La Presse Pontissalienne 275 - Décembre 2022
12 Pontarlier
La Presse Pontissalienne n°275 - Décembre 2022
PONTARLIER
Inclusion Quand la culture efface tous les handicaps La chanteuse la Lue et le groupe bisontin Éméa ont relevé le défi de chanter ou danser avec des jeunes en situation de handicap. Les répétitions ont lieu à l’I.M.E. de Pontarlier.
mière à qui j’ai commencé à confier mes petits poèmes, c’était Christine Devaux, enseignante au collège des Augustins. Ensuite, au lycée Xavier-Mar mier, j’ai eu la chance d’avoir comme professeur de philosophie Marc Foglia. Ces deux ensei gnants ont su me conseiller et me mettre en confiance” note Guillaume Curtit reconnais sant. L’étudiant vient de récidiver avec la sortie d’un second recueil intitulé “Songe à la douce heure” (éditions de La Crypte), qu’il a présenté le 3 décembre dernier à la librairie Rousseau de Pon tarlier en compagnie de deux de ses amis poètes, Isabelle Pas cal-Cordier et Matthieu Frey heit. Adepte d’une poésie très contemporaine et aérée, où la rime est devenue accessoire, à la manière d’un Stéphane Mal larmé, Guillaume Curtit s’at tache dans ses poèmes à trouver les mots qui se cachent derrière les mots, les sens qui se dissi mulent sous les lettres. Sa poé sie presque graphique confine à l’esthétisme. Fasciné par Rim baud étant adolescent, il a aujourd’hui pour maîtres des poètes comme André Du Bou chet et son écriture fragmen chard, éducatrice spécialisée. Pour cette seconde participation, les jeunes ont proposé deux prestations. En ouverture du festival, ils ont joué le spectacle Pieds et poings liés, une création maison. Ils sont revenus sur scène avec Éméa pour une inter prétation inédite de L’envol. “Ce sont eux qui ont choisi ce mor ceau” , note Manon, la chanteuse du groupe, ravie de cette expé rience inédite pour elle aussi. Les artistes et les jeunes se sont retrouvés à plusieurs reprises à l’I.M.E. de Pontarlier pour préparer ce festival. Que res tera-t-il de ces échanges avec des artistes professionnels ? “L’ouverture culturelle, répon dent sans hésitation Nathalie et Karine. Derrière ces échanges, Il y a bien sûr tout un travail d’inclusion. Pour chacun d’eux, c’est aussi l’opportunité de déve lopper l’estime de soi. Les jeunes sont demandeurs et cela génère de la motivation.” L’ambiance, la fraîcheur, la complicité sont sensiblement identiques dans une salle voisine où la chanteuse La Lue et son complice guita riste Jean-Michel Trimaille répétaient avec un autre groupe
à 18 ans. Les séances d’activité ont lieu tous les mercredis. Depuis la rentrée, on prépare les chorégraphies qu’ils ont inter prétées dans le cadre du Festi’Diff. On participe depuis deux ans à cet événement. L’an dernier, on avait collaboré avec Marion Roch” , explique Nathalie Chatelain, professeur d’activités physiques adaptées qui encadre ces jeunes avec Karine Guin
C e n’est sans doute pas un hasard si les jeunes du groupe danse mis en place au sein de l’Institut Médico-Éducatif (I.M.E.) de Pon
tarlier ont choisi de travailler sur la chanson L’envol. Tout un symbole. “Ce groupe danse existe depuis très longtemps. Il réunit actuellement onze jeunes de 14
Le groupe Danse de l’I.M.E. travaille depuis la rentrée la chorégraphie rattachée à la chanson L’envol du groupe Éméa. Photo de famille.
