La Presse Pontissalienne 269 - Juin 2022

6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n°269 - Juin 2022

COUPES RASES : LA FORÊT DU HAUT-DOUBS SAIGNÉE À BLANC

Conséquences des attaques récurrentes des scolytes sur les épicéas, les paysages harmonieux du Haut-Doubs se trouvent défigurés par des coupes sanitaires de grande envergure. Des dizaines d’hectares de forêt d’un seul tenant sont parfois abattues en quelques semaines. Prévention justifiée, précipitation injustifiée : difficile de démêler avec précision l’in térêt de ces opérations qui ne vont pas dans le sens de la biodiversité. Épicéas scolytés L’appétit du scolyte aussi à l’origine de coupes rases sanitaires en forêt publique La problématique du scolyte est à l’origine des coupes sanitaires qui tendent à se multi plier dans les peuplements d’épicéas du Haut-Doubs. En forêt publique, il est parfois nécessaire, en dernier recours, de procéder à la coupe rase. Une décision subie comme l’explique Régis Senger, responsable service forêt à l’agence O.N.F. de Pontarlier. l O.N.F.

“Les coupes rases actuelles en forêt publique sont pour l’essentiel liées à l’épidémie de scolytes sur l’épicéa. Elles ne sont pas le fruit d’une décision sylvicole. Elles sont subies”, explique Régis Senger, responsable service forêt à l’agence O.N.F. de Pontarlier.

L e paysage forestier du Haut-Doubs tel qu’il se présente aujourd’hui associe les forêts publiques et privées qui n’offrent pas toujours lamême physionomie. “L’épicéa est plus présent dans le privé car c’est une essence de production, facile à planter. Sa présence massive est aussi le fruit d’une politique inci tative, celle du Fonds forestier national qui après la déprise agri cole des années 60-70 encourageait les plantations sur les anciennes terres agricoles. Le bilan écono mique de ces reboisements d’après guerre est positif. Cela a produit du bois, fourni de l’emploi, généré du revenu. Néanmoins, en termes de valeur environnementale, c’est difficile d’associer une plantation pure d’épicéa à une vraie forêt” ,

le plus souvent à des rotations de 6 à 10 ans, le processus s’achève au bout de 80 à 100 ans par la coupe définitive qui récolte les derniers arbres du peuplement initial. “On ne parle alors de coupe rase que si l’on n’a pas réussi à installer une régénération natu relle qui vient succéder au peu plement récolté” , nuance Régis Senger. Le réchauffement climatique conjugué aux sécheresses à répé tition bouleverse les habitudes de gestion en vigueur depuis des décennies. La crise sanitaire de ces dernières années a provoqué, pour ce qui concerne l’épicéa, l’épi démie de scolytes. Elle a justifié la mise en place d’un programme de récolte constitué en priorité de coupes sanitaires, destinées d’abord à limiter la propagation

estime Régis Senger. La forêt publique est souvent ins crite dans l’histoire, installée depuis plusieurs siècles. Ce qui a le plus souvent préservé et favo risé la biodiversité. “La coupe rase est peu fréquente en forêt publique.” Pas question pour autant d’opposer forêt publique et forêt privée, on trouve de nom

Depuis trois ans dans le Doubs, les coupes sanitaires et de produits accidentels prennent le pas sur les coupes de bois vert

breuses plantations d’épicéa en forêt publique aussi. La gestion classique en futaie régulière pré voit des coupes sélectives qui des serrent progressi vement les arbres au fur et à mesure que ceux-ci grandis sent. Dans l’épicéa, ces coupes s’opèrent

Favoriser le mélange des essences.

Made with FlippingBook - Online magazine maker