La Presse Pontissalienne 270 - Juillet 2022
L’événement 7
La Presse Pontissalienne n°270 - Juillet 2022
l Opposition Gérard Voinnet, de Pontarlier-Écologie “Pol’En 2026, c’est de la communication, il n’y a pas de réalisations en face” Gérard Voinnet, conseiller municipal de l’opposition depuis
l Projet Site des Forges Les microcentrales hydroélectriques vont-elles voir le jour ? La Ville mise sur la production d’énergie renouvelable avec la construction d’un parc solaire et de deux microcentrales hydroélectriques. Sur ce dernier point, l’État doit encore valider le projet.
L a Presse Pontissalienne : En tant quemembre du parti Pontarlier-Écologie, et très investi dans ce domaine, que pensez-vous de la politique énergétique que la Ville met en place et des actions concrètes qui en découlent ? GérardVoinnet : Depuis Pol’En 2015, la muni cipalité a rajouté deux-trois bricoles mais il n’y a pas eu de réalisations en face, à part le réseau de chaleur urbain. Pol’En 2026, c’est de la communication. Il y a un gros travail du service communication par rap port à la réalité de ce qui est fait. L.P.P. : Avez-vous des exemples concrets de ce qui n’a pas été fait ? G.V. : L’objectif est de réduire la facture éner gétique. En 2015, l’achat de l’énergie pour le chauffage se montait à 1 million d’euros. Avec quelques travaux d’isolation des com bles, on devait réduire la demande en volume. Compte tenu de l’augmentation des prix de l’énergie en sept ans, même si la consom mation en volume a un peu baissé, la facture a augmenté à 1,6 million d’euros. L.P.P. : Que proposez-vous pour réduire efficacement la consommation ? G.V. : Depuis 2014, année où j’ai été élu, j’ai toujours réclamé la réalisation de rénova tions complètes et performantes. J’insiste sur ces deux derniersmots car il y a la ques tion du chauffage en hiver mais également du confort en été. Les enjeux continuent d’évoluer avec les demandes en confort été comme hiver.Lesmesures annoncées restent en deçà de ces enjeux. Pourtant, en 2010-2011, la commune a de réalisations en caractérisant Pol’En 2026 de simple support de communication, sans rien derrière. 2014, reste très critique face à la politique énergétique de la Ville. Il dénonce le manque
Gérard Voinnet milite pour une rénovation complète et performante des bâtiments.
acheté assez cher des audits thermiques très complets d’une dizaine de bâtiments qui notaient des préconisations en termes de rénovation. Ils sont restés lettre morte et n’ont jamais été utilisés. Autre exemple : le complexe des Capucins, qui est une vraie passoire thermique. Il y a deux ans, nous avions déjà fixé des crédits pour la rénovation. Nous sommes au stade de l’étude. Je me demande si ça ne serait pas plus utile de tout raser et bâtir du neuf avec une construction passive pour qu’il ne coûte rien en énergie. C’est possible tech niquement. L.P.P. : Cinq bâtiments municipaux dont la mairie vont être raccordés cette année au réseau de chaleur urbain. N’est-ce pas une réalisation concrète de leur politique énergétique ? G.V. : Le réseau de chaleur est l’arbre qui cache la forêt. S’il y avait une vraie politique de réduction des déchets, la ressource serait épuisable. Il faut aussi anticiper 2023 et l’obligation de composter les déchets orga niques. Cela entraînera une réduction des ordures ménagères, des déchets beaucoup plus secs qui brûlent plus vite et qui déga gent moins de chaleur. À force d’étendre le réseau, le gaz risque de devoir compléter de plus en plus le manque de déchets. Ce sont des questions que l’on ramène à chaque fois sur la table.
L.P.P. : Que pensez-vous de la production locale d’énergie renouvelable avec notamment la construction de microcentrales hydroélectriques et d’un parc solaire ? G.V. : Cela fait bientôt dix ans que nous par lons des microcentrales hydroélectriques. Une des solutions aurait été que la Ville mène le projet mais elle l’a confié à une entreprise privée, les Forces motrices pon tissaliennes. Elle galère pour obtenir les droits d’utiliser l’eau, car c’est très compliqué, toutes les précautions doivent être prises. Le problème est que dix ans après, le débit de l’eau n’est plus le même ni les demandes en électricité qui ont augmenté. Avec la baisse des niveaux, est-ce que les lâchers d’eau du lac Saint-Point suffiront ? Si les microcentrales arrivent à servir une centaine d’habitations, ce sera bien. Le projet est faisable mais ne résout pas le problème de l’énergie. Quant au parc solaire, pourquoi pas. Mais je me projette dans 30 ou 40 ans à la fin du bail, quand les exploitants redonneront les équipements, et qu’on se rendra compte qu’il faudra réinvestir. La seule solution est la réduction de la demande en énergie et cela passe par une politique plus ambitieuse.Aujourd’hui, nous sommes, non pas au degré zéro, mais au degré 1 de l’ambition qu’il faudrait avoir au niveau de l’énergie. n Propos recueillis par L.P.
