La Presse Pontissalienne 288 - Janvier 2024
32 Économie
La Presse Pontissalienne n°288 - Janvier 2024
PRODUITS RÉGIONAUX Absinthe Les distillateurs bientôt tous fédérés sous l’I.G. Absinthe de Pontarlier Les hommes changent et les dossiers avancent, c’est en substance la recette qui a permis de réactiver ce chantier cinq ans après l’obtention de l’I.G. Absinthe de Pontarlier.
cause notre engagement dans cette démarche. L’I.G. est un outil pour fédérer les distilleries. Cela per mettra d’avoir une communication cohérente. On a tout à y gagner en termes d’image, de promotion” confirme François Aymonier. Même son de cloche à la distillerie Bourgeois à Arçon. “On est à fond pour protéger notre production avec une identité territoriale. C’est fondamental à nos yeux qu’on impose l’utilisation de plantes locales dans l’I.G. Absinthe de Pon tarlier. Étant agriculteur, on cultive pratiquement toutes les plantes sur place à l’exception de l’anis vert” , justifie Arnaud Bourgeois qui voit plusieurs intérêts d’ap poser sur les étiquettes la mention I.G.P. Absinthe de Pontarlier. D’abord un gain de notoriété sans pareil susceptible de dynamiser les ventes à l’export. “On demande juste d’apporter un peu plus de flexibilité sur le taux de thuyone
avec également les Amis du musée de Pontarlier qui nous poussent à avancer sur ce dossier.” Et le résul tat est prometteur. La distillerie Marguet-Champreux a été la pre mière à rejoindre l’association en octobre dernier. La distillerie Les Fils d’Émile Pernot a suivi le mou vement en décembre. Il n’en manque plus que deux qui ont déjà annoncé leur intérêt pour la démarche. L’adhésion de la distil lerie la Sémilla aux Fourgs exploi tée par François Aymonier
des charges. À l’issue de ces démarches, il envoie son rapport à l’association et à l’I.N.A.O. qui peut imposer des sanctions assor ties d’une obligation de réparer les manquements mineurs ou majeurs identifiés par l’organisme certifi cateur. L’I.G.S. absinthe de Pon tarlier s’inscrit finalement dans une organisation tripartite entre l’association, le certificateur et l’I.N.A.O.” , résume le secrétaire de l’association. Si 2019 marque une étape fonda mentale dans l’histoire de cette I.G.S., ce n’est aussi qu’un début. Quel intérêt et pertinence de porter seul une indication géographique alors qu’elle pourrait s’étendre à d’autres distillateurs qui répondent aux critères d’adhésion? Cette démarche n’avait pu aboutir à cause des divergences entre les distillateurs qui ne sont plus aujourd’hui aux commandes. “On s’est tous mis autour d’une table
E n 2001, l’absinthe est de nouveau autorisée en France notamment grâce aux efforts de François Guy. Ce dernier est aussi à l’origine de l’Association de défense de l’Ab sinthe de Pontarlier portée sur les fonts baptismaux en 2009. Il fau dra encore attendre dix ans avec que la Commission européenne approuve le 19 août 2019 l’ins cription de l’Absinthe de Pontarlier comme Indication Géographique (I.G.) de boisson Spiritueuse. L’aboutissement d’un long combat solitaire porté par la distillerie Guy, la seule jusqu’à présent à pouvoir apposer le fameux logo I.G.P. sur ses étiquettes. “On utilise
le sigle I.G.P. car il n’existe pas de sigle officiel pour l’Indication Géo graphique Spiritueux” , précise Benjamin Petigny, responsable qualité et production à la distillerie Guy et également secrétaire de l’Association de défense de l’Ab sinthe de Pontarlier. Laquelle est aujourd’hui présidée par Sébastien Siredey, autre salarié de la distil lerie des Lavaux. L’association de défense regroupe aussi des planteurs-sécheurs et des conditionneurs rassemblés en différents collèges. “On travaille avec un organisme certificateur qui contrôle les collèges, le comité d’organisation organoleptique. Il vérifie aussi la conformité du cahier
implique d’élar gir l’aire géogra phique de l’I.G.S. car elle n'intègre pas encore le pla teau des Bourris. “On attend que la commune des Fourgs soit dans le périmètre pour adhérer, ce qui ne remet pas en
Quel intérêt de porter seul une indication géographique ?
défini au cahier des charges. Cer tains pays comme les États-Unis ou le Canada sont très stricts. On travaille sur cette question avec
COOPÉRATION 10 000 euros versés chaque année Haïti envers et contre tout
La communauté de communes du Grand Pontarlier apporte depuis plus de dix ans sa contribution financière au foyer des Enfants de Milot qui accueille six garçons et quatre filles. Plus qu’une simple coopération, un véritable engagement humanitaire et des liens d’amitié indéfectibles avec ce pays.