Les cinq enfants répètent la chanson qu’ils ont écrite avec La Lue et Jean-Michel Trimaille.
avec Nathalie. Dans ces instants de partage mutuel, chacun apporte à l’au tre. “Ces jeunes sont très spon tanés. Pour les artistes, c’est aussi une expérience. On sort du cadre habituel d’un festival” , souligneAurélien Bouveret, res ponsable de la programmation du Festi’Diff. n F.C.
d’enfants la chanson qu’ils ont composée ensemble : Vivre nos passions. “Ils sont cinq jeunes. C’est un groupe constitué pour ce projet. Pour eux, c’est aussi l’occasion de dire ce qu’ils ont sur le cœur et qu’ils n’osent pas forcément exprimer. Cela leur permet de dire des choses pro fondes” , explique à son tour Hélène qui encadre ce groupe
EN BREF
PARCOURS Étudiant en lettres Guillaume Curtit,
Laïcité À l’occasion de la Journée de la Laïcité le 9 décembre, l’Association Laïque de Pontarlier organise le 9 décembre à 20 h 30 un hommage au professeur Samuel Paty au Théâtre du Lavoir, avec la participation des musiciens du conservatoire Élie Dupont. À cette occasion, des membres de l’A.L.P. évoqueront sur scène le quotidien d’un professeur de lettres, passionné par sa mission mais aux prises avec des élèves abreuvés par les réseaux sociaux qui vont jusqu’à contester son enseignement pour des questions religieuses, le quotidien d’un professeur qui se sent seul au sein d’une communauté éducative qui se résout à des “petits renoncements”. Renseignements : asso.laique.pontarlier@gmai l.com La Poste Pour faire face au pic d’activité sur la saison des fêtes de fin d’année 2022, La Poste recrute dans le Doubs, 2 factrices ou facteurs en C.D.I. à Valdahon et Pontarlier et 16 saisonniers pour les fêtes de fin d’année à Besançon, Pontarlier, Les Fins et Valdahon. Pour postuler aux emplois saisonniers ou aux postes de factrices-facteurs en C.D.I., les candidats sont invités à se connecter sur www.laposterecrute.fr
l’âme d’un poète
B ien longtemps, Guil laume Curtit a gardé pour lui sa passion pour la poésie, comme un petit secret intime. Il faut dire qu’à 14 ans, avec les copains, on parle plus aisément de foot, de filles, du collège, que de poé sie. “J’ai commencé à écrire des petits poèmes quand j’étais en Étudiant en lettres, le Pontissalien Guillaume Curtit signe son deuxième recueil de poésies. Il le présentait en début de mois à la librairie Rousseau. Échange.
4 ème . Ils ne valaient pas grand chose, mais j’en suis tout de même fier aujourd’hui. J’ai mis du temps à en parler” note le Pontissalien aujourd’hui enmas ter de lettres modernes à l’Uni versité de Strasbourg. C’est bien des années plus tard, au moment où Guillaume Curtit a sorti son premier recueil en 2020, que ses amis ont vraiment découvert sa passion pour l’art poétique avec un premier recueil baptisé “L’aire de rien”. Cette passion, il l’a d’abord par tagée avec deux enseignants pontissaliens qui ont donné au jeune Guillaume l’envie de pour suivre sur cette voie. “La pre
Guillaume Curtit publie son deuxième recueil, “Songe à la douce heure”.
c’est 5 000 exemplaires sourit il. On est loin des 400 000 exem plaires d’unGuillaumeMusso !” Passionné et tout en sensibilité, il continue à tracer son sillon dans la poésie. Tout en conti nuant ses études à Strasbourg. Le jeune homme de 22 ans compte passer dès l’an prochain le concours de l’agrégation, sans doute poursuivre en thèse et se destine à l’enseignement. n J.-F.H.
taire, les poètes suisses Philippe Jaccottet et Gustave Roud, ou encore le poète franc-comtois Jean-Michel Maulpoix auquel il consacre d’ailleurs son mémoire de Master. Bien conscient que la poésie contemporaine est un monde assez confidentiel, Guillaume Curtit n’a pas - encore ? - la pré tention d’écouler des milliers d’exemplaires de ce nouveau recueil. “Un best-seller en poésie,
De gauche à droite, Matthieu Freyheit, Isabelle Pascal Cordier, Guillaume Curtit et Daniella Théibaud-Fonck, l’adjointe pontissqlienne à la Culture.
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