La Presse Pontissalienne 269 - Juin 2022

24 Le dossier

La Presse Pontissalienne n°269 - Juin 2022

l Les Républicains

La députée sortante

“La fidélité est un atout dans cette période de grande confusion” Annie Genevard brigue un troisième mandat de députée sur la V ème circons cription du Doubs. Économie, mobilités, ruralité, environnement… Quelles sont ses priorités pour un éventuel nouveau bail à l’Assemblée nationale ?

L a Presse Pontissalienne : Quel est l’enjeu pour vous de cette troisième candida ture d’affilée ? Annie Genevard : L’enjeu, c’est en priorité la fidélité aux valeurs Sa mesure symbole Une prime “vie chère” S’il elle est réélue, Annie Gene vard défendrait la création d’une prime “vie chère”. La députée du Haut-Doubs a d’ailleurs obtenu du gouvernement qu’il ouvre la discussion sur cette question. Cette prime permet trait, sous conditions de res sources, de compenser le dif férentiel de pouvoir d’achat pour les personnes habitant dans des territoires “chers”, comme le Haut-Doubs. Ce dispositif existe en Ile de France. Il s’agirait donc de soutenir notamment les infir mières grâce à cette prime. “Cette prime vie chère est ins pirée d’un dispositif mis en place dans certaines régions comme l’Île de France pour compenser la vie chère sur certains terri toires. Le but est de répondre notamment dans notre secteur à la nécessité de fidéliser le per sonnel soignant hospitalier. C’est essentiel pour assurer une bonne couverture de soins” dit la candidate. Une manière de répondre en partie à ce Haut Doubs à deux vitesses. n

rural plein de ressources et qui croit en son avenir. Le rôle du député est justement d’encou rager ces ressources, et de les faire reconnaître au plus haut niveau. L.P.P. : Le challenge sera peut-être plus compliqué cette année avec la candidature de Philippe Alpy le maire de Frasne ? A.G. : Philippe Alpy est le candi dat d’Emmanuel Macron, les choses sont claires. La différence entre nous est simple : s’il était élu, il serait la voix de la majo rité, une parmi d’autres. Si j’étais réélue et même dans l’opposi tion, je serais la voix de mon territoire, et c’est ce qui fait toute la différence. PhilippeAlpy est aujourd’hui le candidat macroniste, il est allé là où le vent le portait le mieux. Ce qui nous distingue, c’est la fidélité. C’est quand même étonnant de penser que s’il était élu, il sié gerait aux côtés de Manuel

que je porte, je veux continuer à apporter ma contribution à la marche de notre pays, à la réso lution des problèmes auxquels il est confronté et ce, que je sois dans une future majorité ou dans l’opposition. Dans ce cas, il ne s’agirait pas pour moi de constituer un anti-pouvoir au président de la République car je ne veux pas le blocage du pays, contrairement à d’autres, mais un contre-pouvoir efficace. Je me présente à cette élection avec un esprit de responsabilité, en restant fidèle à mes valeurs et en ayant la volonté de faire des propositions constructives pour notre pays. Cette clarté est d’ailleurs une forme de respect à l’égard des électeurs de cette circonscription. L.P.P. : En quoi cette campagne sera t-elle différente des deux précédentes ? A.G. : Comme j’en ai l’habitude, je visiterai les 167 communes de cette circonscription, sans exception, de la plus grande, Pontarlier, à la plus petite, Saraz et ses 13 habitants. C’est aussi une marque de respect pour les élus et la population. Ce pro gramme ne changera pas de ce que je fais depuis dix ans sur ce territoire car j’ai toujours eu à cœur d’être présente auprès des habitants que je représente. Les gens le savent bien : j’ai ce territoire chevillé au corps et au cœur. Ce qui change cette année, c’est un grand sentiment de gravité. Les élus et la popu lation sentent bien que la France traverse une période de grande fragilité. Mais tout n’est pas négatif évidemment et on a la chance ici d’avoir un territoire

Annie Genevard avait officiellement lancé sa campagne le 17 mai dernier à Pontarlier.