élue pontissalienne qui accompagne ce projet depuis le départ. Sans occulter l’approche mémorielle, la collaboration s’est orientée vers la construction et la gestion du foyer des Enfants de Milot avec le seul support financier de la Ville de Pontarlier et de la C.C.G.P. La structure a vu le jour en 2013 en accueillant dix enfants orphelins ou abandonnés. “Ils ont aujourd’hui entre 4 et 18 ans et sont complètement pris en charge par le foyer : alimentation, éducation, santé. On a la chance d’avoir une salariée très dévouée qui s’occupe de l’intendance au quotidien. c’est une vraie maman. Certains enfants s’orientent désormais vers une formation professionnelle. Cette coopération leur a donné une chance de s’en sortir. Nous espérons qu’elle va perdurer car la situation poli tique à Haïti est devenue très chaotique” , explique au téléphone Phirosner Des forges qui préside l’association Foyer des Enfants de Milot depuis sa créa tion. Une belle amitié s’est formée entre Anne-Lise Ballyet et le responsable du foyer qui voit en elle “une aubaine que le ciel a mis à notre disposition.” Le binôme fait le point chaque semaine sur la vie du foyer, ses besoins, ses pro jets. “Phirosner Desforges est aussi le directeur des services de la mairie de Milot. C’est sur lui que repose la péren nité de nos échanges. Le Grand Pon tarlier verse chaque année 10 000 euros à la Fondation. 8 000 euros servent au fonctionnement et 2000 euros sont consacrés aux investissements. Le salaire moyen à Haïti s’élève à 150 euros par mois” , précise Anne-Lise Ballyet qui
L a route des abolitions de l’escla vage n’est pas uniquement tour née sur le passé. Si elle fait étape au Château de Joux, dernière demeure de Toussaint Louverture, cette route est aussi à l’origine de la coopé ration décentralisée mise en place en juillet 2009 entre Pontarlier et la ville de Milot.
Cette ville haïtienne abrite la citadelle La Ferrière considérée comme la plus grande forteresse du continent amé ricain. “Il s’agissait à l’époque d’une coopération à caractère culturel. Les choses ont évolué suite au séisme de janvier 2010 qui a ravagé l’île de Haïti. On a basculé dans une démarche huma nitaire” , se souvient Anne-Lise Ballyet,
“Ce foyer vit uniquement de l’aide de la C.C.G.P.”, souligne Anne-Lise Bal lyet, l’élue pontissalienne en charge de cette coopération décentralisée.
font l’objet de factures. Un bilan comp table est établi chaque trimestre entre Phirosner Desforges et l‘élue pontis salienne qui transmet un rapport annuel au conseil communautaire du Grand Pontarlier. Les investissements servent à rendre le foyer le plus autonome possible. “On a mis en place un poulailler. Les œufs sont un apport en protéines essentiel pour les enfants. Des panneaux solaires alimentent le système d’éclairage du foyer qui fonctionnait auparavant avec un groupe électrogène” , détaille Phi rosner Desforges. La contribution du Grand Pontarlier n’est pas remise en cause. “On accompagne les enfants dans leur choix d’orientation profes sionnelle en prenant soin de rester neutre et laïque vis-à-vis du foyer. J’es père de tout cœur qu’on pourra un jour accueillir Phirosner Desforges à Pon tarlier, c’est un homme d’une grande humanité et très dévoué” termine l’élue pontissalienne. n F.C.
ne s’est plus rendue à Milot depuis 2017. Et rien ne laisse présager un nouveau voyage au vu de la situation catastrophique dans laquelle évolue ce pays depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021. Le pays est livré aux gangs. L’inflation s’est généralisée et la violence se bana lise. “1 600 homicides, viols et enlève ments ont été commis au premier tri mestre 2023. Aujourd’hui, la priorité,
c’est la sécurité et le bien-être des enfants du foyer” , poursuit Anne-Lise Ballyet. Le foyer vit unique ment de l’aide versée par le Grand Pontar lier. L’argent est versé par le biais de l’association de la Route de l’abolition de l’esclavage et des droits de l’Homme. Toutes les dépenses
“La contribution du Grand Pontarlier n’est pas remise en cause.”
Les enfants du foyer sont pris en charge au quotidien par celle qu’il considère comme leur “maman”, l’unique salariée du foyer.
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