La Presse Pontissalienne 289 - Février 2024
Le dossier 21
La Presse Pontissalienne n°289 - Février 2024
l Restos du cœur 39 ème campagne Moins de bénéficiaires, toujours autant de cœur à l’ouvrage Le centre de Pontarlier n’échappe pas au durcissement des critères d’attribution de l’aide alimentaire décidé pour faire face aux difficultés des Restos du cœur. Pour autant, l’équipe de Marie Delgrandi reste fidèle au poste et fait au mieux en continuant à proposer toutes ses activités. Ambiance.
Encore scolarisées à Pontarlier, Lara et Juliette viennent pratiquement tous les mercredis après-midi aider les bénévoles pour la
distribution alimentaire.
Croix Rouge mais j’ai eu l’oppor tunité de venir aux Restos du cœur où je participe à la distri bution alimentaire le mercredi. C’est très enrichissant et cela per met de réaliser la chance qu’on a” , observe celle qui aimerait devenir psychologue. Lara qui est encore au collège a décidé d’accompagner sa grand mère bénévole aux Restos du cœur. “Comme je suis libre le mercredi après-midi, je viens donner un coup de main aux bénévoles. C’est une belle expé rience” , explique celle qui aime rait plus tard travailler avec des animaux. Quant aux bénévoles qui les côtoient depuis quelques mois, tous sont unanimes sur la question : “Ce n’est que du bon heur !” n F.C.
au Restos du cœur avoisine trois ans. “À Pontarlier, la plupart vien nent du Haut-Doubs. On constate qu’il y a de plus en plus de per sonnes en activité professionnelle mais qui ne gagnent pas assez pour régler toutes leurs charges et notamment les loyers. Ici, on a la chance d’être un petit centre à taille humaine. Je sais aussi que je peux compter sur des béné voles fiables. Ils sont entre 18 et 20 à chaque distribution.” Marie Delgrandi se réjouit éga lement d’avoir dans son équipe quelques jeunes encore scolarisés à Pontarlier et qui prennent sur leur temps libre pour venir don ner un coup de main. Actuelle ment, en classe de terminale au lycée Xavier-Marmier, Juliette souhaitait s’investir dans une association à vocation sociale. “Au départ, je pensais aller à la
de maintenir les deux après-midi de distribution du lundi et du mercredi. Le service de repas chauds est toujours d’actualité le lundi et le mercredi. “Il s’agit d’un accueil inconditionnel. On reçoit en moyenne une vingtaine de personnes. Il s’agit surtout d’une clientèle d’habitués qui apprécient de se retrouver ensem ble” , souligne Murielle qui super vise ce service cuisine. Les Restos du cœur à Pontarlier proposent toujours des activités autour de l’aide à la personne, salon de coiffure mensuel, ves tiaires, vêtements grand froid et le microcrédit à dose homéopa thique. Dans le Doubs, on compte douze centres Restos du cœur dont un itinérant sur le Pays de Mont béliard. La durée de fréquenta tion moyenne d’un bénéficiaire
L es lundis et mercredis après-midi, jours de dis tribution, il règne une ambiance pleine d’hu manité au local des Restos du cœur. On est loin de l’image d’un Haut-Doubs opulent, aux salaires mirobolants où l’on dépense sans compter. Jeunes, moins jeunes, étudiants, seniors, mamans avec poussette viennent ici récupérer les denrées alimen taires qu’ils n’ont plus les moyens de s’offrir, faute de revenus suf fisants pour faire face à toutes leurs charges. La 39 ème campagne hivernale a démarré tambour battant. “On a refusé plus de dossiers avec le durcissement des critères d’at tribution. Par conséquent, la fré quentation reste assez stable. On
mois, le budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite aux bénéficiaires, a dou blé. “On manque un peu de tout et surtout de petites boîtes de légumes. Les partenaires locaux sont toujours là. À savoir Pétrin Ribeirou, la boulangerie fras noise, Super U à Frasne, les supermarchés Be1 à Jougne et à Levier, Colruyt à Pontarlier. On compte aussi sur la collecte nationale qui aura lieu les 1er et 2 mars. On sera présent dans toutes les grandes surfaces à Pon tarlier, Doubs, Houtaud, Levier et Frasne” , annonce la directrice. Si les temps sont durs aux Restos du cœur, les 26 bénévoles de l’an tenne pontissalienne continuent à œuvrer chacun dans sa spé cialité. Cette assiduité permet
accueille environ 110 familles, ce qui représente entre 200 et 220 personnes” , explique Marie Del grandi. Techniquement, le montant du barème d’hiver a été ramené au niveau de celui d’été ainsi que le nombre de repas accordés. Une personne seule a désormais droit à sept repas par semaine et non plus neuf. Les familles en reçoivent quatre par personne et par semaine au lieu de six précédemment. Un tour de vis indispensable pour assurer la pérennité des Restos du cœur qui ne parviennent plus à faire face à l’explosion de la demande et à l’envolée des prix. En 2023, l’association a accueilli 1,3 million de personnes contre 1,1 million en 2022. En quelques
