La Presse Pontissalienne 279 - Avril 2023

18 Pontarlier et environs

La Presse Pontissalienne n°279 - Avril 2023

L ’ h u m e u r Conseil sonore

DIPLOMATIE L’ambassadeur de Suisse en France “Avec les Français, on est beaucoup plus que des voisins !” Depuis mars 2022, Roberto Balzaretti, l’ambassadeur de Suisse en France sillonne par étapes les routes de l’Hexagone à vélo. Ce projet baptisé “En route avec la Suisse” se terminera en décembre 2023. Il comprend treize étapes. La septième s’est déroulée du 27 au 31 mars entre Troyes, Dijon et Les Verrières. Entretien.

D epuis plusieurs mois, la Ville de Pontarlier et la Communauté de communes du Grand Pon tarlier ont pris l’initiative de diffuser leurs conseils municipaux et communau taires en direct de Youtube par “retranscription sonore.” Une démarche censée rap procher les citoyens des élus locaux. Si elle est louable en soi, force et de reconnaître (et constater au vu du

L.P.P. : Votre regard sur la France a-t-il changé au fil des étapes ? R.B. : J’ai beaucoup visité la France et j’adore ce pays pour sa richesse de pay sages, de terroirs, d’humanité. Tout cela s’est confirmé à vélo. Bien sûr tout n’est pas parfait, il y a des friches indus trielles, des infrastructures pas toujours très bien entretenues comme partout en Europe. Ce qui m’importe le plus, ce sont les relations humaines. On est beaucoup plus que des voisins et je me sens aussi à la maison quand je sillonne la France. Cela incite à aller de l’avant. La France reste un pays de passion nés. L.P.P. : Les Suisses vous semblent bien perçus en France ? R.B. : Globalement, je n’ai pas ressenti de difficultés même si on a des choses à améliorer. La confrontation nous aide à avancer. Il faut faire l’effort de se comprendre. L.P.P. : Vous parlez de confrontation. On peut évoquer le projet suisse des éoliennes de Bel Coster situé sur la ligne de crête frontalière qui suscite la colère des riverains et des col lectivités françaises concernées ? R.B. : Oui, je suis au courant. C’est un sujet de débat au même titre que les centrales nucléaires françaises proches de la frontière suisse. n Propos recueillis par F.C. nombre de personnes connec tées) que ce dispositif n’est pas le meilleur moyen d’at tirer les foules ! Bien souvent on ne sait pas qui s’exprime (hormis Patrick Genre), et il est souvent difficile de sui vre les interlocuteurs pour peu qu’ils ne parlent pas dis tinctement et dans leur micro. Peut-être Pontarlier devrait-il pousser un peu plus loin la démarche en associant l’image au son comme le font de plus en plus de grandes villes ? l

140 activités menées en commun. Il s’agit d’entraînements, d’exercices de défense en commun… On développe aussi avec la France des relations très importantes autour de l’eau, de l’im migration, des douanes… On a conclu tout récemment un accord sur le trai tement fiscal des frontaliers en télé travail en sachant que le travail à domi cile est toujours limité à deux jours par semaine. L.P.P. : Le passage de frontière qui a conclu cette 7 ème étape reste très symbolique ? R.B. : La Suisse est entrée dans l’espace Schengen en 2015. On a alors intégré un espace de sécurité commun en conservant les douanes qui portent une mission de police aux frontières. Mais la douane ne doit pas se réduire aux seuls contrôles, c’est aussi un lieu de passage et d’échange. L.P.P. :Après sept étapes, avez-vous le sentiment d’avoir relevé le défi ? R.B. : Oui, j’ai l’impression que la formule plaît et donne de bons résultats. On a réussi à créer une proximité. C’était l’idée et je pense qu’on y est parvenu. L.P.P. : Pas trop fatigué ? R.B. : Non. On fait en moyenne 50 km chaque jour. Ce sont surtout les ren contres qui sont intéressantes ‘

Depuis mars 2022, Roberto Balzaretti l’ambassadeur de Suisse en France sillonne par étapes à vélo les routes de France.

jours sur les routes de France. On essaie de multiplier les échanges économiques, scientifiques, culturels et politiques. L’objectif principal consiste à mettre en exergue les actions de coopération franco-suisse. Sans pour autant nier les difficultés et chercher des solutions pour y remédier. C’est le rôle de la diplomatie. L.P.P. : La septième étape s’est terminée à Pontarlier, puis au poste-frontière des Verrières. Cette région du Haut-Doubs est portée par le travail frontalier qui lui assure une belle pros périté avec des avantages mais aussi des inconvénients : saturation des axes de com munication, envolée du foncier, fuite de la

dans les pays voisins si l’on veut garder des outils de production viables car on manque cruellement de personnel qua lifié même si deux tiers des jeunes suisses suivent la voie de l’apprentis sage. Là aussi, on peut réfléchir à la création de formations communes avec des lieux de production partagés. R.B. : Non, cela ne me semble pas néces saire d’aller jusque-là. Il existe d’autres leviers, je pense aux équivalences des métiers par exemple. L.P.P. : Savez-vous combien de Suisses vivent en Bourgogne-Franche-Comté ? R.B. : La France abrite 207 000 ressor tissants suisses et la plupart ont la double nationalité. C’est la plus grande communauté de Suisses à l’étranger. Ils sont 28000 à vivre en Bourgogne Franche-Comté et 14 000 dans le Doubs. Il faut aussi savoir qu’on recense 200000 Français en Suisse et que ce chiffre est en progression constante. L.P.P. : Vous parliez des actions de coopération entre la France et la Suisse. Elles s’exercent dans quels domaines ? R.B. : Il n’existe pas de plan de coopé ration hormis au niveau militaire avec L.P.P. : Dans ce cas, faudra-il envisager d’har moniser les réglementations ?

La Presse Pontissalienne : Pourquoi vous être engagé dans un tel périple ? Roberto Balzaretti : Mon idée était de sortir de Paris pour mieux se rendre compte de ce qui se passe dans toutes les régions françaises. En appréhendant ainsi les réalités du territoire, je pense être en mesure de faire mon travail de meilleure manière. L.P.P. : Et pourquoi le vélo ? R.B. : Je souhaitais sortir du cadre des visites officielles très formalisées. En réfléchissant aux moyens de rendre cette découverte plus sympathique, j’ai pensé au vélo que je pratique aussi dans le cadre de mes loisirs. Le choix d’un mode de déplacement doux n’est pas anodin même si je suis aussi suivi par une voiture électrique pour l’as sistance. On est équipé par une entre prise suisse, leader mondial dans le domaine de la mini-motorisation. Je roule sur un joli vélo qui me permet aussi de promouvoir l’excellence des savoir-faire de l’industrie suisse. En se déplaçant à 30 km/h, on peut voir les choses, sentir le territoire. L.P.P. : Tout s’est bien déroulé depuis le début de cette aventure ? R.B. : : On a déjà fait six étapes, soit 65

main-d’œuvre vers la Suisse… Tout n’est pas rose sur la bande frontalière ! R.B. : Je suis moi-même originaire du Tessin, où l’on observe une situation assez identique avec l’Ita lie voisine. Globalement, je pense que chaque pays profite de la situation. Je suis aussi bien conscient qu’au niveau de la main d’œuvre, on a un défi commun à relever. On est contraint de recruter

“Je me sens aussi à la maison quand je sillonne la France.”

Il sillonne notre pays à raison de 50 km par jour.

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