La Presse Pontissalienne 272 - Septembre 2022
L’événement 9
La Presse Pontissalienne n°272 - Septembre 2022
l Nans-sous-Sainte-Anne L’existence du musée en question Quel avenir pour la taillanderie, toujours à vendre ? En 2019, les héritiers du propriétaire de la taillanderie, décédé au début d’année, avaient décidé de mettre en vente ce
La com’com souhaite une étude de faisabilité avant de se positionner D epuis 2019, et l’annonce de la vente, les élus sont inquiets. “Forcément, on tient à ce que ce patrimoine perdure, même qu’il prenne un peu plus de vigueur” , remarque Emmanuel Cretin, maire de Nans-sous-Saine-Anne. Pour la commune de 150 habitants, il est impossible d’acquérir la taillanderie. “Derrière l’achat, il y a surtout la question de savoir ce qu’on en fait après, ce que ça vaut, etc.” , reprend le premier édile. Emmanuel Cretin et la communauté de communes Loue-Lison sont favorables au lancement d’une étude de faisabilité. “Actuellement, la taillanderie est gérée par un privé avec un fonctionnement issu du privé. Il est important d’avoir un point de vue sur ce qui a été fait afin de le pérenniser, voire le déve lopper” , explique Philippe Bouquet, élu en charge de l’économie touristique. Consciente de l’atout que représente la taillanderie pour son territoire et de son potentiel à développer, la communauté de communes reste prudente. “On souhaite porter une étude de faisabilité pour dégager un projet sur le long terme. Et derrière, il y aura un modèle économique à trouver” , avertit Jean-Claude Grenier, président de la collectivité. Celle-ci mise également sur des projets privés publics. Contrairement à des particuliers ou de structures privées, la collectivité, s’il y a un achat, aurait des contraintes plus lourdes à supporter telle la mise aux normes pour l’accessibilité et l’accueil du public, des travaux à mener sur un bâtiment classé. Des investissements lourds à assumer en plus. Pour l’heure, il reste à finaliser le financement à 80 % de l’étude de faisabilité par d’autres collectivités, ici l’État, la Région, le Département et la commune. La communauté de communes serait le porteur de l’étude mais elle ne peut pas assumer, seule, le coût total. Une autre question demeure en suspens : à l’initiative du Préfet en 2019, l’actuelle propriétaire s’est engagée à lancer un inventaire du matériel comme la collection de faux, en vue d’être classée (aujourd’hui, seul le bâtiment est classé Monument historique). La Direction régionale des affaires culturelles s’occupe de ce dossier. Le classement du matériel, en cours, est une condition sine qua non pour que les collectivités investissent. Rien n’est encore acté, donc. À suivre. n
musée consacré à l’industrie des outils coupants du XIX ème siècle.
Trois ans plus tard, le lieu, toujours en vente, continue d’accueillir des visiteurs.
Sylvain Debray gère la taillande rie depuis 27 ans, comme
B on an mal an, les visites de la tail landerie continuent. La situation de ce lieu en vente étant précaire, aucune publicité n’a été faite pour lancer la saison touristique cette année. Pour autant, le public a su trouver le chemin de la taillanderie et profiter des visites gui dées, admirer les outils coupants fabriqués au XIX ème siècle, et voir fonctionner les mar tinets activés par la force hydraulique ou encore le système de soufflerie unique au monde. Dans ce musée au passé industriel, tout est authentique comme si les ouvriers avaient quitté la forge hier. Fermée en 1969, la taillanderie a été rachetée à peine un an plus tard par Jean-Claude Freyburger. En 1981, il reçoit le prix des chefs-d’œuvre en péril puis est classé monument historique en 1984. Grâce au travail de conservation entamé il y a 50 ans, le site est resté inchangé. Jusqu’à aujourd’hui. Car l’avenir de la taillanderie demeure flou, son présent étant conditionné à la vente du lieu. Jean-Claude Freyburger meurt en 2019. Ses héritiers décident dans la foulée de vendre la taillanderie. Une annonce sur le
son père avant lui.
une saison, je tiens parce qu’il faut tenir. Si une vente se fait réellement, il y a peut être un avenir,mais je ne suis pas sûr d’avoir le même enthousiasme qu’il y a trois ans pour relancer des projets” , avoue-t-il. Malgré ce flou autour de la situation de la taillanderie, les visiteurs locaux du Haut Doubs et de la vallée de la Loue notamment, ont (re)découvert le lieu cet été. En juin, la fréquentation a augmenté de 45 % grâce aux groupes et aux scolaires. “Tant que ce sera ouvert, il y aura du passage” , conclut Sylvain Debray. La taillanderie reste en effet l’un des derniers sites à proposer un tourisme autour des techniques et savoir faire industriels d’autrefois. Un patrimoine devenu rare qui ne doit pas tomber dans l’oubli. n L.P.
