La Presse Pontissalienne 268 - Mai 2022
20 Le dossier
La Presse Pontissalienne n°267 - Avril 2022
QUEL ÉTAT DE SANTÉ POUR NOS RIVIÈRES ? LA PÊCHE EST OUVERTE
l Pollution L’avis de la fédération “Notre combat, ce n’est pas que sauver les poissons, c’est D’importants chantiers sont lancés sur nos rivières pour tenter de leur redonner un second souffle. Est-ce trop tard ? Après les pollutions successives depuis quinze ans, le milieu est en mauvais mis à part quelques endroits qui résistent. Un équilibre précaire. Le mal est-il attaqué à sa source ? Les avis sur le sujet sont partagés. La gestion des rivières, c’est aussi l’affaire des sociétés de pêche qui, si elles partagent les mêmes objectifs qualitatifs, se livrent néanmoins à une bataille féroce sur les droits de pêche.
protéger la ressource en eau, restaurer les zones humides et dégradées. Encore une fois, les résultats positifs ne sont pas instantanés. Il faut du temps, plaident les donneurs d’ordres. D’im portants chantiers sont annoncés sur le Doubs au niveau de ses pertes en aval d’Arçon, sur le marais de la Tanche à Morteau, sur le Theverot à Grand’Combe-Chateleu, sur la Barbèche, un affluent du Doubs entre Saint-Hip polyte et Pont-de-Roide…À chaque fois, il s’agit de donner un coup de pouce au cours d’eau en lui redonnant son aspect naturel, “en lui permettant de stocker l’eau dans le terrain, là où l’évaporation est moindre, ce qui limite l’augmentation de la température de l’eau” analyse Tho mas Groubatch, ingénieur-hydrobiolo giste. La prudence reste de mise. Ces chantiers doivent composer avec les activités anthropiques et la pression foncière. Ils ne pourraient jamais se concrétiser mal gré les études, et les milliers d’euros engagés. Un sujet très tendu dans le Haut-Doubs où l’activité agricole et la pression démographique sont fortes. n E.Ch.
geais. Certains villages ont vu leur projet d’extension urbanistique bloqué par la Préfecture du Doubs pour des raisons de manque d’eau, à l’image d’Arc-sous Cicon, d’autres pour une station d’épu ration obsolète comme Marchaux, près de Besançon, qui s’est mis en règle depuis. “D’après les normes européennes, l’azote et le phosphate présents dans nos rivières le sont à des niveaux “satisfai sants”. Seul problème, cette norme ne tient pas compte de la nature de notre sol, karstique. Il faut la faire évoluer à la baisse” convient Cyril Thévenet, pour l’E.P.A.G.E. Haut Doubs-Haute-Loue,
Depuis vingt ans, la densité de poissons chute irrémédiablement. La Loue et le Cusancin sont, à certains endroits, devenus désertiques à l’inverse du Dessoubre où, pour la première fois, une légère amélioration est notée sur la partie amont. Les données recueillies par la fédération de pêche sont pourtant alarmantes à l’heure où les politiques publiques lancent beaucoup d’études… qui débouchent souvent sur des demi-mesures.
L es premières grandes morta lités de poissons, c’était en 2009. Cette vision de poissons le ventre à l’air, attaqués par un champignon, la saprolé gniose, sont encore dans les têtes de tous les pêcheurs. Un cauchemar qui n’a eu de cesse de se répéter, notamment en 2014 sur le Dessoubre, où deux jours avant l’ouverture officielle, le Préfet du Doubs interdisait la pêche suite aux mortalités piscicoles. Le tourisme de la pêche s’est réduit à peau de chagrin, les pêcheurs à la mouche préférant les eaux de Slovénie ou d’Autriche. Quinze ans plus tard, les rivières sont toujours en très mauvais état. Ceci étant, les poissons morts ne se ramassent plus à la pelle. Normal, il n’y a quasiment plus de truites ou d’ombres. Dans la Loue, par exemple, à hauteur de Cléron,
“la population ne remonte pas” déplore Christian Rossignon, directeur de la fédération de pêche du Doubs. Elle est d’à peine 50 kg par hectare alors que ce tronçon devrait logiquement en accueillir six fois plus ! L’instance réalise des pêches électriques “pour constater de manière scientifique et maintenir la pression afin que de vrais choix poli tiques soient décidés, notamment sur la gestion des effluents. Notre combat, ce n’est pas uniquement celui de sauver les poissons, c’est sauver l’eau potable pour tous” poursuit la fédération de pêche. Les maux de nos rivières sont connus : une pollution due à des excès d’azote et de phosphate ainsi qu’un effondrement de la nourriture disponible, des fonds colmatés, des étiages toujours plus nom breux, un réchauffement de l’eau jusqu’à
24 °C par endroits. Dans la Loue, de nouvelles mortalités ont été constatées en mars dernier. Dans le Dessoubre, la population de truites est “stable” voire en augmentation notamment sur la partie haute alors que les ombres ont connu à la sortie du printemps des pertes dans leurs effectifs. Le Doubs franco-suisse semble se main tenir à un niveau suffisant selon les endroits puisque les poissons souffrent ici des éclusées des barrages, notamment les juvéniles. Le Cusancin (Baume-les Dames), est lui, quasiment désertique. La mort des poissons n’est pourtant que la pointe de l’iceberg. La question de la gestion de l’eau est un enjeu dans des bassins-versants où il faut parfois recou rir à des camions transportant de l’eau potable pour éviter des pénuries comme ce fut le cas à Valoreille ou dans le Sau
Dans le haut Dessoubre, des truites en relative bonne santé.
organisme chargé de la gestion de l’eau et des milieux aquatiques pour ce bassin-versant. D’im portants travaux, et beaucoup d’argent public comme ces 600 000 euros injectés pour un dossier lié au Dessoubre, sont enga gés. Il s’agit de restaurer les rivières (lire par ail leurs), les tourbières,
Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online