L’une des microcentrales sera construite sur l’ancien site des Forges.
L e début des travaux est espéré pour l’année pro chaine, suivie d’une mise en eau à l’hiver 2023. Mais pour l’heure, le projet des microcentrales hydroélectriques, lancé il y a cinq ans, reste bloqué au stade administratif. “Comme tous projets environnementaux, il faut beaucoup d’études” , explique Jean-Marc Grosjean, adjoint au développement durable. La société privée qui pilote le projet a déposé l’année dernière le dossier aux services de l’État.Agence de l’eau, Agence de la biodiversité, la D.R.E.A.L., de nombreuses struc tures doivent donner leur avis pour assurer et améliorer la conti nuité écologique. “Tout est pris en compte, les niveaux de l’eau, l’im pact sur la biodiversité, la présence de chauve-souris dans les arbres, à quel seuil doit-on arrêter de pom per l’eau, etc.” , énumère l’adjoint. Reste que l’État doit encore accep ter ou non le projet. “Nous avons reçu des avis favorables mais avec des demandes de précisions” , ras sure Jean-Marc Grosjean. En cas de validation, une enquête publique aura lieu en automne avant de commencer les travaux. À terme, l’énergie “verte” produite sera injectée directement dans le réseau.
Autre projet destiné à exploiter le potentiel du territoire : le solaire avec la création du parc solaire sur l’ancienne décharge, à côté de la déchetterie. Un projet au stade de l’étude mais qui sera mis en œuvre à la fin du mandat, assure Jean-Marc Grosjean. La construc tion de 2 hectares de parc com penserait la consommation des bâtiments de la Ville. La S.E.M. E.N.R., société écono mique mixte qui regroupe notam ment les syndicats d’électricité Syded et Sydec et la Région, finance l’étude. Si le projet est réalisable, la Ville et d’autres col lectivités s’investiront dans une société de projet, chargée du finan cement et de la construction.
l Zoom Transformer le chaud en froid, une solution pour le réseau de chaleur en été ?
E n 2021, 36 000MWh ont été livrés au réseau de chaleur urbain, soit 36 308 tonnes de déchets brûlés. Mais en été, une partie de cette production d’énergie est dissipée dans l’atmosphère avec des aéroréfrigérants, faute d’utilisation de chauffage. “Aujourd’hui, il y a un surplus de chaleur qu’on ne sait pas utiliser” , reconnaît Claude Gindre, président de Préval. Une réflexion a donc été lancée pour trans former le chaud en air froid. “On sait que c’est possible grâce à un système de conden sation, reprend Claude Gindre. Pour l’ins tant, nous en sommes au stade de la
réflexion. J’ai demandé aux équipes d’étu dier la réflexion technique et à sa trans formation économique pour voir si c’est rentable.” Pour l’heure, le réseau de chaleur continue de s’étendre avec le raccordement de cinq bâtiments en 2022 : la mairie, la média thèque, la chapelle des Annonciades, le musée et le théâtre Blier. Certains tronçons, vieux de plus de 30 ans, sont renouvelés. Les tuyaux sont plus gros afin d’anticiper les futurs besoins. Initialement, le réseau devait être long de 6 km.Aujourd’hui, il court sur 22 km. n L.P.
Le photovoltaïque sur les toitures est également évoqué. Un diagnostic des bâtiments qui pourraient recevoir ce type d’infra structures est en cours. L’année pro chaine, on saura quels projets pour ront être lancés. En matière de renouvelable, la Ville a de l’énergie à revendre. n L.P.
L’énergie produite sera injectée
dans le réseau.
En 2021, l’Unité de valorisation de Préval a livré au réseau de chaleur 36 000 MWh. En été, une partie de cette production est dissipée dans l’atmosphère avec des aéroréfrigérants.
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