Bon coin apparaît fixant le prix de vente à 850 000 euros. Trois ans plus tard, rien n’est fait. Des particuliers seraient intéressés mais tout reste en discussion depuis plu sieurs mois. Les collectivités, conscientes de l’atout touristique, restent prudentes (voir ci-contre). En attendant, Sylvain Debray, comme son père avant lui, continue
de gérer la taillanderie, et ce depuis 27 ans. “Je me débrouille, comme il y a trois ans, je suis un peu tout seul pour gérer” , glisse-t-il, désabusé et usé par la situation. Si rien n’est signé ni aucun projet d’esquissé, Syl vain sent tout de même une envie de continuer à faire vivre le musée. Bien qu’il redoute son licenciement. “J’ai encore refait
Un avenir flou pour le site.
l Mécénat La Fondation du patrimoine Au chevet du patrimoine en péril
Depuis 25 ans, la Fondation du patrimoine donne un coup de pouce financier aux propriétaires (privés ou publics), via des actions de mécénat. 37 projets sont actuellement ouverts à la collecte dans le Doubs.
cet appel aux dons, de son réseau, de sa motivation” résume Agnès Martin, chargée de mission de la Fondation du patrimoine pour les quatre départe ments francs-comtois. “Et pour que l’on puisse établir un objectif de collecte, il faut que les porteurs de projets aient un estimatif assez précis des travaux. Il nous faut aussi l’aval de la D.R.A.C. pour les monuments historiques ou celui de l’Unité départementale de l’ar chitecture et du patrimoine pour les autres biens” complète Agnès Martin. Et quand l’objectif de collecte est atteint, la Fondation du patrimoine abonde à hauteur de 15 à 20 % du montant de la collecte. Le jeu en vaut souvent la chandelle. Certains projets bienmédia tisés comme la rénovation de la Tour du Saint-Esprit à Besançon ont convaincu 482 donateurs qui ont déjà apporté 112 420 euros au projet. Le
L es bâtiments de l’ancienne usine Ropp à Baume-les Dames, l’église de Charmau villers dans le Haut-Doubs, l’église de Pouilley-Français vers Saint Vit ou la fontaine-lavoir de Chassagne Saint-Denis vers Ornans : tous ces bâti ments ont récemment reçu le soutien financier de la Fondation du patrimoine via un appel au mécénat. Les collectivités publiques comme les particuliers peuvent faire appel à cette fondation reconnue d’utilité publique créée en 1997 qui a des antennes dans toutes les régions de France. Une mai son d’habitation à Bonnay, vers Devecey, une autre à Nans-sous-Sainte-Anne, un projet d’habitation collective à Saint Hippolyte…Ces autres exemples font actuellement partie des 37 projets actuellement ouverts à la collecte dans le département du Doubs. Tous n’ob tiendront pas l’intégralité de la somme souhaitée, “le succès d’un appel au mécénat dépend souvent de la manière dont le porteur de projet fait connaître
Zoom La mission Bern a rendu son verdict L a liste des monuments soutenus par le désormais fameux Loto du patrimoine via la Mission Bern (du nom de l’animateur de télévision) a été dévoilée le 29 août. Pour notre département, c’est le pavillon de musique de l’hôtel Michotey à Besan çon qui a été retenu. Il bénéficiera ainsi d’un coup de pouce supplémentaire pour compléter le financement des tra vaux. L’an dernier, c’est le château de Belvoir qui avait reçu l’onction de la Mission Bern dans le Doubs. n
Agnès Garnier, salariée de la Fondation du patrimoine.
sont éligibles à un soutien de la Fon dation, ainsi que ceux situés dans le secteur sauvegardé de Besançon.À ces aides peut s’ajouter une autre aide financière de la Région Bourgogne Franche-Comté à travers un dispositif récemment mis en place. n J.-F.H.
la région étaient reçues le 29 juin der nier au Conseil départemental du Doubs pour la remise officielle d’une plaque “Fondation du patrimoine” à apposer aux abords de l’édifice sou tenu. Tous les bâtiments situés dans une commune de moins de 20 000 habitants
château de Joux avait également été bienmis en lumière, la dernière collecte ayant permis de rénover les ponts levis (voir notre article dans le précédent numéro de La Presse Pontisalienne). Les bénéficiaires des der nières collectes dans
Une maison d’habitation à Nans-sous Sainte-Anne…
Renseignements sur fondation-patrimoine.org ou au 03 81 47 95 14 (14, rue Violet à Besançon)
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