La Presse Pontissalienne 280 - Mai 2023

Le dossier 23

La Presse Pontissalienne n°280 - Mai 2023

l Syndicats F.O. “On n’est plus des soignants, mais des techniciens du soin !”

Comme tous les syndicats hospitaliers, F.O. dénonce le manque de moyens alloués aux hôpitaux et les niveaux de salaires indignes des contraintes et responsabilités imposés aux soignants. Revendications.

Aujourd’hui à l’échelle du C.H.I.H.C., 25 postes d’infirmières ne sont pas pourvus. Sur les 30 qui sortent chaque année de l’I.F.S.I., une poignée seule ment choisit de travailler au C.H.I.H.C. “Le rapport au travail a évolué et le manque de personnel se répercute sur les soignants en place. C’est important de pouvoir redonner du sens au travail, ce qui signifie d’aller moins vite. On n’est plus des soignants mais des tech niciens de soins.” Pour autant, Sophie Richard estime que la qualité de soins reste stable. Sur la question des retraites, elle est bien sûr vent debout contre cette réforme. “Quand on entrait dans la fonction publique, c’était pour y rester jusqu’à la retraite. Ce n’est plus d’ac tualité. On était moins bien payé que dans le privé mais on bénéficiait de la sécurité de l’emploi en compensation. Les aides-soignantes qui pouvaient

“C omment voulez-vous atti rer des jeunes avec un salaire mensuel de 1 600 euros avec un Bac + 3 ? La pénurie de personnel, ce n’est pas que le fait de la Suisse. on est sur des métiers qui n’attirent plus du tout !” , assène Sophie Richard du syndicat F.O. Au-delà des salaires, d’autres facteurs participent aussi à la pénurie d’infir mières comme la motivation avec 30 % des étudiants qui n’arrivent pas au bout de leur cursus. La faute au mode de sélection avec cet abandon du concours d’entrée au profit de Parcour

sup. “Cela fausse complètement la donne” , note Sophie Richard. Bien consciente que les charges de

fonctionnement ont aug menté avec la facture énergétique, les matières premières, elle estime qu’il faut passer outre. “On revendique claire ment des moyens à la hauteur de la charge de soins de la population. Ce qui suppose peut-être de sortir de la logique comptable instaurée dans le budget de la santé.”

F.O., comme tous les syndicats hospitaliers, dénonce depuis des années la dégradation des conditions de travail des soignants au C.H.I.H.C.

25postes d’infirmières ne sont pas pourvus.

partir à 57 ans devront patienter deux ans de plus. Pour les infirmières, ce sera 64 ans comme, les autres. Il n’y aura pas de pénibilité supplémentaire. Rappelons qu’aujourd’hui l’espérance de vie professionnelle d’une infirmière

est de 4 ans contre 7 ans il y a quelques années.” Comme tout le monde, la déléguée syn dicale est bien en peine de solutions pour trouver les 25 infirmières qui manquent au C.H.I.H.C. n

l Institut de formations paramédicales Problèmes de recrutement “Les diplômés ne sont pas des recrutements potentiels pour le centre hospitalier”

concours. À titre d’exemple, en 2019, 85 % des étudiants ayant obtenu leur diplôme d’infirmier restaient en Franche-Comté, près de 18 % partaient hors région, y compris en Suisse. En 2021, 60 % sont restés dans la région, contre 26 % en dehors. L.P.P. : Pourtant, la formation d’infirmier est toujours la plus demandée sur Par coursup. Comment expliquer cet engouement des étudiants et la pénurie de personnel ? C.B. : Il y a beaucoup de départs de métier, des gens qui se recon vertissent. Des personnes qui se mettent en disponibilité, par tent en Suisse. L’attrait pour l’intérim s’est développé, car ce ne sont pas les mêmes contraintes que d’être en poste, quand on est rappelé sur les vacances, etc. Du coup, les éta blissements ont recours à l’in térim. Et toutes les demandes en intérim ne sont pas pourvues. C’est un coût financier pour eux, mais aussi un investissement pour le personnel qui accom pagne les intérimaires. L.P.P. : Sentez-vous une amélioration, une baisse de la pénurie de personnel soignant ? C.B. : La pénurie ne s’améliore pas, au contraire. Nous avons plus recours à l’intérim que l’an née dernière. Et il y a un réel épuisement des agents, car la situation est sans fin. n Propos recueillis par L.P.

motions. Pour celui d’aide-soi gnant, c’est plus compliqué car le métier n’attire pas, avec une rémunération moindre. Il y a une désaffection de la formation d’aide-soignant. C’est une for mation de même niveau que l’auxiliaire de puériculture mais elle n’a pas la même image posi tive. Sur le Centre hospitalier de la Haute Comté, la grosse pénurie concerne les aides-soi gnants, notamment en E.H.P.A.D. On travaille sur l’image de ces métiers, à com muniquer dessus. L.P.P. : Contrairement à ces deux diplômes qui ne sont pas post-Bacs et pour lesquels il faut passer un entre tien de sélection en plus du dossier, le diplôme d’infirmier se décide dés ormais sur Parcoursup et non plus par un concours. En quoi cela peut-il impac ter la formation ? C.B. : Il y a deux entrées possibles. La première est la formation professionnelle continue. 16 places sont réservées à ceux qui justifient d’une expérience pro fessionnelle, quelle qu’elle soit, et de trois années de cotisation à un régime de protection sociale. Là, il y a des épreuves de sélection. Mais pour les bacheliers, c’est effectivement Parcoursup qui fait le choix. Et ça change com plètement, avant il y avait une épreuve écrite et un entretien. Là, on voit les étudiants le jour de la rentrée pour la première

fois. Même si les instituts éva luent avec des critères précis le projet professionnel que le can didat met en avant sur Parcour sup. Il me semble quand même que les interruptions de forma tion sont plus fréquentes avec ce système. Pendant l’entretien, on leur faisait comprendre que ça coûtait cher d’habiter à Pon tarlier, qu’on pouvait les envoyer en stage à 80 km. Les ruptures de formation sont aussi dues à la situation de précarité des étu diants. Au début de Parcoursup, en 2019, nous avons eu beaucoup d’étudiants hors de la région. Souvent, après une année à Pon tarlier, ils demandent une muta tion pour repartir dans leur région d’origine. Mais aujourd’hui, le recrutement est de plus en plus local. L.P.P. : Quelle est la part des étudiants qui, une fois diplômés, trouvent un emploi dans la région ?

Si les promotions de l’institut de formations paramédicales font le plein d’étudiants, Christiane Bideau, directrice de l’institut et directrice des soins au centre hospitalier remarque une augmentation des ruptures de parcours ainsi que le départ de la région de nombreux diplômés.

L a Presse Pontissalienne : À Pontarlier, l’institut de for mations paramédicales regroupe trois écoles : l’I.F.S.I.

vous dans ces trois formations ? Christiane Bideau : Le diplôme d’auxiliaire de puériculture fait toujours le plein dans les pro

pour le diplôme d’infirmier, l’I.F.A.S. pour celui d’aides-soignants, et l’I.F.A.P. pour former les auxiliaires de puéri culture. Quelles difficultés rencontrez

“La pénurie ne s’améliore pas.”

C.B. : Les diplô més ne restent pas forcément dans la région, ce ne sont pas des recrute ments poten tiels pour le cen tre hospitalier. C’est un phéno mène qui se voyait moins quand l’entrée se faisait sur

Florence Ballet, secrétaire de l’institut de formations paramédicales, et Christiane Bideau, directrice, travaillent avec le reste de l’équipe à éviter le plus possible les ruptures de formation.

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