La Presse Pontissalienne 268 - Mai 2022

18 Pontarlier et environs

La Presse Pontissalienne n°268 - Mai 2022

POLITIQUE

Annie Genevard

“La responsabilité des politiques, c’est de rassembler” Après l’échec cuisant de la droite républicaine à la présidentielle, Annie Genevard part en campagne pour les législatives. Elle reste fidèle à son camp, tout en plaidant pour un éventuel gouvernement d’union nationale en fonction des résultats du scrutin de juin. Interview.

L a Presse Pontissalienne : Un mois après, les L.R. ont encore la gueule de bois et se déchirent après un score historiquement bas à la pré sidentielle. Restez-vous pour autant fidèle à votre famille politique ? Annie Genevard : Valérie Pécresse n’a pas réussi malgré ses com pétences et un programme solide, sa rencontre avec les Français. Cette nouvelle défaite montre aussi à mon sens les limites du système des pri maires. La défaite étant sévère, la droite n’est pas pour autant résignée, et il faudra bien la reconstruire.Avoir un parti cen tral unique entre deux extrêmes forts, ce n’est pas ma conception de la démocratie. Pour ma part, je reste fidèle aux L.R. L.P.P. : Même dans le Haut-Doubs la droite a été largement désavouée. Comment l’expliquez-vous ? A.G. : Il y a eu comme dans beau

coup d’autres régions un bloc Macron et un bloc nationaliste. Mais je sais que chaque scrutin a sa propre logique. Et je pense qu’il est exagéré de dire qu’on vit une révolution électorale dans le Haut-Doubs. Le résultat de la présidentielle est à rela tiviser pour la suite. On a déjà vu plusieurs fois par le passé une présidentielle remportée par la gauche et des élections suivantes où la droite est lar gement majoritaire. Ce qui m’in terroge plus, c’est que 56 % des électeurs ici se sont portés sur Jean-Luc Mélenchon ou sur Marine Le Pen ou Éric Zem mour. Il y a deux France qui semblent opposées, fracturées, et je réaffirme que la responsa bilité des politiques c’est au contraire de rassembler. L.P.P. :Vous comptez le faire à l’approche de ces législatives de juin ? A.G. : Après cette présidentielle

perdue, les législatives redou blent chez moi le sens de la res ponsabilité. Je crois utile que la droite se présente avec toutes ses valeurs et il est indispensable que les électeurs aient le choix. Ces élections ont une dimension locale très importante, il ne faut pas l’oublier. Je vais continuer à privilégier cette dimension de proximité durant cette campagne de deux mois, et évidemment si je suis réélue. Avec mes deux premiers mandats, je pense pou voir dire que je suis reconnue par mon travail, je vais le pour suivre au plus près des préoc cupations des habitants. L.P.P. : Souhaitez-vous que le président, au vu du contexte, élargisse et compose un gouvernement d’union nationale. Dans ce cas, seriez-vous prête à le rejoindre ? A.G. : Premièrement, quel que soit son positionnement poli tique, il y a une boussole abso

Annie Genevard repart en campagne dans le Haut-Doubs pour un troisième mandat de députée.

discussions devront forcément s’ouvrir sur d’autres bases. Les circonstances politiques seront donc sans doute différentes à l’issue de ces législatives pour lesquelles je ferai donc cam pagne de manière particulière ment active, en visitant notam ment toutes les communes de cette circonscription. n Propos recueillis par J.-F.H.

rééquilibrer sur sa gauche, mais ce n’est en aucun cas une démarche d’union nationale. Ceci dit, je pense qu’au lende main des législatives, il faudra voir les forces en présence et seulement alors s’il y a matière à former une coalition. Si L.R. est puissant au lendemain du 19 juin et si Emmanuel Macron n’a pas la majorité absolue, des

lue : l’intérêt de notre pays. C’est la raison pour laquelle il m’est arrivé de voter en toute conscience certains textes du gouvernement. Ensuite, je n’ai jamais entendu le président par ler d’une quelconque coalition comme c’est par exemple le cas en Allemagne, je l’ai plus entendu prendre telle ou telle personnalité pour essayer de

“J’ai bien conscience de toucher à une icône” Le maire de Frasne (Agir) est candidat sous l’étiquette de la majorité présidentielle. Bien conscient des dents que sa candidature fait grincer, il veut faire entendre une autre voix. PHILIPPE ALPY Une autre candidature à droite

L a Presse Pontissalienne : Pendant long temps, vous avez écarté toute idée de vous présenter. Qu’est-ce qui vous a finalement décidé à y aller ? Philippe Alpy : Le national me sollicitait déjà depuis plusieurs mois et c’est vrai que j’avais écarté cette hypothèse. Je me suis décidé finalement au lende main du premier tour de la présiden tielle, convaincu également par ma famille car c’est aussi une décision qu’on doit prendre en famille. Ce choix mûri, c’est aussi le résultat de nom breuses années au service du territoire.

démarche que j’ai menée depuis long temps sur un ensemble de sujets au service de ce territoire. L.P.P. : Vous avez aussi conscience que vous vous attaquez à une circonscription compli quée ?… P.A. : Évidemment, et j’en ai déjà subi les conséquences en encaissant déjà pas mal d’insultes et de quolibets de certains élus locaux. Mais c’est ainsi. Une chose est sûre : ce n’est pas la guerre pour autant dans le Haut Doubs. Le lendemain du 18 juin, j’es père bien que tout sera apaisé. C’est un instant politique qu’il faut vivre en bonne intelligence. J’ai bien conscience de toucher à une icône, mais je veux porter une voix différente. Je ne trahis personne et avec tout ce que je prends dans la figure depuis quelques jours, cela me conforte encore plus. Je pense que les gens veulent du changement. Cette élection sera une confrontation d’idées et de visions de la politique. n Propos recueillis par J.-F.H.

Après avoir travaillé sur de nombreux sujets, j’ai également eu aussi un déclic en lien avec l’ac tualité climatique qui selon moi doit être une urgence à traiter. On ne peut plus être climato sceptique aujourd’hui, je souhaite porter cette voix. Cette candidature est en cohérence avec la

“Ce n’est pas la guerre dans le Haut Doubs.”

Philippe Alpy, 62 ans, a confirmé sa candidature à l’investiture de la majorité présidentielle.