La Presse Pontissalienne 270 - Juillet 2022

30 Économie

La Presse Pontissalienne n°270 - Juillet 2022

De gauche à droite, Antoine Marceau a intégré en 2019 l’entreprise dirigée aujourd’hui par son père François Marceau, Céline Pitussi, assistante commerciale, et Olivier Cuenot, le responsable industriel.

DOUBS

75 ans d’existence Le bonheur est dans l’intégration chez Marceau Du petit atelier fondé à Doubs en 1946 par Léon Marceau à l’entreprise actuelle avec ses 48 collaborateurs et 9,1 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, quatre générations sont passées en résistant à toutes les crises grâce à une volonté de toujours rester maître de sa production.

En 1989, Marceau est

À chaque génération son métier. Salarié chez Dubied, Roger Marceau ouvre son premier atelier de méca nique en 1946 dans une petite remise. Cinq ans plus tard, il déménage hors du village. Dès qu’ils sont en âge de travailler, ses trois fils entrent dans l’atelier familial. “L’une des toutes pre mières machines qu’il a mise au point servait à poinçonner les lames qui équi paient les scieries locales. Mon grand père était tourneur et il faisait de l’usi nage” , explique François Marceau qui dirige aujourd’hui l’entreprise épo nyme. Quand la seconde génération prend les commandes, elle apporte aussi un métier complémentaire avec la soudure. “Cette nouvelle compétence a permis de fabriquer des ensembles plus com plexes en mécano-soudure. Cela a aussi

nécessité le recrutement de neuf colla borateurs. On est alors passé de l’arti sanat à la P.M.E.” L’entreprise se positionne alors sur le marché des équipements de transport par câbles. Elle fabrique ainsi les com posants des premiers téléskis de la station de Métabief et tend aussi à se spécialiser dans les télémines. “Cela a représenté jusqu’à 30 % de l’activité Marceau. Mon père a créé en 1965 la S.A.R.L. Marceau père et fils. C’est le premier en Franche-Comté à avoir investi dans un poste à souder semi automatique” , poursuit François Mar ceau. Ce dernier, après sa formation en auto matisme industriel, entre en lice à la fin des années soixante-dix. Il se sou vient avoir mis au point une armoire rotative de classement pour le compte de la Chambre de métiers. La machine

sollicité pour la fabrication d’un système de plateaux tournants pour accueillir l’orgue

de l’opéra de Tokyo.

fonctionnera pendant plus de 30 ans. La troisième génération rime ainsi avec automatisme. Un choix s’impose alors entre rester dans la sous-traitance en développant l’outil de production ou alors de mettre au point des machines spéciales en se dotant d’un vrai bureau d’études.Marceau collabore avec la Sedis qui a vendu des brevets au Japon. L’entreprise de Doubs réalise alors des installations de traitement thermique exportées au pays du soleil levant. “Cela a conforté notre réputation dans le domaine des machines spécifiques.” Comme un compagnon qui s’accomplit dans la fabrication de son chef-d’œuvre, Marceau va réaliser l’un de ses projets références avec la conception d’une scène tournante pour le nouvel opéra de Tokyo. “Il s’agit d’un orgue double face avec lequel on peut jouer tous les répertoires. On a travaillé sur ce projet pendant trois ans. Cela nous a apporté beaucoup de connaissances dans la maîtrise technique des tables tour nantes.Aujourd’hui encore, on continue à former les équipes de maintenance japonaises.” François Marceau reprend l’entreprise en 1993. Il décide alors de développer une gamme de machines spécifiques pour la manutention de charges palet

“En nous apportant de l’autonomie, cette stratégie d’intégration nous a per mis de résister aux soubresauts de la mondialisation comme ce fut le cas lors de la crise du Covid” , apprécie François Marceau. L’entreprise a célébré son 75 ème anni versaire avec une année de retard du 15 au 18 juin derniers. n F.C. Même en misant sur l’intégration, Mar ceau est contraint d’acheter à l’exté rieur des matières premières et surtout des composants électroniques qui équipent ses machines spéciales. “On est confronté à deux problèmes prin cipaux. Les délais de livraison explo sent et cela nous empêche de terminer les projets. On subit aussi des hausses de prix exorbitantes. C’est n’importe quoi…” , s’inquiète François Marceau. Un paradoxe alors que le carnet de commandes a rarement été aussi dense. Mais comment faire les devis dans ces conditions ? n Une conjoncture plus ou moins favorable

tisées. C’est aujourd’hui encore le cœur de métier de l’entreprise qui travaille beaucoup à destination du secteur agroalimentaire. Le site de Doubs a forcément évolué avec le temps. Pour ne retenir que les derniers grands chantiers : la création du bâtiment de montage de 1 200 m 2 en 2017 et tout récemment l’agrandissement de 600m 2 des bureaux avec la remise au goût du jour des locaux sociaux. L’entreprise de Doubs emploie entre 45 et 48 personnes pour un chiffre d’af faires de 9,1 millions d’euros en 2021.

Au fil de son histoire, Marceau a intégré différents métiers : tournage, soudure, automation…

Marceau a intégré le groupe Intech Industry D ans son secteur d’activité, l’en treprise Marceau arrivait à une taille critique. “On plafonnait”, privilégié l’option de rejoindre le Groupe Intech Industry avec lequel on était en pourparlers depuis deux ans” poursuit Antoine Marceau.

analyse Antoine Marceau. Chargé d’af faire, le fils de François Marceau est entré dans l’entreprise familiale en 2019. Ensemble, ils préparent l’avenir, bien conscients des fragilités d’une hol ding dont le capital est toujours détenu à 100 % par la famille Marceau. “Deux options se posaient : soit on vendait tout à un grand groupe, soit on intégrait un ensemble où l’on pouvait encore rester aux manettes. On a finalement

Ce groupe rassemble neuf sociétés référentes sur le marché de l’automa tisation et des process industriels. Son chiffre d’affaires dépasse 50 millions d’euros avec plus de 270 salariés. Les compétences techniques de toutes ces entreprises permettent de mettre en œuvre des synergies d’utilisation de ressources et de partages de compé tences. n

Atelier de fabrication dans les années soixante-dix.