l Association Travail et Vie 1 000 repas supplémentaires en 2023 “Grâce aux dons, on a pu faire face à l’augmentation du nombre de passagers” À l’accueil de jour où l’on s’occupe des sans-abri, on
passagers.” Le président reconnaît que les passagers suscitent de prime abord une certaine défiance qui se transforme parfois en élan de générosité. “C’est nécessaire de démystifier, de faire ce pre mier pas. On sait que l’inconnu quel qu’il soit fait peur.” Avec le temps, l’association a fini par adopter un fonctionnement bicéphale très complémentaire entre les bénévoles et les professionnels. La gouvernance reste le fait des bénévoles. Travail et Vie emploie une équipe de sept personnes placée sous la responsabilité de la direc trice Mélanie Dulize. “On a aussi deux renforts supplémentaires en période hivernale. Je suis très attentif aux risques psycho-sociaux en veillant à prendre soin de la santé mentale des passagers mais aussi des professionnels et des bénévoles. La maison occupée actuelle ment rue Montrieux n’est plus très fonc tionnelle et on souhaite à terme trouver des locaux plus adaptés.” Philippe Truche espère voir aboutir le projet de création de jardin partagé. Face à la crise du logement, il évoque aussi le dispositif des Bureaux du cœur. Cette initiative a été lancée en 2020 par des membres du Centre des jeunes Diri geants de Nantes. “Il y a aujourd’hui une implantation à Besançon. Il s’agit pour une entreprise d’accueillir une per sonne en situation de précarité en lui mettant à disposition un lieu où il pourra dormir, comme un vestiaire, une salle de repos. C’est très encadré et cela débouche parfois sur une embauche. La force du dispositif, c’est de ne pas cacher la personne mais qu’il y ait des temps d’échange avec les salariés. L’opération est toujours organisée avec le parrainage d’une association.” n F.C.
E n 2023, on a servi 3 900 repas à l’association Travail et Vie contre 2 900 l’année précédente. “On a accueilli 175 personnes différentes. Ici, on parle de passagers alors qu’il y en avait 120 au bilan de 2022. On peut recevoir 23 personnes au repas de midi et quand on sature, on limite à ceux qui sont vraiment dans la rue. On travaille aussi beaucoup avec les autres acteurs de la distribution ali mentaire comme la Croix Rouge, les Res tos du cœur, le P’tit panier. La concertation s’instaure entre nous quatre” , explique Philippe Truche qui a pris la présidence de l’association en septembre dernier. La plupart des passagers ont une solu tion d’hébergement à l’accueil de nuit ou dans des logements. Tout dépend de la situation des uns et des autres. Pour les repas, l’accueil de jour propose un seul service à midi et s’approvisionne aussi à la Banque alimentaire. Si les fondateurs de Travail et Vie ima ginaient une possible insertion de leur public par l’activité économique, la réalité est tout autre. “La plupart de nos pas sagers sont très éloignés de l’emploi. Rares sont ceux qui ont un emploi. Ce qui nous importe, c’est de leur proposer de l’activité pour qu’ils restent dignes tout comme il était aussi important de poser un cadre. Les inscriptions aux repas se font la veille. Ici, tout le monde
met la main à la pâte quand il faut débarrasser, nettoyer. Les repas ne sont pas gratuits. Et ce sont les passagers qui font la cuisine le jeudi.” L’organisation de Travail et Vie a évolué au fil du temps pour tenter de répondre au mieux aux besoins d’un public fragile qui n’est pas épargné par l’addictologie. “On collabore beaucoup avec la maison de santé Simone-Veil et le centre médico psychologique. On a aménagé à l’étage une salle réservée à l’équipe médicale qui intègre un médecin et une infirmière. Les deux étant bénévoles.” L’accueil de jour fonctionne toute l’année avec une ouverture le samedi en période hivernale et des astreintes dominicales quand le plan grand froid est déclenché. Pontarlier est une petite ville où l’en traide n’est pas un vain mot, aussi bien entre les associations qu’avec le C.C.A.S. ou les services du Département. “Le gros point noir, c’est le logement. C’est difficile quand on est au R.S.A., en inva lidité ou carrément sans ressource. C’est toujours des solutions gérées au cas par cas avec les travailleurs sociaux.” Le financement de Travail et Vie repose sur deux piliers : les aides de l’État et les dons. Sur ce point, Philippe Truche admet que l’année 2023 est exemplaire. “Les donateurs ont été particulièrement généreux. Grâce aux dons, on a pu faire face à l’augmentation du nombre de
enregistre aussi une augmentation de la fréquentation tout en subissant une baisse des quantités de produits. L’effet ciseau.
“C’est important de démystifier, de faire ce premier pas”, explique Philippe Truche assis en bout de table.
Cet ancien commerçant pontissalien qui fut aussi élu à Chaffois a choisi de s’investir au service des plus démunis après avoir perdu la vue.
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