La Presse Pontissalienne 289 - Février 2024

4 L’interview du mois

La Presse Pontissalienne n°289 - Février 2024

ADMINISTRATION

Le nouveau préfet du Doubs

“Je suis dans un esprit d’écoute et de dialogue”

Après un long passage au ministère de l’Intérieur et des missions outre-mer, notamment en Nouvelle-Calédonie, Rémi Bastille a été nommé à 40 ans préfet du Doubs. Premières impressions.

Le parcours du nouveau préfet l 2009 : Élève de l’E.N.A. l 2011 : Administrateur civil affecté au ministère de l’Intérieur, chargé de mis sion l 2011: Sous-préfet, directeur de cabinet du préfet de la Savoir l 2012 : Directeur de cabinet du préfet de la Corse-du-Sud. l 2014 : Chargé de mission dans les services du Premier ministre. l 2015: Chef de cabinet adjoint du Pre mier ministre. l 2017: Chef du service de gestion des personnels de la Police nationale. l 2017 : Conseiller chargé des affaires régaliennes au cabinet de la ministre des outre-mer, puis diverses missions liées aux outre-mer. l 2020 : Secrétaire général du haut commissariat de la République en Nou velle-Calédonie. l 2022 : Préfet chargé d’une mission de service public relevant du gouverne ment. l 2023 : Directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Intérieur. l 29 janvier 2024 : Prise de fonction en tant que préfet du Doubs.

L a Presse Pontissalienne : Dites-nous en un peu plus sur vos origines haut-dou bistes ? Rémi Bastille : Ma famille étant installée dans le Haut-Jura, je suis né à Pontarlier parce que c’était la maternité la plus proche de la maison! J’ai grandi dans ce secteur du Haut-Jura, le suis donc un vrai Comtois mais je suis parti assez rapidement de chez moi. À 15 ans, je suis allé suivre un cursus scolaire aux États-Unis, avant de revenir en France et de poursuivre mes études à Dijon, puis Strasbourg à l’institut d’études poli tiques avant d’intégrer l’E.N.A. et de démarrer ma carrière professionnelle. L.P.P. : Vous démarrez sur les chapeaux de roues avec ce rassemblement des agriculteurs le jour de notre installation. R.B. : C’est d’abord un immense honneur d’avoir été nommé préfet du Doubs. Mon travail, avec les agriculteurs comme avec toutes les autres forces vives de ce département, sera de commencer par écouter. Je me garderais bien de donner des avis définitifs sur des sujets que je ne maîtrise pas encore complètement. Concernant les agriculteurs, c’est pareil, il s’agissait d’abord de commencer par les écouter. Et il faut sur cette question que nous puissions adapter les réponses

de l’État aux réalités locales qui ne sont pas les mêmes ici dans le Doubs qu’ail leurs en France. L.P.P. : Quelles sont vos priorités en arrivant ici ? R.B. : La sécurité sans doute. C’est ce dossier que je mettrais en priorité. Les agglomérations de Besançon et de Mont béliard ont leurs problèmes spécifiques sur ce point, mais je n’oublie pas non plus les territoires ruraux qui connais sent eux aussi de l’insécurité parfois. La sécurité est le cœur de la mission régalienne de l’État. Nous ne pourrons réussir aucune mission éducative, l’autre priorité de l’État, si des dealers sont au pied des immeubles où nos gamins gran dissent. Tout commence donc par cette question de la sécurité. Concernant les trafics de drogue, nous organiserons d’autres opérations “place nette” sur notre territoire et nous mènerons à bien j’espère rapidement la mise en place à Besançon de la Force d’action républi caine (F.A.R.) que le gouvernement avait annoncé. L.P.P. : Le départ un peu précipité de votre pré décesseur Jean-François Colombet vous a-t-il tout de même laissé le temps d’une transmission des dossiers ? R.B. : C’est la règle habituelle dans les

accompagnateur possible pour aider les acteurs de ce territoire à mener à bien leurs projets. Tout le monde m’a renvoyé le sentiment que Jean-François Colombet a été un très bon préfet, je m’emploierai donc à être dans sa continuité pour mener au mieux les dossiers qu’il avait engagés. n Propos recueillis par J.-F.H.

services de l’État, mais oui, avec Jean François Colombet, on a passé en revue les principaux sujets qui occupent le département en ce moment: les ques tions industrielles, les enjeux agricoles, la sécurité, et il m’a donné quelques conseils précieux sur certains d’entre eux. Sachant que je souhaite que l’État soit dans ce département le meilleur

Zoom Son baptême du feu face aux agriculteurs M égaphone en main, le nouveau préfet a dû pousser sa voix pour que les agriculteurs pré sents en ce lundi midi puissent l’entendre. Sa première prise de parole officielle, poussée par les événements, n’aura pas donné lieu à de grandes annonces. Rémi Bastille aura seulement promis que “la simplification des pro cédures pour faciliter votre vie quoti dienne, c’est aussi à l’échelle départe mentale que nous y travaillerons” , invi tant ses interlocuteurs à “discuter. C’est en travaillant ensemble qu’on construira les choses.”

Le nouveau préfet du Doubs arrivé le 29 janvier a fait sa première prise de parole lors du rassemblement des agriculteurs à Étalans le jour même.

Quelques minutes auparavant, c’est le président de la F.D.S.E.A. du Doubs Flo rent Dornier, éleveur à Ville-du-Pont, qui a exposé la situation au préfet. Plutôt à l’aise au mégaphone, le jeune président a exhorté le représentant de l’État: “Nous voulons juste vivre de notre métier ! Le choix du rond-point de l’Alliance pour notre rassemblement n’est pas anodin. L’alliance, c’est le pacte de confiance que la profession agricole a passé avec les

consommateurs, les citoyens. Cette alliance, nous avons envie de la voir per durer. Or, elle est menacée. Nous avons besoin d’une main tendue, pas d’un coup de bâton ! Nous n’avons pas besoin d’une police de l’environnement qui vienne nous voir armée pour nous dire comment entretenir nos haies ! Faites en sorte que les agriculteurs retrouvent l’envoie d’avoir envie! Nous voulons que nos paysans restent fiers, libres et debout !” n

Face à des centaines d’agriculteurs venus de tout le département.

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