ne doit pas être l’otage de la finance. Je déplore que partout où il y a des projets éoliens, la population se fracture. Il est nécessaire d’aborder ce sujet de l’éolien dans la sérénité, dans la concertation, et veiller à l’in tégrité de nos paysages. Je n’ai pas de position dogmatique sur ce sujet mais je dis “attention danger”. Quant aux projets d’éo liennes qui fleurissent côté suisse, je dis non : ils en auraient les avantages sans en avoir les inconvénients, ce n’est pas pos sible. L.P.P. : Le Haut-Doubs n’est pas qu’un eldorado à frontaliers. Quid de la frac ture sociale et des inégalités dans ce territoire ? A.G. : Sur ce point, je me suis battue récemment pour que le

ans. Je me suis toujours battue pour que le Haut-Doubs ne soit pas un oublié des politiques publiques, encore récemment avec le plan de relance. Pour la R.N. 57 par exemple, j’ai apporté l’engagement de l’État pour que les travaux puissent enfin démarrer à hauteur de Pontar lier. Et j’ai déjà commencé pour la suite avec les autres sections dont un créneau de dépassement entre la Main et la Vrine. Je ne lâcherai rien sur ce sujet. Concernant le ferroviaire, là aussi, j’ai été de tous les combats, notamment pour l’amélioration de la ligne des Horlogers. Le fait d’être vice-présidente de l’As semblée nationale me donne aussi la possibilité d’avoir accès à tous les ministres et cet atout compte aussi. L.P.P. : Quelle est votre position sur une des préoccupations actuelles des Français : l’environnement ? A.G. : Je veux d’abord affirmer que la droite a toujours été convaincue de l’importance de ces questions. Quand j’étais maire de Morteau, nous avons été la première ville de Franche Comté à mettre en place un contrat de performance énergé tique pour nos bâtiments publics, une des premières villes également à supprimer tous les produits phytosanitaires dans nos espaces publics. Sur les ques tions énergétiques, l’avenir est évidemment aux énergies décar bonées et le nucléaire en est une. Il y a d’autres innovations à encourager : ce que fait par exemple le Syndicat intercom munal d’électricité de Laberge ment-Sainte-Marie avec ses ins tallations est formidable et c’est un exemple à suivre. L.P.P. : Et les éoliennes ?… A.G. : J’aborde ce sujet avec beaucoup de prudence car beau coup d’acteurs privés et finan ciers voient dans l’éolien une rente et je dis que notre territoire

Ségur de la santé soit étendu au personnel médico-social. De manière plus générale, sur ce point des inégalités, je soutien drai devant l’Assemblée un pro jet de prime “vie chère” (voir plus bas). L.P.P. : Une autre priorité d’un éventuel prochain mandat ? A.G. : Je souhaite travailler sur les capacités de notre Haut Doubs à rester un vrai “puits de carbone” avec nos prairies et nos forêts. Pour répondre à ce défi climatique, je veux m’en gager avec tous les partenaires de l’agriculture et du secteur forestier pour préserver ces richesses de notre territoire. La ruralité est également au cœur de mon projet. n Propos recueillis par J.-F.H.

Valls… Où est la cohérence ? La fidélité est un atout dans cette période de grande confusion. L.P.P. : Parmi les enjeux majeurs dans le Haut-Doubs, il y a la question de la mobilité. Quelles sont vos convictions sur ce point ? A.G. : C’est évidem ment un sujet majeur pour le Haut-Doubs sur lequel je m’im plique depuis dix

“Philippe Alpy est allé là où le vent le portait le mieux.”

Son parcours l Annie Genevard est née le 7 septembre 1956 l Mariée, deux enfants l Professeur certifié de lettres classiques l Députée du Doubs (depuis 2012, réélue en 2017) l Première Vice-présidente de l’Assemblée nationale (depuis 2017) l Présidente de la Commission permanente du Conseil National de la Montagne (depuis 2021) Mandats antérieurs : l Présidente de l’A.N.E.M. (2018-2020) l Maire de Morteau (2002-2017) l Présidente du Syndicat mixte du Pays Horloger (2001-2017) l Vice-présidente de l’A.M.F. (association des maires de France 2014-2017)

Annie Genevard est députée depuis 2012 (photo Assemblée nationale).

Comme en 2017, Annie Genevard aura comme suppléant Éric Liégeon, le maire de Courvières.

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