nouveauté : quatre parcours à vélo sont proposés
Si Edgar Druhen a formalisé l’idée, c’est Marie-Françoise, bénévole, qui a donné le premier coup de pédale de ces balades à vélo. Cette édition 2024 d’Art en chapelles propose des balades à vélo pour découvrir les œuvres les mercredis et samedi matin. Quatre parcours différents, de 15 km en moyenne, ont été balisés. Petites routes, chemins forestiers, pas de difficultés… La balade est pensée pour tout le monde, y compris les enfants et les personnes âgées. “Les artistes font souvent le lien avec leur environnement. L’idée était de faire le lien avec les œuvres en dehors du site, sur le trajet. Cela permet d’avoir le temps, de laisser la parole aller, explique Edgar, qui est médiateur. Je suis très attaché au massif du Jura et d’avoir cet aspect culturel à la campagne, c’est génial. C’est agréable d’avoir ces conversations sur l’art en plein milieu de la nature.” Réservations obligatoires pour adapter la jauge selon les niveaux. n Les parcours à vélo permettent de prendre le temps de réfléchir aux œuvres et de se connecter à la nature.
Derniers préparatifs pour Anne Fischer, artiste designer, dans l’église d’Oye-et-Pallet.
Plus de 20 000 visites médiatisées ont déjà eu lieu.
Made with FlippingBook - Online Brochure Maker